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► Faustin Pipo et sa famille ont dû fuir la République démocratique du Congo (RDC).jusqu'en République centrafricaine (RCA). Ils ont dû se cacher, y séjournant durant 18 ans, jusqu'à ce que le pays entre à son tour en guerre. Il leur a fallu ensuite migrer au Tchad, où ils ont séjourné 4 ans dans un camp de réfugiés.
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► Ekyoci Mmboolwa a fui la RDC a l'âge de 9 ans avec ses parents adoptifs. Il a vécu pendant 18 ans dans deux camps de réfugiés en Tanzanie, où il a connu sa conjointe Rehema Esube.
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► Chhaya 'Nath' Dudal et sa conjointe Chabi ont été expulsés du Bhoutan avec leurs deux premiers enfants. Ils ont séjourné 18 ans dans un camp de réfugiés au Népal.
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Voici le reportage qu'en a tiré le magazine Les Immigrants de la Capitale.
Nous remercions l'éditeur, Mihai Cristea, de même que le journaliste Jean-Louis Bordeleau, pour leur aimable autorisation à reproduire l'article ici :
La vie dans un camp de réfugiés, c’est ne manger que de la farine, des graines de haricot et un peu de soja, tous les jours, une seule fois par jour, sans légumes ni éducation. Le 9 mai 2016, grâce au projet Cultures au Coeur, initié et co-animé par Denis Breton et Olga Garcia, deux promoteurs passionnés de l’interculturalisme, nous en avons appris un peu plus sur la vie difficile à imaginer dans un camp de réfugiés. Les invités d’honneur de cette soirée spéciale hébergée par l’Accorderie de Québec dans St-Roch ont partagé leur vécu comme réfugiés.
Faustin Pipo et son épouse Mami Pipo sont arrivés au Québec en août 2015, après 22 ans de vie de réfugiés, accompagnés de leurs huit enfants et de deux autres enfants recueillis. Ils vivaient au nord de la République démocratique du Congo (RDC), où Faustin travaillait au service de la Présidence. Lorsque les rebelles ont destitué le président, la famille Pipo a fui en Centrafrique (RCA). Là ils se sont réfugiés dans la ville de Bangui, où ils ont vécu 18 ans, devant vivre longtemps cachés. Ils ont eu six enfants dans ce pays. Ensuite, la RCA est entrée en guerre et ils ont dû fuir à nouveau au Tchad, où ils ont vécu durant quatre ans au camp de réfugiés d’Anboko, de la ville de Goré.
Au Sud de la RDC, on accusait les gens du Nord d’appuyer Mobutu, le président de la République. «La perception était que tous les Congolais hommes du Nord faisaient partie de la famille de Mobutu, donc il fallait les exterminer», explique Faustin Pipo devant une assistance bouche bée.
L’histoire peut ressembler à un film d’action. Mais ce n’est pas un film. À un certain moment, raconte M. Pipo, un groupe de sept hommes armés a fait irruption chez lui. Les hommes l’accusaient de collaborer avec le président et lui demandaient de l’argent. Sans rien trouver d’intéressant, ils sont partis en trombe. Dans la foulée, un des leurs s’est emparé du téléviseur. «Laisse au moins la télé pour les enfants!», s'est alors écrié Faustin. Immédiatement, le brigand a déposé la télé et a attaqué Faustin avec son couteau. Dans l’échauffourée, Faustin Pipo en a perdu un doigt.
M. Pipo expose que dans le camp de réfugiés il a dû littéralement vendre son habit, simplement pour nourrir sa famille. «Pour se soigner, il n’y avait que du Tylenol. Il n’y avait aucun loisir pour les enfants. Sans livres, sans tableau et même sans bureau pour étudier, tout le monde était privé d’éducation», raconte-t-il. Durant ces années sans horizon, Faustin Pipo a gardé en tête ses enfants. «Si je lâche, qui va les aider? Je suis en tête, comme dans un train», se disait-il dit alors.
Dans les camps de réfugiés, Faustin Pipo a côtoyé des personnes d’autres nationalités, notamment des Centrafricains, en conflit avec les Congolais. Mais malgré ces tensions «dans les camps de réfugiés, on est des frères». Il souligne que les musulmans et les chrétiens y vivent et se supportent mutuellement.
Un réfugié ne sait qu’à peine un mois avant la date de départ qu’il a été pris en charge par un État. Lorsqu’il a été averti que lui et sa famille partiraient pour le Canada, ils ont peiné à contenir leur joie, qu’ils ont pourtant dû réprimer. Selon M. Pipo, il faut garder le secret jusqu’à la fin, sinon des «jaloux» pourraient jusqu’à vouloir les «égorger».
Aujourd’hui, Faustin Pipo en tire du bon. «Ça donne la force de vouloir vivre dans de meilleures conditions». Il canalise beaucoup son espoir dans ses enfants. «Je veux voir mes enfants réussir», assure M. Pipo. L’éducatrice des enfants de Faustin Pipo, présente à la réunion, a confirmé que les enfants «sont prêts tous les jours, sont contents d’être à l’école, ont envie de profiter au maximum» de leur vie à Québec.
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D’autres invités à la réunion ont témoigné de leur vécu de réfugiés :
Ekyoci Mmboolwa Mateso, lui aussi Congolais, a fui son pays à l'âge de 9 ans avec ses parents adoptifs et ils se sont réfugiés dans un camp en Tanzanie. Il a vécu pendant 18 ans dans des camps. «Toute ma vie, je l'ai passée dans un camp de réfugiés», lance-t-il.
Chhaya Nath Dulal, un Bhoutanais réfugié au Népal, confirme les propos de Faustin Pipo : dans les camps, on retrouve toujours la même nourriture, le même seul médicament et le même désespoir. Pour sa part, il a été expulsé du Bhoutan et a vécu 18 ans dans le camp Beldangi II, près de la ville de Damak, au Népal. Enseignant dans ce camp pendant cinq ans, lui et son épouse sont au Québec depuis 2009. Ils ont deux enfants, dont l’un est né dans ce camp du Népal et l’autre à Québec. //
Nos invités ont soulevé beaucoup d'émotion chez les participants. Certains ont touché du doigt le fossé gigantesque qui sépare leur expérience de la vie des parcours qui viennent d'être racontés.
Puis, nos témoins se sont fait demander ce qu'ils avaient appris de leur séjour en camp de réfugié. Alors une note d'espoir a pris le dessus : tous, vraiment tous, avaient senti qu'ils avaient contacté dans ces expériences de vie une force au dedans d'eux, qui allait être un acquis pour rebondir dans la suite... Ils ont su nous la communiquer.
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Un site offert par Denis Breton, Grandir Conseil, Québec
Dernière mise à jour: 7 février 2019