Rencontre du 23 septembre 2013

À la différence de rencontres précédentes, les Québécois d'origine occupaient cette fois-ci tout le territoire de la rencontre!

Un témoignage percutant

Le témoignage de vie d'Isabelle Lemus-Lauzon est venu apporter au groupe une couleur à la fois de mixité culturelle et de jeunesse. En effet, Isabelle, dans la jeune trentaine, est née au Québec d'un père originaire du Guatemala et d'une mère originaire de l'Ontario. Par ses grands-parents, elle pousse même ses racines jusqu'aux cultures anglo-canadienne et amérindienne.

Isabelle étudie au doctorat en sociologie et peut s'enorgueillir d'avoir déjà une expérience de l'interculturel très riche, après plusieurs séjours dans des communautés inuit du Nord québécois et d'ailleurs au Canada. Son témoignage était d'autant plus percutant, qu'elle nous a permis de ressentir un peu ce que ça peut faire que d'être née ici, d'avoir le français comme langue maternelle, et pourtant de passer souvent pour une immigrante auprès de son entourage.

En effet, il n'est pas rare qu'on lui demande ''D'où tu viens?...'' et même que la personne, non satisfaite de sa réponse, insiste: ''D'où tu viens, ...vraiment?'' D'autres ont cru lui faire plaisir en lui disant ''C'est le fun, tu parles bien français.''  On peut imaginer que dans de tels moments une tristesse la gagne  -  surtout si ça lui fait songer à son père, qui vit au Québec depuis 35 ans, et qui la fait douter qu'il soit un jour considéré comme ''quelqu'un d'ici''.

On assiste ici à une réalité qui est loin d'être propre au Québec. Quelqu'un du groupe a évoqué des réactions semblables dans un autre pays, concernant une personne habitant toujours son village natal, et qui n'a pas été considérée comme ''quelqu'un d'ici'' avant l'âge de 60 ans, au moment où sa mère a eu sa place dans le cimetière de la localité !

Isabelle nous a partagé que cette difficulté à être reconnue était particulièrement difficile pour elle à l'âge de l'adolescence: ''Je ne savais pas que j'étais différente. C'est dans le regard de l'autre que je l'ai appris.'' Si bien qu'elle en a tiré des questions choc, auxquelles un Québécois même de plusieurs générations aurait du mal à répondre : ''Qu'est-ce qui fait un 'Québécois d'origine?...'', ''Quand c'est qu'on devient 'Québécois?'... De telles questions, qui soulèvent la pauvreté des critères d'ordre génétique pour qualifier l'appartenance à une société, l'ont par ailleurs fait mûrir : ''Ça m'a amenée à m'intéresser à l'histoire, au folklore, aux Inuit...''

Nous voulons remercier Isabelle de s'être ouverte à nous d'une façon aussi authentique. Elle nous a fait ressentir combien ces situations qu'elle a évoquées sont tout à fait celles qui ont motivé à créer le projet Cultures au coeur : le désir d'aider à dissoudre des barrières à l'intégration au sein de la société québécoise, le désir de faire réaliser à quel point la variété des héritages culturels a de quoi nous enrichir.

Le projet de Charte des valeurs québécoises

Nous avons abordé ce sujet qui fait l'actualité en ce moment sur nos ondes et dans les conversations publiques. Pour en discuter, l'animateur a proposé de partir des besoins qu'on éprouve, selon qu'on est issu de la société d'accueil ou de l'immigration. L'échange devenait captivant; il a fallu le comprimer dans le temps disponible. Nous nous sommes promis d'y revenir à la prochaine rencontre.

Il a été annoncé qu'un blogue venait d'être créé dans le site Cultures au coeur. Le projet de charte des valeurs québécoises y est proposé comme premier sujet à discuter. À noter qu'on peut réagir aux sujets déjà listés au menu du blogue, et aussi proposer soi-même un sujet qui nous tient à coeur afin de susciter la réaction des lecteurs.

Merci à La Ruche Vanier !

La directrice de l'organisme, Nicole Demers, nous a annoncé que La Ruche Vanier ne sera plus en mesure d'héberger nos rencontres désormais. Peu de gens savent que l'organisme nous a accueillis, au printemps dernier, en dépit du fait que les gens issus de l'immigration parmi sa clientèle ne maîtrisent pas assez le français pour pouvoir profiter de nos soirées-rencontre. Nous avons tenu à la remercier chaleureusement ainsi que le C.A. de La Ruche Vanier, car ce sont eux qui ont permis au projet Cultures au coeur de prendre son envol et de tester aussi bien l'intérêt de ce type de rencontre que les conditions propices à lui faire une place au sein d'un organisme communautaire.

À noter que les rencontres mensuelles de Cultures au coeur se poursuivent. À chaque mois nous vous informerons du lieu de la rencontre.