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BILLETS 2017

Les 40 ans de la Loi 101 : Avez-vous le goût de fêter ?...  -  par Editeur

Loi 101 : que devient chez nous l’accent d’Amérique ?...

QuebecAccentDAmerique_w.jpg


Se peut-il qu'il existe un lien entre notre attitude face à Charte de la langue française (Loi 101) et et notre motivation à accueillir des immigrants ?...

Loi 101...

Je séjournais en France pour quelques années, à ce moment-là. En 1977, j’aurais aimé m’échapper pour venir participer à la ferveur populaire qui gagnait le Québec. René Lévesque, que j’admirais tant, nous donnait la fierté de nous-mêmes. Lui et son équipe ont osé voter la Loi 101 et nous donner envie de nous tenir debout comme peuple.

Je me souviens, déjà en 1967 : j’avais 19 ans et j’ai pu travailler à l’Expo ’67, ‘Terre des hommes’, à Montréal. Nous prenions soudain conscience d’habiter le monde. Et le reste du monde prenait conscience de l’existence du Québec, et plus largement de l’affirmation du fait français au Canada.

Les années suivantes ont consolidé cette renaissance. il y a eu de ces moments où nous participions à des manifestations citoyennes, et nous marchions dans les rues transportés par le cœur, avec l’envie de parler à tous ceux qui étaient autour… Un espoir nous gagnait et nous rendait palpable le sentiment que l’énergie du bonheur n’est pas qu’individuelle, mais aussi collective.


René Lévesque...

C’est un homme debout comme René Lévesque qui m’a fait comprendre le nécessaire équilibre entre croire en nous-mêmes et respecter nos minorités. C'est aussi un facteur de confiance pour ceux qui immigrent parmi nous : nous ne pouvons pas leur demander de nous aimer plus que nous nous aimons nous-mêmes. J’ai compris que c’était dans notre audace de vivre en français en terre d’Amérique et dans notre volonté de le faire respecter, que nous allions trouver nous aussi assez de confiance pour ouvrir notre porte et dire aux arrivants d’ailleurs «Venez, construisons le Québec ensemble…» Et c’est ce qui m’anime aujourd’hui ici, à me passionner pour rapprocher les gens de toutes les cultures.

Nous sommes une petite société noyée dans le grand ensemble nord-américain. Le rouleau compresseur du tout-à-l’économie-en-anglais a vite fait de laisser croire que la langue française ne fait que ralentir les affaires : tout pourrait se passer en anglais, ce serait plus simple. Those Quebeckers are out of business...

On oublie que parler notre langue nourrit nos sentiments d’identité et d'appartenance : ils font partie de nos raisons de vivre.ensemble. «Québec, l'accent d'Amérique» comme a choisi de s'afficher la ville de Québec. À la fois pour nous reconnaître et pour enrichir le monde de notre différence  -  et alors ne pas craindre celle des autres.

Aujourd'hui j'ai le bonheur de parler trois langues, et de me sentir à la fois citoyen du Québec et citoyen du monde. Je reconnais pourtant le désarroi de bien de mes compatriotes qui ne voient que le défi pour notre culture de survivre en Amérique du nord. Il nous faut trouver un équilibre entre cette aspiration légitime, et celle d'ouvrir notre coeur : « Oui, donnons une suite de l'aventure québécoise, c'est l'heure...» Ça demande un sentiment de sécurité à la base.


...et les gens issus de l'immigration

Ceux qui viennent vivre à nos côtés sont séduits par notre bienveillance et notre simplicité, par la sécurité et la paix dont nous nous entourons : des valeurs que nous ont largement communiqué nos communautés amérindiennes. Bien des immigrants en ont cruellement manqué s’ils ont dû fuir la guerre, les intempéries ou la disette.

Apprendre à parler le français est difficile, et encore plus l'écrire, c'est vrai. Mais un défi plus grand est là, qui les insécurise : c'est notre indécision collective, quand ils nous voient «branler dans le manche», comme pour nous excuser d'exister. À nous de leur communiquer que vivre en français dans notre espace public  -  avec bienveillance pour ceux qui ont encore du mal à  le parler  -  est directement connecté aux valeurs qu'ils apprécient chez nous.
« Vous avez dit chez-nous?...» : un mot qu'ils n'osent plus prononcer quelquefois,  les yeux humides, mais qui résume le rêve qu'ils font encore pour leurs enfants.


Je m'adresse à mes enfants...

Devenus adultes aujourd’hui, il vous appartient de reprendre le flambeau... J’aimerais que vous ayez retenu de nous, vos parents, la fierté de nous-mêmes à travers ce que nous avons fait de notre vie. Comme une racine de confiance : c'est elle qui nous a donné envie d’accueillir ceux qui viennent, sans avoir peur de leur différence. Tout comme on s'assure d'avoir les pieds sur la terre ferme au moment de lancer une bouée à quelqu'un qui se débat dans l'eau...

En pratique, je vous propose d'observer vos réactions lorsque des gens s'adressent à vous en anglais, au pied de votre porte ou sur la rue à Montréal... Ou lorsque des copains truffent leur conversation de mots d'anglais, croyant que ça fera plus hot ou plus cool... Et comme citoyens, je vous convie à réaffirmer à nos gouvernants que nous tenons à ce que le français reste notre langue commune d'expression. Qu'il importe de la protéger davantage  -  par exemple dans les entreprises de taille moyenne, dans l'exigence faite aux arrivants allophones de s'intégrer aux cégeps francophones, ou encore dans l'incitation à s'installer en région. Tout en respectant les droits reconnus à nos citoyens reconnus d'expression anglaise, bien sûr; tout en apprenant aussi une langue seconde  -  que le réseau d'éducation francophone peut fort bien offrir avec qualité.

Oui, avant d'être une question de lois, il s'agit de respect de nous-mêmes. Ceux qui nous arrivent se rapprochent instinctivement des gens qu'ils sentent sûrs d'eux-mêmes : c'est vrai d'une personne, c'est vrai aussi d'une communauté. Seule l'expression d'une force intérieure nous fera apprivoiser ceux qui immigrent chez nous, et nous fera dissoudre nos craintes d'être envahis, ou à l'inverse de voir fuir les gens ou les capitaux. On nous a tellement brandi ces épouvantails au fil de notre histoire ! Nous savons aujourd’hui qu’ils ne sont que des chimères.


Quoi souligner aujourd'hui, alors ?...

Qu'en diriez-vous, si nous profitions des 40 ans de la Loi 101 pour marquer notre décision de vivre debout comme personne et comme peuple …accueillant ?


Denis Breton

Loi 101 : que devient chez nous l’accent d’Amérique ?...

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Se peut-il qu'il existe un lien entre notre attitude face à Charte de la langue française (Loi 101) et et notre motivation à accueillir des immigrants ?...

Loi 101...

Je séjournais en France pour quelques années, à ce moment-là. En 1977, j’aurais aimé m’échapper pour venir participer à la ferveur populaire qui gagnait le Québec. René Lévesque, que j’admirais tant, nous donnait la fierté de nous-mêmes. Lui et son équipe ont osé voter la Loi 101 et nous donner envie de nous tenir debout comme peuple.

Je me souviens, déjà en 1967 : j’avais 19 ans et j’ai pu travailler à l’Expo ’67, ‘Terre des hommes’, à Montréal. Nous prenions soudain conscience d’habiter le monde. Et le reste du monde prenait conscience de l’existence du Québec, et plus largement de l’affirmation du fait français au Canada.

Les années suivantes ont consolidé cette renaissance. il y a eu de ces moments où nous participions à des manifestations citoyennes, et nous marchions dans les rues transportés par le cœur, avec l’envie de parler à tous ceux qui étaient autour… Un espoir nous gagnait et nous rendait palpable le sentiment que l’énergie du bonheur n’est pas qu’individuelle, mais aussi collective.


René Lévesque...

C’est un homme debout comme René Lévesque qui m’a fait comprendre le nécessaire équilibre entre croire en nous-mêmes et respecter nos minorités. C'est aussi un facteur de confiance pour ceux qui immigrent parmi nous : nous ne pouvons pas leur demander de nous aimer plus que nous nous aimons nous-mêmes. J’ai compris que c’était dans notre audace de vivre en français en terre d’Amérique et dans notre volonté de le faire respecter, que nous allions trouver nous aussi assez de confiance pour ouvrir notre porte et dire aux arrivants d’ailleurs «Venez, construisons le Québec ensemble…» Et c’est ce qui m’anime aujourd’hui ici, à me passionner pour rapprocher les gens de toutes les cultures.

Nous sommes une petite société noyée dans le grand ensemble nord-américain. Le rouleau compresseur du tout-à-l’économie-en-anglais a vite fait de laisser croire que la langue française ne fait que ralentir les affaires : tout pourrait se passer en anglais, ce serait plus simple. Those Quebeckers are out of business...

On oublie que parler notre langue nourrit nos sentiments d’identité et d'appartenance : ils font partie de nos raisons de vivre.ensemble. «Québec, l'accent d'Amérique» comme a choisi de s'afficher la ville de Québec. À la fois pour nous reconnaître et pour enrichir le monde de notre différence  -  et alors ne pas craindre celle des autres.

Aujourd'hui j'ai le bonheur de parler trois langues, et de me sentir à la fois citoyen du Québec et citoyen du monde. Je reconnais pourtant le désarroi de bien de mes compatriotes qui ne voient que le défi pour notre culture de survivre en Amérique du nord. Il nous faut trouver un équilibre entre cette aspiration légitime, et celle d'ouvrir notre coeur : « Oui, donnons une suite de l'aventure québécoise, c'est l'heure...» Ça demande un sentiment de sécurité à la base.


...et les gens issus de l'immigration

Ceux qui viennent vivre à nos côtés sont séduits par notre bienveillance et notre simplicité, par la sécurité et la paix dont nous nous entourons : des valeurs que nous ont largement communiqué nos communautés amérindiennes. Bien des immigrants en ont cruellement manqué s’ils ont dû fuir la guerre, les intempéries ou la disette.

Apprendre à parler le français est difficile, et encore plus l'écrire, c'est vrai. Mais un défi plus grand est là, qui les insécurise : c'est notre indécision collective, quand ils nous voient «branler dans le manche», comme pour nous excuser d'exister. À nous de leur communiquer que vivre en français dans notre espace public  -  avec bienveillance pour ceux qui ont encore du mal à  le parler  -  est directement connecté aux valeurs qu'ils apprécient chez nous.
« Vous avez dit chez-nous?...» : un mot qu'ils n'osent plus prononcer quelquefois,  les yeux humides, mais qui résume le rêve qu'ils font encore pour leurs enfants.


Je m'adresse à mes enfants...

Devenus adultes aujourd’hui, il vous appartient de reprendre le flambeau... J’aimerais que vous ayez retenu de nous, vos parents, la fierté de nous-mêmes à travers ce que nous avons fait de notre vie. Comme une racine de confiance : c'est elle qui nous a donné envie d’accueillir ceux qui viennent, sans avoir peur de leur différence. Tout comme on s'assure d'avoir les pieds sur la terre ferme au moment de lancer une bouée à quelqu'un qui se débat dans l'eau...

En pratique, je vous propose d'observer vos réactions lorsque des gens s'adressent à vous en anglais, au pied de votre porte ou sur la rue à Montréal... Ou lorsque des copains truffent leur conversation de mots d'anglais, croyant que ça fera plus hot ou plus cool... Et comme citoyens, je vous convie à réaffirmer à nos gouvernants que nous tenons à ce que le français reste notre langue commune d'expression. Qu'il importe de la protéger davantage  -  par exemple dans les entreprises de taille moyenne, dans l'exigence faite aux arrivants allophones de s'intégrer aux cégeps francophones, ou encore dans l'incitation à s'installer en région. Tout en respectant les droits reconnus à nos citoyens reconnus d'expression anglaise, bien sûr; tout en apprenant aussi une langue seconde  -  que le réseau d'éducation francophone peut fort bien offrir avec qualité.

Oui, avant d'être une question de lois, il s'agit de respect de nous-mêmes. Ceux qui nous arrivent se rapprochent instinctivement des gens qu'ils sentent sûrs d'eux-mêmes : c'est vrai d'une personne, c'est vrai aussi d'une communauté. Seule l'expression d'une force intérieure nous fera apprivoiser ceux qui immigrent chez nous, et nous fera dissoudre nos craintes d'être envahis, ou à l'inverse de voir fuir les gens ou les capitaux. On nous a tellement brandi ces épouvantails au fil de notre histoire ! Nous savons aujourd’hui qu’ils ne sont que des chimères.


Quoi souligner aujourd'hui, alors ?...

Qu'en diriez-vous, si nous profitions des 40 ans de la Loi 101 pour marquer notre décision de vivre debout comme personne et comme peuple …accueillant ?


Denis Breton

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Publié le 2017/08/30 - 09:06   | Tous les billets
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Dernière mise à jour: 7 février 2019