Rencontre de novembre 2015

Aperçu

- La soirée réunit cette fois 26 personnes : notre record Guiness !

- Cultures représentées : amérindienne, québécoise de souche, syrienne, mexicaine, roumaine, française, allemande, iranienne.
- Le thème : Les réfugiés …et nous.
- Invitée à témoigner : Nour Sayem, d’origine syrienne, réfugiée au Québec à l’âge de 15 ans, vivant à Québec depuis 35 ans. Auteure du livre « Ma vie, entre figuier et érable », 2015.

Le tour de table initial fait apparaître un réservoir de sensibilités interculturelles et d’expériences de contacts peu banal.

SUITE:

Le parler québécois
Nous débutons avec un quiz humoristique  -  qui suscite le plaisir des participants. Qui peut compléter des expressions comme « Elle a senti la (soupe) chaude » ou « Fais-moi ça au plus (sacrant) » ?... Des tournures de langage imagées qui permettent de mieux comprendre certains traits dans la mentalité des Québécois, ou qui sont prétextes à en apprendre un peu plus sur leur histoire. Les animateurs, Olga et Denis, en profitent pour faire un clin d’œil aux Néo-québécois : « Si vous voulez gagner le cœur des gens d’ici, faites comme Boucar Diouf, essayez-vous à utiliser quelques-unes de leurs expressions : vous venez de vous en faire des amis… »

Le Carrefour d’action interculturelle
Nous profitons de la présence de Quentin Ayadi, intervenant au C.A.I., pour nous parler des services bénévoles offerts à Québec par ce nouvel organisme.

Quelles ont été vos réactions aux médias sur les migrants et réfugiés d’Europe ?
Nous voici au cœur du thème de la soirée : un sujet que nous avions hâte d’aborder, tellement son actualité est grandissante au niveau mondial, et par ricochet chez nous. Avant de faire connaissance avec notre invitée témoin, Madame Nour Sayem, nous prenons le temps de partager nos réactions spontanées au sujet des gens qui fuient la Syrie pour chercher refuge au nord. Voici quelques propos recueillis au cours de l’échange :

- « Compassion. Ça montre que nous sommes liés les uns aux autres…»
- « Impuissance… Révolte… Hypocrisie de l’Occident qui a créé les guerres, puis aujourd’hui s’offusque… C’est créé par le monde de la finance… »
- « Ils ont été élevés dans un monde de bombes, nous de paix…»
- « Les besoins, qui sont les mêmes, nous rassemblent. Il faut réfléchir par les ressemblances, pas par les différences… »
- « On comprend que la vie, c’est pas seulement notre famille, c’est le monde…»
- « Je n’ouvrirai pas ma porte à n’importe qui… Ici à Québec, on a peur de ce qu’on ne connaît pas… »
- « Je me suis sentie démunie. Il n’est pas simple d’accueillir, ça prend de l’organisation… »
 

Pouvons-nous vivre la crainte et l’attirance en même temps ?, avons-nous relancé. Les réponses obtenues montrent que c’est bien le cas :
- « Les médias alimentent la peur... »
- « C’est un tsunami qui rentre !... »
- « Méfions-nous des médias… Il va falloir le courage de chercher la vérité pour nous-mêmes. »
- Nous reconnaissons aussi nos vulnérabilités, par exemple la difficulté d’accepter qu’un emploi convoité ait été donné à une personne de l’extérieur. 
- L’Islam pose question : «Est-ce qu’ils vont créer des mosquées à Valcartier ?... »
- D’autres font tout de suite contrepoids : « Mais ce sont des êtres humains… La seule chose qui me fait peur, c’est le discours haineux. »
- « C’est sain que ces questions soient posées... Il faut avancer… pour que nos enfants puissent avancer dans la paix… »
- Quelqu’un conclut : « Cest un sacré beau défi qui arrive chez nous !... »

Témoignage de Madame Nour Sayem
Notre invitée est d’origine syrienne, arrivée au Québec à l’äge de 15 ans comme réfugiée. Nour, dont le prénom veut dire ‘lumière’, vient d’une riche famille industrielle de Syrie, un pays qui a vécu révolution sur révolution, dans un Moyen Orient déstabilisé. Elle vit à Québec depuis 35 ans, aujourd’hui avec un conjoint d’origine québécoise.

Elle commence par rassurer les participants : «J’ai vécu ce qu’était la peur. On m’a donné des fusils pour nous battre contre les Israéliens : à 12-13 ans j’avais déjà manipulé un fusil. Moi je suis ‘’une échappée de culture’’, une plante qui a poussé là où elle n’avait pas d’affaire. Je suis l’Orient et l’Occident en même temps… »

Nour a vécu un très long choc post-traumatique. « J’ai découvert combien j’étais blessée. J’avais un dragon en moi qui crachait tout le temps… Ma spiritualité de musulmane a été enterrée pendant 20 ans. Je ne pratiquais pas, j’avais mis ça de côté… jusqu’à avoir été dans une retraite chrétienne. Ce que disait l’animateur, Gérard Marier, avait b’en du bon sens. Puis il ma demandé de témoigner de mon Islam. » C’est alors que Nour a pu renouer avec son héritage religieux musulman.

Puis elle porte son attention sur les réfugiés, en contexte québécois. « Ils vont avoir besoin de supports : psychiatrique, spirituel… Ils n’ont pas votre discipline : il va falloir leur apprendre. Ils ont tellement connu un régime de terreur… Si tu les fais parler de la Syrie, tu verras que la blessure est profonde… Mais les Syriens sont de gros travailleurs…

Une participante demande : « C’est quoi la meilleure façon de les aider ? Nour répond sans hésiter : « Ils ont besoin d’amour ! » Elle ajoute : « Des musulmans envoient de la lumière sur nos noirceurs. Des catholiques leur en envoient aussi… » Puis elle nous lit un poème tiré de son livre tout récent : « Ma vie, entre figuier et érable ».

En guise de conclusion
Nous avons vécu ce soir un échange intense. Les gens sont restés plus tard qu’à l’habitude : leur intérêt était évident, la compassion palpable. Mais traversée aussi d’ambivalence  -  ce qui marque bien l’importance de préparer les cœurs des gens d'ici autant que les billets d'avion...

Événement à venir
Le 12 décembre, Nour Sayem donnera une conférence entourant la sortie de son livre.
C’est à la librairie Laliberté, de Québec, au 2360,chemin Sainte-Foy (à la Pyramide).

APPEL À TOUS  -  « J'aimerais aider des Réfugiés : qui dois-je contacter ?... »
En collaboration avec le Carrefour d'action interculturelle (C.A.I.), nous souhaitons réunir quelques réponses dans le site.

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