Rencontre de septembre 2015

Aperçu

La rencontre de septembre lançait la saison 2015-2016 de Cultures au coeur.

Nous étions une vingtaine de personnes, avec le bonheur de recevoir Alexandre Bacon, Innu, et sa compagne Sarah Clément, anthropologue également. Tous deux sont épris de culture amérindienne. En plus d'avoir un parcours de vie captivant, ensemble ils animent le Cercle Kisis, à Québec, voué au rapprochement des cultures avec les communautés amérindiennes.

Les cultures représentées à la soirée : innue, métis, québécoise traditionnelle, iranienne et mexicaine.

Un constat : les participants à la rencontre venaient élargir encore nos liens avec des groupements communautaires variés. Saluons, à titre d’exemple, la présence de deux personnes actives au Centre de Justice Réparatrice de la région de Québec.


Au sortir de cette soirée…
Une paix palpable nous habitait lorsque nous nous sommes quittés  -  beaucoup plus tard qu’à l’habitude, d’ailleurs. Sûrement que d’autres ont éprouvé cet espèce de bien-être par moments sans paroles, ce sentiment d’avoir été nourris loin au-dedans par ce contact avec Alexandre et Sarah.

Quand aux informations reçues, elles nous ont fait prendre conscience que si nous avons historiquement beaucoup voisiné  les Indiens de chez nous, nous les connaissons encore bien peu dans leur maison intérieure.

Voilà bien vite résumé une soirée d’une si grande richesse ! Si vous souhaitez profiter davantage de cette rencontre, sans doute aimerez-vous lire ce qui suit…

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Combien d’entre nous savaient ça ?...
- Il y a 11 langues autochtones parlées au Québec, …et 60 au Canada.

- La chasse au caribou chez les Innus, ce n’est pas le triomphe d’un chasseur victorieux fier du panache rapporté, mais le fait du caribou qui vient s’offrir, une expérience ancrée dans la spiritualité, un acte de gratitude collective.

- « Le silence est si différent !...» Quand un Blanc garde silence dans le groupe, on considère qu’il consent à ce qui est dit. « Si un Amérindien garde silence, ne réagit pas à ce que vous dite, c’est qu’il ne veut pas vous confronter. » (Alexandre)

- Le tambour amérindien est un instrument de prière et de transe, qui permet entre autres de mieux chasser.

- Le nazisme a pris modèle entre autres sur la Loi sur les Indiens canadienne.

- Le 21 juin est la fête nationale des Autochtones.
 

Le projet de faire disparaître les Autochtones en 25 ans
Le drame des pensionnats autochtones (des années 1820 jusqu'aux années 1990), tout comme l’adoption forcée des enfants autochtones par des Blancs, ont été non seulement la séparation de milliers d’enfants d’avec leur famille et l'abus sexuel ou la violence sur un grand nombre, mais une opération gouvernementale et légale planifiée « pour tuer l’Indien au cœur de l’enfant. »

Ce drame a trouvé sa justification dans la Loi sur les Indiens, votée au Canada en 1876; celle-ci est toujours en force aujourd’hui. Elle est entre autres connue pour l’instauration des réserves indiennes. Aussi pour l’établissement de droits distincts à la reconnaissance du statut d’Indien, selon qu’on est un homme ou une femme.

D’où un immense besoin de guérison, de part et d’autre. La Commission Vérité et réconciliation, qui vient d’achever ses travaux, a reconnu l’existence d’un réel génocide, provoqué une reconnaissance de la vérité et des dialogues d’une particulière importance.

L’Autochtone : un être arraché entre deux mondes
Alexandre nous raconte : « Mon grand-père passait l’hiver en forêt. Il était dans cette hésitation entre deux mondes… Ce sentiment de liberté est extraordinaire quand on sait vivre en forêt. Mais la vie est extrêmement difficile, il y a un niveau d’insécurité très grands, des famines, etc. Alors c’est attirant ce qu’ont les Blancs (salaire, commodités, etc.) »

Aujourd’hui plus que jamais les réserves indiennes sont considérées par les Amérindiens comme des prisons à ciel ouvert. Bon nombre d’entre eux préfèrent vivre à l’extérieur, acceptant de perdre les avantages liés à leur statut. « Mais après deux ans, le besoin se fait sentir de revenir à une vie libre, car on éprouve un sentiment d’aliénation… »

« L’avenir est au métissage »
Les couples mixtes deviennent de plus en plus nombreux. Mais au Québec les Métis ne sont pas reconnus, contrairement au Manitoba.

Pourtant, comme ajoute Alexandre : « L’avenir se fait dans le métissage. La sauvegarde de l’espèce passe par le métissage… Il va se produire des mélanges extraordinaires, avec une humanité tellement métissée (que le racisme génétique va disparaître) »

D’une méfiance réciproque à la recherche de ponts de rapprochement
Sarah s’est passionnée à découvrir les communautés amérindiennes : « La rencontre avec les Autochtones me fait du bien : c’est moins cérébral, il y a peu de paroles, on fait silence avec les aînés… Les Autochtones ont tellement à nous apporter, et nous aussi. » Quand elle parle de la réaction de sa famille à son couple avec Alexandre, elle reconnaît qu’il y a encore du travail à faire pour se comprendre, pour se sentir en confiance.

Mathieu, heureux d’être Métis, ajoute : « Je donne des conférences pour que les jeunes soient fiers de leur héritage. Ils ont beaucoup d’intuition, te connaissent dans le silence, un senti… »

Alexandre : « Depuis 20 ans j’observe ce retour vers soi… » Il reconnaît que ce ne sont pas tous les Amérindiens qui ont conscience de l’apport culturel reçu des autres Québécois… -  Ce qui n’empêche pas « qu’ils apprennent à utiliser Facebook », renchérit Sarah !

Sarah parle avec bonheur du Cercle Kisis : « Nous nous employons à susciter ce rapprochement entre les cultures, en plus de donner une tribune aux artistes. Ce cercle est avant tout une nourriture spirituelle. Des gens ont pu vivre l'expérience d'une tente à sudation. Des vidéos créées par des jeunes autochtones avec la Wapikoni Mobile ont été présentées au Musée de la civilisation. Dans les prochains mois, une soirée de rapprochement entre Québécois et Autochtones autour du thème de l'eau sera organisée en collaboration avec le groupe environnemental G3E. »

- « Quels ponts seraient à créer ? », se font demander nos invités.
- Sarah : « Écouter ce qu’ils ont à dire. Être dans une énergie d’amour. Juste ça, c’est guérisseur… J’ai connu des parcours de guérison extraordinaires…. Ils ont des outils spirituels très puissants. »

Des propos où on sentait Sarah confiante pour l’avenir des rapprochements entre nos communautés.
« On est fait forts ! »  conclut-elle.  En voyant ses yeux lumineux, on pouvait croire qu’elle avait dit « On est fait phares »…

Bientôt la Marche mondiale des femmes 2015
Dans cet appel à remplacer la victimisation par la créativité, Olga Garcia trouvait tout ce qu’il lui fallait pour conclure la soirée.

Elle l’a fait en nous présentant le cheminement qu’elle a fait à titre d’interprète avec des femmes de plusieurs pays, au Colloque québécois de la Marche mondiale des femmes  -  une progression qui va culminer à Trois-Rivières, le 17 octobre prochain.

Rendez-vous à notre prochaine soirée, où cette joyeuse féministe pourra nous en partager davantage ....