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«Quelle pourrait bien être l'origine de cette personne?...»
J'ai toujours eu un mouvement naturel pour me rapprocher des gens d'autres cultures. Déjà à l'âge de cinq ans, je rêvais de partir en Afrique et j'enviais les missionnaires québécois qui venaient nous raconter leur vie là-bas. Leurs récits dessinaient des paysages fabuleux et mystérieux dans ma tête d'enfant...
J'ai toujours été attiré, aussi, par les traditions des peuples - y compris le mien. Je garde de ma plus tendre enfance le souvenir de soirées de Noël chez mes grands-parents. Assis dans les marches qui montent aux chambres, nous regardions en bas dans la cuisine les grands qui swingaient les danses carrées traditionnelles au son de l'accordéon : les yeux nous chauffaient tellement il y avait de fumée de cigarette, mais rien ne pouvait égaler la magie de cet événement. Devinez de quel instrument de musique je joue aujourd'hui...
Des expériences qui m'ont enchanté
Autour de la vingtaine, j'ai roulé ma bosse dans plusieurs pays. J'ai vécu dans un collectif d'accueil où des jeunes de partout à travers le monde venaient séjourner. Plus tard, en couple, je me suis retrouvé papa adoptif d'un gamin français, puis d'un jeune mexicain : ils m'ont apporté la saveur de leur différence culturelle, et j'ai pu les accompagner à travers les défis de leur adaptation à la société québécoise. Plus récemment à Québec, j'avais la joie d'aider une personne africaine à faire ici sa place en emploi. Sa réussite, finalement, a valu à mes yeux tout l'or du monde. Au global, je peux dire que je dois à mes amitiés interculturelles une part de mon bonheur de vivre. Elles ont fait grandir ma confiance dans la bonté naturelle de l'être humain, tandis que nombre de gens, notamment des réfugiés, m'ont démontré qu'on peut traverser d'immenses défis et rire encore.
Des expériences douloureuses, aussi
Mon attirance naturelle pour les autres peuples m'a aussi fait ressentir de la tristesse. C'était le cas lorsque des gens immigrés dans ma ville m'ont partagé une certaine perplexité face à leur entourage : au premier contact ils étaient ravis de notre bienveillance. Mais la suite leur faisait vivre quelquefois un certain désenchantement : des années plus tard, l'amitié n'était pas rendue plus loin. J'ai eu mal à mon peuple, quand une Africaine m'a dit qu'elle détestait Noël, parce qu'aucune famille québécoise ne l'avait jamais invitée chez elle cette journée-là, après sept ans de résidence ici. Elle rêvait toujours de «rencontrer une maman québécoise dans sa cuisine». Ce rêve, je pense que tout être humain déraciné le vit. Un Népalais vivant à Québec le communiquait dans ces mots à un journaliste : « me faire des amis québécois qui viennent à la maison, à qui je peux rendre visite... »
Quand la partie est-elle gagnée?
Suite à ce parcours personnel, je me suis juré de faire quelque chose pour que plus de néo-Québécois arrivent à défaire leurs valises du coeur - ce qui n'est pas réussi encore quand ils arrivent à avoir un toit, un travail, une auto... À mes yeux, c'est quand leurs enfants les surprennent à dire « je me sens chez moi, ici... » ou qu'un sourire spontané apparaît sur leur visage parce qu'ils n'arrivent plus à compter combien de leurs bons amis sont des Québécois d'origine. Alors la partie est gagnée. Leur visa d'immigrant était bien un visa pour l'espoir.
Denis Breton
Initiateur du projet Cultures au coeur
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Un site offert par Denis Breton, Grandir Conseil, Québec
Dernière mise à jour: 7 février 2019