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Aperçu :
Ce soir les cultures québécoise, syrienne, française, iranienne et mexicaines sont de la partie.
Nous nous retrouvons à 11 pour prolonger l’échange entamé le mois dernier sur le thème : Quelle société québécoise voulons-nous avoir construit en 2026 ?
Nour Sayem, d’origine syrienne et profondément intégrée à la société québécoise, nous fait à nouveau le plaisir d’être avec nous.
Une rencontre où il a d’abord été question d’attitudes. On a parlé de choc culturel, de pouvoir féminin, d’audace des Québécois à s’affirmer. Puis il a été question de sujets pratiques, notamment de reconnaissance des diplômes et de stratégies d’intégration au travail. Un terrain de jeu qui parle d’adaptation de part et d’autres...
Comme pour donner le ton à l'échange, Madame Sayem a résumé son parcours de plus de 40 ans au sein de la société québécoise : « Je me suis intégrée sans m’assimiler »
La rencontre s’amorce autour de nos perceptions. Un participant qui a vécu l’expérience de séjourner en Syrie avant la guerre civile est revenu avec un regard différent. Il y a trouvé une société qui ressemblait à la nôtre sur bien des plans, des gens très scolarisés, mais avec des relations hommes-femmes où le respect prend d’autres formes, manifeste un autre type de sensibilité. Il commente un contact qu'il a eu : « J’ai senti que je ne devais pas m’adresser n’importe comment à cette jeune fille
»
Oser entrer en contact nous amène à ne pas voir partout des terroristes et des fanatiques - sinon dans les médias de masse qui font leur bénéfice en entretenant la peur de l’autre. Un participant a exprimé que ça lui faisait du bien quand il entendait des témoignages d’immigrants - par exemple une personne d’origine arabe qui affirmait son opposition à la violence. Ça a défait pour lui un stéréotype, il ne mettait plus tout le monde dans le même panier. Un participant a su résumer en mots simples : « J'ai le devoir de poser la question. L'autre a le devoir de me rassurer ».
La question de la langue française a refait surface. On souligne que si nous les Québécois faisons réaliser aux nouveaux venus - y compris à nos propres enfants - notre situation historique de minorité en Amérique, les raisons de la Loi 101,
ils vont mieux comprendre notre attachement à vivre en français ici et l’importance de le respecter. Minoritaire ne veut pas dire courber la tête : on donne l’exemple de l’Allemagne ou du Japon, des pays écrasés par la deuxième guerre mondiale, qui se sont relevés tout en osant garder leur langue : d’autres aujourd’hui les apprennent volontiers. Par ailleurs, quelqu'un aime à nuancer : « Les immigrants ici peuvent très bien s'intégrer en français, et apprendre aussi l'anglais - surtout si leur entreprise transige avec l’international. »
Nous revenons un moment sur les rapports hommes-femmes. Il était captivant d’écouter Nour Sayem commenter leur dynamique au sein du monde arabe. Nous nous méprenons si nous cherchons à lui appliquer le modèle québécois : « Les femmes syriennes ont un réel pouvoir. On est égale d’une autre façon »
Elle l’illustre par la pratique du kaboul, sorte de congrès informel du quotidien où les femmes échangent sur les problèmes d’une famille, puis de l’autre, trouvent entre elles des solutions qu’elles proposent discrètement à leurs hommes. Ces derniers vont souvent les adopter
sans en révéler la provenance ! « Elles font passer leurs messages autrement
» appuie un participant familier. Avec un petit sourire espiègle, Nour va même jusqu’à conclure «
elles sont plus fortes que les femmes occidentales ». Ata confirme ces propos pour sa société d'origine : « Les femmes iraniennes ne sont pas soumises : on y enseigne l'égalité. »
Un participant émet le point de vue que les religions doivent changer si nous voulons réaliser une réelle égalité entre les hommes et les femmes. Sans réagir à cette vision, Nour nous amène sur le terrain des attitudes et des aptitudes, proposant que chacun adapte son comportement au contexte social où il évolue. Deux exemples lui viennent :
- Vestimentaire : « Ici au Québec je ne porte pas le voile. En Syrie, je le porterais. »
- Alimentaire : un musulman invité à manger n'a pas à laisser croire à son hôte qu'il doit lui servir de la viande hallal - sinon qu’il apporte son repas !
Elle conclut : « On doit travailler beaucoup sur notre ego ».
Nour considère le travail comme une clé majeure d’intégration pour les immigrants. « ll faut faire travailler les immigrants. S'ils restent à l'écart, c'est là que ça fait (des ghettos,...) »
« C'est connu que les immigrants s'intègrent comme une richesse pour la société où ils s'installent
» Les employeurs québécois se rendent compte que beaucoup d’immigrants ont plusieurs diplômes, souvent même des doctorats, et que les défis sur leur parcours les ont rendus très travaillants. Mais certains employeurs, peu familiers avec les coutumes de certains groupes culturels, craignent de devoir faire trop de concessions - à titre d'exemple s'ils embauchent un musulman pratiquant : « Va-t-il s’arrêter 5 fois par jour à l’usine pour sa pratique religieuse ?... » Ou un juif : « Va-t-il refuser de travailler le samedi ?... » À l’inverse, certains candidats sont tentés de faire passer pour une prescription de leur religion ce qui est en fait une préférence.
Un employeur serait mal venu de demander directement à un candidat « Êtes-vous musulman ? », ou encore « Êtes-vous monoparentale ? » Mais aux yeux de Nour, qui intervient comme conseillère auprès des entreprises, il existe des stratégies simples, où tout le monde sort gagnant. L’employeur peut demander « Quelles sont vos disponibilités ? » (horaire quotidien, travail du samedi, etc.) De son côté une candidate monoparentale peut faire part d'une contrainte à l’employeur : « J’ai besoin de quitter à 16h
, est-ce possible ici ? » Bref, tout est d’abord une question de clarté, puis de faire comprendre son besoin réel. Sur cette base, chacun voit comment il peut faire un bout du chemin vers l'autre.
Il arrive que des gens issus de l’immigration, s’ils ne trouvent pas tout de suite d’emploi à leur mesure, soient tentés de reprocher à la société québécoise d’être discriminante à leur égard. Il revient aux Québécois souvent de leur faire réaliser qu’eux-mêmes sont astreints aux mêmes contraintes, qu’ils doivent être eux aussi persévérants - ce qui n’a rien à voir avec l’ethnie, l’accent ou la couleur de peau : Pour tout le monde, se chercher un emploi mérite d'être considéré comme un travail à temps plein...
« ll y a actuellement 250 médecins étrangers qui font toute autre chose : taxi, technologue de laboratoire, restauration,... » Ata déplore l’existence d’un réel problème de reconnaissance des diplômes. Lui-même, après 18 ans de pratique médicale à l'étranger et un post-doctorat universitaire, a fini par créer ici son propre emploi, et même avec quelques collègues par fonder un institut de formation en médecine alternative. *
Entre figuier et érable, par Nour Sayem
« En une journée je l'ai lu: captivant ! » (Jacques Lavigne)
Tout ce qu'on ne te dira pas, Mongo, par Dany Laferrière
« J’ai mangé ce livre !... » (Nour Sayem)
Crise d'identité, un documentaire animé par Bernard Derome (Télé-Québec, 52 :15 min.)
Avec la participation de Louis Garneau, Fred Pellerin, Dominique Anglade, Boucar Diouf, Dany Laferrière, Adib Alkhalidey, Robert Lepage et d’autres figures bien connues.
Extrait de l’aperçu : « L'identité québécoise, faite d'une histoire, d'une langue et d'une culture distinctes, signifie-t-elle encore quelque chose en 2015 ? La diversité culturelle et la mondialisation mettent nos anciennes certitudes au défi et nous forcent à nous redéfinir. »
C’est le moment du goûter !
Retrouvons-nous dans un mois - le deuxième lundi, soit le 14 mars prochain, autour du thème : La vie d’une famille réfugiée ici Nous aurons avec nous comme témoin Jasmine Turcotte-Vaillancourt, intervenante depuis plus d'un an auprès des réfugiés du quartier de Vanier, à Québec |
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* La reconnaissance des diplômes. Note de l’éditeur :
C'est un grand défi pour un immigrant de faire reconnaître ses compétences professionnelles dans un autre pays, mais aussi un grand défi pour le pays d'accueil d'évaluer des compétences acquises à l'étranger. Selon le cas, l'évaluation soulignera des différences dans la durée des études, le parcours de formation ou ses contenus, ou encore dans les technologies maîtrisées. Et comment apprécier la compétence d'un réfugié qui arrive ici en ayant perdu tous ses documents officiels ?...
D'un autre côté, il y a la question des métiers régis par une corporation professionnelle. Ici, les Néo-québécois se butent aux mêmes obstacles que les Québécois d'origine pour accéder à ces secteurs d'emploi. Ces corporations, créées pour protéger le public, semblent par moments plus enclines à protéger les intérêts de leurs membres. Le problème apparaît bien réel et appelle des solutions d’ordre politique. Voilà un terrain propice à créer des solidarités citoyennes interculturelles...
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Un site offert par Denis Breton, Grandir Conseil, Québec
Dernière mise à jour: 7 février 2019