« Quand j’avais quinze ans, j’ai participé à un voyage d’initiation à la coopération internationale au Pérou. Le but du voyage était de nous sensibiliser aux différentes réalités possibles dans le monde. (différences culturelles, différences religieuses, différences économiques, etc. ). Pour nous préparer au voyage, nous avons fait plusieurs exercices sous forme de jeux. Il y en a eu un qui m’a particulièrement marquée.
À tour de rôles, nous sommes tous entrés dans une pièce. À l’intérieur, les gens s’était habillés en costumes traditionnels d’une culture fictive.
Quand ce fut mon tour, je suis entrée dans la pièce et j’ai remarqué que tout le monde était assis. Je me suis dirigé vers une chaise j’allais m’asseoir, lorsque celui qui semblait être le chef a cogné fort dans un gong géant. J’ai immédiatement compris que je n’avais pas droit de m’asseoir sur cette chaise.
J’ai regardé autour de moi et je me suis aperçue qu’aucune femme n’était assise sur une chaise : elles étaient toutes assises par terre.
Ma première réflexion a été que dans cette culture, les femmes ne peuvent s’asseoir sur des chaises car elles ne sont pas à l’égal de l’homme et qu’en s’asseyant par terre elles acceptent leurs soumission.
Ma première réflexion a malheureusement été de juger cette culture d’après ce que je connaissais de la mienne, sans chercher à savoir ce qu’elle pouvait être en réalité.
Puisqu’en fait, les femmes n’étaient pas assises à terre par soumission. Dans cette culture, la terre et la fécondité sont des valeurs primordiales. Les femmes sont les seules à pouvoir s’asseoir au sol car elles ont le privilège de porter la vie. Chez eux, ce n’était pas la hauteur qui distinguait et donnait de l’importance. L’importance et la distinction venaient de la proximité avec la terre. »
Isabo, Québec (2013-02-12)