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J'allais écrire un billet en réaction à la crainte exprimée par François Legault que l'immigration amènent nos petits-enfants à délaisser le français.
Mais je trouve aujourd'hui dans le Devoir un article de Robert Dutrisac qui dit meux encore ce que j'aurais aimé dire:«Ne blâmons pas les immigrants pour la précarité du français».

Des leviers...

J'ai toujours pensé que nous devrions avoir le courage d'appliquer la Loi 101 aux moyennes entreprises. Aussi que nous perdons une belle chance de répondre à nos besoins régionaux  -  en assurant du même coup aux immigrants une intégration harmonieuse  -  par le fait de tarder à régionaliser l'immigration au Québec. Quel dommage que nous laissions les trois quarts des gens qui s'amènent venir grossir la population de la région de Montréal, ce qui ne fait que consolider le multi-culturel qui souvent ghettoïse, alors que notre mentalité au Québec est d'instaurer l'inter-culturel, qui intègre les arrivants à la population d'ensemble et amène notre communauté à se métisser en douce pour que tout le monde y trouve son compte. Car nos méfiances à l'égard des immigrants, lorsqu'elle existe, est bien liée à la crainte d'avoir à changer nous-mêmes.
 

...Une énergie

Ceci dit, je crois plus encore au coeur qu'aux lois et règlements, qu'aux critères de sélection ou même qu'aux incitatifs financiers pour nous attacher les immigrants, s'il est vrai que notre attente est que ça leur paraisse naturel de parler français parmi nous. Si on ne voit bien qu'avec le coeur -  disait le Petit Prince  -  on n'apprivoise bien qu'avec le coeur aussi. C'est dans l'accueil bienveillant, dans l'audace d'entrer en relation directe et dans la marche patiente à comprendre l'autre dans ses valeurs et son histoire que peut le mieux prendre racine ce que nous attendons des nouveaux arrivants. Et c'est dans l'audace d'affirmer qui nous sommes et ce que nous voulons collectivement devenir, plutôt que de laisser les événements ou d'autres niveaux de pouvoir influencer le cours des choses. Les nouveaux arrivants se sentiront en plus grande sécurité pour nous ouvrir leur coeur à leur tour.


Il est toujours temps: il n'en tient qu'à nous...
 

Denis Breton

Publié le 2018/09/08 - 13:30  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  

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SLAV, Kanata: ces mots vous disent-ils quelque chose?...

J’ai récemment commenté dans un billet du site le débat entourant la sortie de la pièce de théâtre SLAV, de Robert Lepage, qui portait sur l’esclavage des Noirs. Les opposants lui reprochaient une représentation insuffisante des Noirs parmi les acteurs.

Personne n’a vu venir que le projet de production artistique Kanata, une autre oeuvre impliquant Robert Lepage, déclencherait elle aussi un débat entre la liberté inhérente à la création artistique et ce que certains s'empressent d'appeler une appropriation culturelle  -  cette fois autour de l'histoire douloureuse des Premières nations chez nous.
 

Un propos rafraîchissant...

J’ai beaucoup aimé une lettre que Dominic Champagne adressait au journal Le Devoir sur le sujet.
Avant de donner son point de vue sur le débat entourant Kanata, il y commente les efforts qu'a faits Samuel de Champlain au début de la colonie française d’Amérique afin que le Nouveau monde soit le lieu d’une rencontre harmonieuse entre les peuples  -  une vision qui a largement coloré jusqu'à nos jours la cohabitation entre les populations autochtones et les descendants des colons français :
 

«Kanata, Robert Lepage et le rêve de Champlain»

Voici un extrait de la lettre:

«On raconte qu’à sa première rencontre avec les autochtones de ce pays, à Tadoussac, Samuel de Champlain, qui, comme espion de Henri IV, avait connu les comportements atroces des Espagnols envers les premières nations d’Amérique du Sud, a voulu éviter que ne se reproduise ici, au nord, les brutalités motivées par la conquête matérielle et l’intolérance religieuse.

C’est donc sans armes, les bras ouverts, qu’il s’est présenté aux Innus réunis à l’embouchure du fleuve aux grandes eaux et du Saguenay, avec le rêve que ce Nouveau Monde puisse être le lieu d’une rencontre fraternelle entre les peuples, loin de l’esprit des guerres de religion qui venaient d’empester le Vieux Continent. Que la quête de l’harmonie puisse tenir lieu de loi, que l’on puisse cohabiter sur ce territoire sans esprit de conquête ou de domination, mais avec le monde en partage.(...)»

La pièce de théâtre Kanata ne verra pas le jour. Il serait intéressant d'imaginer ce qu'en aurait fait Samuel de Champlain...


 La lettre complète de Dominic Champagne dans l’édition Internet du Devoir.


Denis Breton

Publié le 2018/07/27 - 15:14  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  



Vous avez lu comme moi bien des réactions dans les médias à propos de la pièce de théâtre SLAV, mise en scène par Robert Lepage.
Certains déploraient qu’il n’y ait pas plus d’acteurs Noirs dans cette pièce qui traite d’esclavage. D’autres, plus virulents, y dénonçaient une appropriation culturelle. D’autres encore étaient tristes que la pièce soit retirée, trouvant normal que l’art n’appartienne à personne, surtout s'il permet d’exprimer de la compassion pour ceux qu’on met en scène.

J’allais rédiger mon point de vue sur la polémique soulevée par SLAV  -  que je n’ai pas eu l’occasion de voir encore  -  quand je tombe sur un article de Guillaume Bourgault-Côté: la pièce du casse-tête qui me manquait ! J’encourage chacun à lire cet article, qui enfin donne la parole à Lepage lui-même.

Un fil conducteur

Auparavant, j’aimerais situer mon fil conducteur: c'est la raison d’être d'avoir créé l’initiative Cultures au coeur, à Québec il y a cinq ans. Je la résumerais ainsi pour les lecteurs moins familiers avec notre site: donner le goût de marcher dans les mocassins d’une autre culture, pour découvrir son cadeau, apprendre de sa différence, jusqu’à trouver comment créer quelque chose ensemble.
 

Laissons la parole à Robert Lepage

Bourgault-Côté cite des propos-clés de Lepage, qui nous amènent au coeur de ce qu'est le théâtre: «...jouer à être quelqu’un d’autre. Jouer à l’autre. Se glisser dans la peau de l’autre afin d’essayer de le comprendre et, par le fait même, peut-être aussi se comprendre soi-même ». Devient alors naturel d’emprunter à l’autre «...son allure, sa voix, son accent et même à l’occasion son genre».

Il le cite encore plus avant : «...[Là] où il ne nous est plus permis de nous glisser dans la peau de l’autre [dans la pratique théâtrale], où il nous est interdit de nous reconnaître dans l’autre, le théâtre s’en trouve dénaturé, empêché d’accomplir sa fonction première, et perd sa raison d’être. »
 

Devenir citoyens planétaires

Nous sommes à un moment charnière dans l’aventure humaine : toutes les vérités sortent et doivent sortir, pour que nos sociétés et leurs citoyens sachent, comprennent, puis se mobilisent pour lancer haut et fort «Nous ne voulons plus de ça!...» et alors qu’ils s’unissent pour donner vie à un nouveau projet de société  -  cette fois autour d’un sentiment d’appartenance planétaire.

Je suis moi aussi sensible à donner la parole aux premiers concernés, autant qu'on le peut. Par exemple, j’étais heureux d’apprendre que les communautés autochtones au Québec sont en train de se mobiliser pour se doter de leur propre système d’encadrement des jeunes contrevenants  -  alors que ceux-ci sont encore nombreux à se retrouver à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), tandis que leur communauté se sent dépossédée.

Animateur interculturel, j’essaie sans cesse de dépasser les conversations de salon entre gens de cultures différentes, pour créer des occasions d’empathie qui placent la rencontre au niveau du coeur. Par exemple en duos on y joue à exprimer ce que l’autre peut bien penser au fond de lui-même. Cet autre peut être un voisin de palier, ou un employeur potentiel, peu importe.
J’ai même simulé un personnage hybride, au moment d'accueillir un groupe arabo-musulman, il n’y a pas si longtemps, en disant que sur mon passeport du coeur je m’appelle Mohamed Tremblay. Lorsque j’ai demandé à un membre du groupe si je risquais de vexer des gens, il m’a répondu avec un large sourire : «...Pas du tout, on sent votre affection».
 

Nous ouvrir ...de façon digeste

Bien sûr, nous rêvons tous du grand soir, où nous aurons oublié que je suis Blanc et que l’autre est Noir  -  comme les enfants qui courent ensemble à la garderie et qui ne s’en rendent même pas compte. Mais nos conditionnements culturels de longue date nous demandent des transitions. Lepage le dit lui même, cité encore par Bourgault-Côté : « Il est bien évident que tout nouveau spectacle comporte son lot de maladresses, de ratés et de mauvais choix. Mais […] le théâtre est un art vivant, qui permet à une œuvre d’être en constante évolution, en perpétuelle réécriture au contact du public et de ses réactions, et de corriger le tir au fil des représentations.» Un art vivant... que j'aime cette expression !

Lorsque des Québécois osent dire tout haut ce que d’autres aussi pensent tout bas, à savoir qu’ils ont peur d’être changés par les immigrants, ils nous amènent justement à notre prochain rendez-vous, qui devient urgent : façonner une société où chacun reconnaisse une partie de lui-même. Moi Québécois de souche, je ne serai plus tout à fait le même, et mon voisin Québécois d’adoption lui non plus  -  tout comme l’enfant métissé ne ressemble plus tout à fait ni à sa mère ni à son père. Tout tient à un enjeu: développer un sentiment d'appartenance à plus large, où il devient normal d'avoir à changer quelque chose de soi...
 

La controverse actuelle autour de SLAV  -  tout comme #MeToo ou la tuerie dans une école de Floride l’ont fait  -  a au moins ça de bon qu'elle nous pousse à débattre, et de là à envisager d'autres possibles. À réconcilier les apparents contraires, pour monter plus haut ensemble... Oui, il nous faut donner davantage la parole aux gens des autres cultures parmi nous: au théâtre, dans les téléromans, dans les rôles publics... Mais oui aussi, nous devons préserver l’expression libérée, sans tout de suite la taxer d’islamophobie ou de racisme, et maintenant d'appropriation culturelle.
Gardons bien en vue notre boussole commune: arriver à ce que de plus en plus de gens autour de nous disent spontanément eux aussi : «chez nous, c'est ici» et que l'intérêt grandisse de le vivre ensemble.


Denis Breton

Publié le 2018/07/06 - 18:50  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Saluons le 8 mars !  -  par Editeur

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Un 8 mars pour vous rendre hommage...


À peine debout ce matin, une impulsion me gagne: saluer les femmes qui ont jalonné ma vie jusqu’à aujourd’hui. D'abord mes filles devenues jeunes femmes, qui m’ont fait grandir comme père... Ensuite celles qui ont enchanté ma vie affective, plus d'une provenant d'une autre origine culturelle que la mienne: elles m'ont permis de m’accomplir comme bonhomme... Et celles que je côtoie aujourd'hui dans l'animation interculturelle: elles consolident mon humanité, mon sentiment d'appartenance planétaire...


Mon premier mouvement est de saluer le courage de tant d'immigrantes, que j’ai vues se surpasser pour trouver leur place au soleil d'hiver dans mon Québec. Je pense à une jeune Asiatique venue d’abord pour des études: elle les a prolongées des années, parce qu’elle tardait à trouver un emploi à sa mesure... À une femme âgée immigrée d’Europe de l’est avec ses enfants: aujourd'hui adultes ils font leur vie, tandis qu'elle se sent bien isolée dans son immeuble à ne pas savoir comment contacter ses voisines, ne balbutiant que quelques mots de français... À une femme originaire d'Afrique noire, réfugiée avec conjoint et tribu d'enfants: elle en arrache à combiner sa vie familiale avec la francisation et un mode de vie en appartement, se sent privée de l’appui de «tout un village que ça prend pour élever un enfant»... Et puis encore, à cette mère monoparentale venue d’Amérique du Sud: pour avoir élevé le ton avec son adolescente, elle se fait répondre «...Attention! j’ai des droits, je pourrais appeler la DPJ...»


À mesure que je fouille dans mes souvenirs, d’autres images émergent... Cette fois je me connecte à ce que ces femmes de courage ont apporté à notre milieu. Je revois Nour, Syrienne depuis 50 ans au Québec, réagir lors d’une soirée qui portait sur les relations hommes-femmes. À certains Québécois de souche qui avaient vite fait de croire que dans son pays les femmes n’ont aucun pouvoir, elle a fait découvrir qu’en fait elles en ont un autre, différent : «D’où je viens, pendant que les hommes s’affichent dans des rôles publics ou si leurs relations tournent au conflit, ce sont les femmes qui discrètement sauvent la situation, réarrangent les relations dans l’ombre...» On la retrouve aujourd'hui à la tête d'une petite entreprise alimentaire où des femmes de diverses origines nous font savourer l'exotisme de leurs mets tandis qu'elles y créent leur gagne-pain.


Certains d'entre vous ont connu comme moi les soirées festives au COFI de Québec, il y plusieurs années déjà. Tandis que les Colombiens n’avaient pas leur pareil pour nous mettre en musique et en danse après le potluck, je voyais un réseau  - clandestin, je dirais!  -  de femmes libanaises déployant une compassion aussi discrète que généreuse pour aider une personne, en aider une autre... On aurait dit une armada de travailleuses sociales anonymes !


Et tout récemment, je revois une soirée de danses folkloriques québécoises à Québec. J’avais invité à m’y accompagner ma famille congolaise  - oui, celle qui m’a adopté. Leur fille aînée s’est ajoutée, curieuse de découvrir ces danses pour elle exotiques. Je l’ai revue dans sa famille, quelques jours plus tard. J’avais encore le manteau sur le dos qu'elle m'a lancé: «...Quand c’est qu’on y retourne danser, là-bas?...» Je l’avais regardée danser, ce soir-là, avec les regards admiratifs tournée vers elle ...et ses hanches plus souples que les nôtres!... Elle y avait a ajouté un charme tout africain, qui détonait agréablement dans ce décor. Ça illustrait bien pour moi cette façon, je dirais, de danser la vie qu’on les gens en provenance de cultures du soleil ou de contextes de dénuement: au travers de ma vie trépidante, ils me rappellent de rechoisir d’être heureux quoi qu’il m’arrive...


Merci, chères concitoyennes du monde, de peupler ma mémoire et mes relations: vous ensoleillez ma vie au pied de ma porte, et achevez de me convaincre que c’est bien le féminin qui saura réenchanter notre humanité...


Denis Breton

Publié le 2018/03/08 - 13:11  - 1 commentaire - 1 commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  

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Bonjour Monsieur Benabdallah,

À la veille de commémorer les solidarités qui ont surgi à Québec suite à l'attentat de la Grande mosquée du 29 janvier 2017, j'ai eu envie de vous faire part de ma réflexion.

Si je vous l'adresse  -  en même temps que j'aimerais rejoindre vos partenaires des communautés musulmanes  -  c'est que mon souvenir est encore bien vivant de l'accueil qu'on m'a fait à la mosquée de la Capitale, le 9 décembre dernier, conviant les gens de Québec à souligner l'anniversaire de la naissance du prophète Mohamed. À cette occasion, j'ai longuement échangé avec un groupe de jeunes musulmans, et j'ai été impressionné par leur qualité de présence et d'écoute.

Des solidarités nouvelles émergent
Tout comme vous j'ai été marqué par le choc de l'attentat de janvier dernier à Ste-Foy, et participé au mouvement de sympathie qui a surgi chez les gens de Québec et d'ailleurs à ce moment.

Zakia--Sylvain_DimancheDespoir_2017-07_tw.jpgJ'ai par la suite été touché par l'initiative de certaines personnes de confession musulmane pour prendre soin des enfants des familles en deuil; je pense à titre d'exemple à Madame Zakia Zoukri, qui s'est mise à inviter les gens à ce qu'elle a appelé des «dimanches d'espoir» : des pique-niques joyeux qu'elle a organisés dans quelques parcs de Québec, auxquels elle a même associé des représentants des Premières Nations.

Commémorer ce qui cherche à nous éloigner les uns des autres?...
Je vous avoue que lorsque j'ai appris que le Conseil national des musulmans canadiens avait appelé à la création d'une journée nationale contre l'islamophobie, je suis devenu perplexe : «Allons-nous faire durer d'année en année le rappel de quelque chose que nous ne voulons surtout plus dans nos vies, et qui nous a divisés malgré nous?...», me suis-je demandé.

Les médias ont commenté de long en large les points de vue qui ont fusé, chez nos partis politiques et chez des citoyens engagés. Certains ont trouvé là une proposition qui méritait d'être étudiée. J'ai constaté toutefois qu'un bon nombre  -  bien qu'ils communient de tout coeur avec les familles victimes de l'attentat et les communautés musulmanes encore intimidées  -  doutent cependant que ce soit la meilleure façon d'obtenir le résultat recherché : n'est-il pas une plus sincère reconnaissance de la communauté québécoise à l'égard de nos soeurs et frères musulmans?...

Trois préoccupations majeures
J'ai réfléchi aux points de vue exprimés dans les médias et aussi à ce que m'a appris ma propre expérience, comme parent et comme psycho-sociologue. J'en ai retenu trois recommandations, dans l'hypothèse où on voudrait créer un événement annuel commémoratif.

Prudence à utiliser le mot islam.   Ma première suggestion tient compte de la connaissance souvent floue d'un grand nombre de Québécois à l'égard de ce qui touche au courant religieux musulman. Si on veut gagner leur coeur, il importe qu'on les sensibilise à faire la différence entre islam et islamisme  -  comme l'a soulevé André Lamoureux (Le Devoir, 12 janvier 2018). Tant de gens chez nous confondent encore l'un pour l'autre. De plus, bien des gens chez nous souhaiteraient, lorsque se produisent des événements à caractère intégriste, que les musulmans sortent du silence pour affirmer haut et fort que ces provocations défigurent l'islam, trahissent la pensée du prophète Mahomet, et n'ont rien à voir avec la religion musulmane d'aujourd'hui.

Regarder les conséquences au plan énergétique.   Le dualisme qui nous maintient dans l'attaque-défense, le nous-avons-raison/ils-ont-tort, même si c'est pour des raisons légitimes, nous obtiendra-il l'effet recherché, ou son contraire : la peur de l'autre et le durcissement des positions?...

Il me semble en effet que nous sommes rendus plus loin aujourd'hui. Invités à remplacer l'attirail des victimes pour le coffre à outils des créateurs : de nos vies, de nos communautés... Interrogeons notre expérience de parents. Si nous avons eu un enfant qui avait du mal à l'école, l'invitions-nous à afficher au mur de sa chambre le bulletin qui lui avait fait le plus honte, ou si nous attendions l'heure de mettre en valeur un succès qu'il aura envie de répéter?... Aujourd'hui, voulons-nous avoir raison, ou voulons-nous réellement produire un rapprochement avec le reste de la société québécoise?...

L'expérience m'a appris qu'une communauté a les mêmes dynamismes qu'une personne : si nous voulons qu'elle change, il faut lui fournir des modèles qui parlent au coeur, qui vont la motiver, l'énergiser dans le sens désiré. C'est ce qui fait que beaucoup de voix se sont élevées pour refuser une commission d'enquête qui aurait porté sur la discrimination et le racisme. Et si nous arrosions les fleurs que nous voulons voir pousser?... Il doit bien exister des expériences heureuses de rapprochement entre des communautés musulmanes et la population québécoise, qui mériteraient d'être répétées, promues  -  et peut-être alors dignes d'un rappel annuel...

Interpeller les gens dans ce que nous avons en commun.   Je m'active avec bonheur à susciter des rapprochements interculturels depuis cinq ans à Québec. Avec d'autres, notre fil conducteur est de valoriser le cadeau que chaque culture est pour celles qui l'entourent, et de rechercher ce que nous pourrions créer ensemble pour la suite.

J'ai constaté que, malgré le caractère positif de cette approche, quantité de gens issus de l'immigration se disent gênés qu'on leur demande «Vous venez d'où?...» Eux qui souvent ont souffert de l'exclusion, souhaitent que les gens d'ici voient au plus vite ce qu'ils ont de commun avec eux plutôt que ce qui les différencie. Et vous aurez remarqué que ce trait est encore plus affirmé chez les enfants et les adolescents. Je suis parent adoptif d'un enfant d'Amérique du sud : il avait 10 ans; à peine arrivé parmi nous il a cessé de vouloir parler espagnol. J'ai mis du temps à comprendre qu'il avait besoin d'effacer les traces d'où il venait, comme si inconsciemment il avait peur qu'on l'y ramène. Qu'avons-nous en commun?...

Une suggestion
Dans cet esprit, je vous fais une suggestion : le Gouvernement du Québec a institué en 2016 une Journée nationale du vivre-ensemble, et l'a justement placée le 15 janvier (1). Si vous consultez l'Internet, vous pouvez d'ailleurs constater que c'est une proposition que plusieurs communautés de par le monde ont formulée, jusqu'à l'ONU pour en faire une journée mondiale.

Que diriez-vous si les communautés musulmanes du Québec, ou même d'ailleurs au Canada, se faisaient les artisans d'une pareille journée? J'anticipe sans hésiter que les Québécois de toute origine vous en seraient reconnaissants  -  et ça ne vous empêcherait pas de faire connaître l'événement douloureux qui vous a inspirés à faire quelque chose.

En terminant, j'aimerais rappeler combien ça m'avait touché lorsque votre confrère l'imam Guillet avait considéré qu'Alexandre Bissonnette, accusé de l'attentat de Ste-Foy, était au nombre des victimes. Qui se soucie de lui aujourd'hui? Une commémoration gagnerait-elle à promouvoir aussi la réadaptation des gens qui ont vécu des parcours comme le sien?...

Je vous laisse là-dessus. Puis-je vous demander de me garder sur votre liste d'invitations? Je reviendrai volontiers à un événement convivial comme celui de décembre dernier.


Cordialement,

Denis Breton,
www.culturesaucoeur.org


(1) Voir: http://www.mrif.gouv.qc.ca/fr/salle-de-presse/communiques/2016/2016_10_20_02

Publié le 2018/01/13 - 21:42  - 5 commentaires - 5 commentaires - Voir ? Ajouter le vôtre ?  

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Par-dessus tout, allons voter !

Une capsule à lire avec une personne issue d'une autre culture que la vôtre...


Aperçu :
Que vous soyez Québécois d'origine ou d'adoption, allez voter ...et amenez des gens issus de l'immigration avec vous. La prochaine élection n'aura pas lieu avant 4 ans, mais pendant ces 4 ans, vous devrez vivre avec les décisions que prendra l'équipe élue. Votre geste est plus important que vous le croyez ...même si vous ne connaissez pas les candidats. Pourquoi donc?...

Vous ne vous exprimez pas encore facilement en français? On va vous aider sur place. Vous ne connaissez pas les candidats? Demandez à vos voisins à qui ils font confiance. Vos enfants prennent tout votre temps? Amenez-les avec vous : ils seront intéressés à savoir ce qui se passe là...


Pourquoi aller voter?

Oui, vos gestes durant cette journée comptent, et pas seulement le dépôt de votre billet dans l'urne de votation. Cette journée-là les gens se parlent davantage. Les voisins s'arrêtent pour causer. Certains demandent où est le bureau de votes, entre quelle heure et quelle heure on peut s'y rendre ...et la question finit par être posée : «Pour qui allez-vous voter?...» De plus, progressivement plus de candidats issus de l'immigration osent se présenter, ce qui vient enrichir les équipes administratives municipales.


« Pour qui allez-vous voter ?...»

Alors rapprochez-vous, écoutez les réponses qui sortent... Faites répéter les gens si vous avez peu compris...Ah! il y aura bien certaines personnes qui vous répondront «désolé, je garde ça pour moi...» Les Québécois sont souvent discrets sur leurs allégeances politiques. Vous leur ferez votre plus beau sourire ! Ça va illuminer un temps peut-être pluvieux...

«Pour qui allez-vous voter?...» À votre tour posez-la questions aux gens autour de vous : vous arriverez à mieux nommer vous-même vos besoins, vos problèmes vécus au jour le jour dans votre quartier ou votre village. Vous apprendrez des choses sur comment s'administre votre municipalité. Et ce sera quelquefois votre premier contact avec certains voisins :  parions que vous prendrez plaisir à les croiser à nouveau dans la suite...

Donc c'est important que vous alliez voter : avoir contribué à faire élire un bon candidat, c'est réconfortant après coup. Augmenter vos contacts interculturels et votre sentiment d'avoir votre place dans la société québécoise, ça l'est tout autant -  que vous soyez Québécois de longue date ou de date récente.


...Et si un candidat issu de l'immigration était élu?...

Connaissez-vous Ulrick Chérubin, sur notre photo. Il a été maire d'Amos pendant 12 ans. D'origine haïtienne, être réélu durant 4 mandats, pensez don' ! Son décès, en 2014, « a créé une véritable onde de choc à Amos, dans toute l'Abitibi-Témiscamingue et jusqu'à la Chambre des communes », publiait Radio-Canada.
Maintenant qu'ils ont côtoyé de près un tel bonhomme, je serais curieux de questionner les gens d'Amos sur ce qu'ils pensent aujourd'hui du peuple haïtien !... Et curieux de la définition qu'ils peuvent se faire d'un «vrai Québécois»...

Si déjà vous connaissez vos candidats, ça peut donner encore plus de couleur à votre déplacement. Plus il y aura de conseillers municipaux issus de l'immigration, plus les besoins propres à cette clientèle seront pris en compte, et plus notre société québécoise s'ouvrira au cadeau de la diversité culturelle chez nous.


Un exemple : le quartier de Vanier, à Québec

Ces jours dernier, les trois candidats qui se présentent dans Vanier sont venus rencontrer les résidents. C'était au Local communautaire Claude-Martin, un pivot de plus en plus incontournable dans l'animation du quartier. Les candidats ont pu entendre des gens du quartier énumérer les besoins et problèmes qu'ils rencontrent. Comme le quartier est largement ouvrier et accueille nombre de familles venant de l'immigration, ils ont compris un peu plus les défis d'une population à revenu modeste.

Plusieurs efforts sont déjà entrepris pour vitaliser la vie du quartier  -  notamment à travers la Table de quartier et le Local communautaire Claude-Matin. Mais il reste beaucoup à faire pour améliorer la qualité de vie du milieu au quotidien. Par exemple...

Par exemple, les gens sont unanimes à dire que les transports sont insuffisants, pas assez fréquents, et que ça les pénalise pour aller chercher les services, ça les freine à trouver du travail  -  à plus forte raison s'ils ont un emploi de nuit dans les parcs industriels environnants : trouvez un autobus à cette heure-là !... Les citoyens rencontrés attirent l'attention sur le manque de commerces de proximité; le besoin de plus de ressources en francisation,  de logements à prix modique, d'accès dans l'autre secteur du quartier séparé par une voie ferrée. Ils voudraient aussi plus de trottoirs et de sécurité pour leurs enfants sur la rue. On invoque enfin le mauvais état de certains logements négligés par leur propriétaire; aussi le manque de connaissance des nouveaux résidents sur la façon d'habiter un logement québécois.

Pourquoi les candidats rencontrés, jeunes et dynamiques, trouvent-ils intérêt à se présenter au niveau municipal ? Tous trois répondent que ça leur permet un rapport plus direct avec la population, et des défis liés au quotidien des gens. On observe de leur part une plus grande attention qu'avant à consulter le milieu, notamment via les organismes communautaires.

Vous n'avez plus le temps de rencontrer les candidats, c'est sûr.
...Mais vous avez tout votre temps pour aller voter !

Publié le 2017/11/04 - 18:36  - 1 commentaire - 1 commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  

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« Kwe ! » Un mot qu'on se met à répéter par coeur...

Coup sur coup les gens des Premières nations nous ont accueillis à deux fins de semaine fortes en couleurs et même en émotions. Fin août, c'était d'abord Place des Premiers Peuples au Rendez-vous Limoilou 2017, à l'Anse-à-Cartier. Puis début septembre Kwe ! À la rencontre des peuples autochtones, Place de l'Assemblée nationale, à Québec.

Le premier événement émanait du Cercle Kisis *.
Le second était une initiative d'Affaires autochtones et Nord Canada en collaboration avec le Conseil de la Nation huronne-wendat et l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. Le Cercle Kisis en a coordonné le volet jeunesse, avec sa création d'une oeuvre collective.


Au milieu des danses rythmées du tambour qui s'entendaient de très loin en s'approchant, des contes et légendes, des jeux traditionnels, au milieu des films documentaires, de la construction d'un mini-canot d'écorce devant nos yeux ou des conversations que nous avions librement avec les gens des Premières nations, trois moments m'ont particulièrement touché.
 

Des moments d'émotion

L'un a été, au cours du premier événement, la fresque historique que nous a dessinée Alexandre Bacon sous le shaputuan : il nous a fait vivre de l'intérieur la réalité amérindienne depuis la Nouvelle-France jusqu'à aujourd'hui. J'y reviendrai tout à l'heure...

Un autre moment sensible pour moi, qui adore l'histoire, a été lors du deuxième événement, lorsque j'ai pénétré dans la grande tente qui rassemblait des porte-parole des 11 nations autochtones du Québec : «Ouaouah !...» Entre autres, j'ai littéralement bu ce que nous racontait un aîné Micmac, historien par surcroît, sur l'ancrage de sa nation à Gaspé, avec un rayonnement dans tout l'est du Québec à l'époque où sont venus les Vikings. Puis l'histoire recule de 10 000 ans : il nous parle des migrations de leurs ancêtres à travers le détroit de Béring  -  communes à la plupart des peuples autochtones d'Amérique du nord et du sud. Je n'avais pas assez d'oreilles pour l'écouter quand il nous a donné des exemples d'expressions cousines dans la langue micmac et dans la langue chinoise !... À sa connaissance, 60% de la population québécoise aurait du sang amérindien dans ses veines.


À quelques pas de là, je découvrais ensuite une douzaine d'artistes en train d'achever la fresque dont vous voyez quelques photos plus bas : nouvelle émotion forte pour moi. Une création collective entre des jeunes des nations autochtones (Attikamekw, Wandat, Innus...) et des jeunes Blancs, un marathon de 48 heures.  On sentait une énergie dans l'assistance quand les auteurs de la fresque ont décrit la toile et la «rencontre» que sa création leur a fait vivre. L'oeuvre évoque des aspects chers au coeur des Amérindiens :  cérémonie dans le cercle, rêves sacrés innus reflétés dans le tambour, imaginaire inuit dans les aurores boréales, et même un symbole du drame des femmes plus récemment disparues.  La fresque va être offerte à la communauté de Wendake.

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Deux artisanes du projet en disent un mot vibrant, à la fin : «Ce fut toute une aventure... »  raconte Sarah Cleary. «...Malgré tous les défis que vous avez dans vos vies, j'ai senti à travers cette toile la détermination que vous avez... On doit se reconnecter au territoire et le protéger... »  Guitté Hartog. ajoute : «C'est plus beau parce qu'on s'est mis ensemble de toutes les nations, parce qu'on est différents... L'art ça ne sert à rien, mais ça humanise : on a tellement besoin de s'humaniser... Souvent on ne sait pas où est-ce qu'on s'en va comme pays, comme nations, comme familles, comme personnes. C'est d'accepter le flou... 'Faut apprendre à vivre ensemble, que chacun prenne sa place... parce qu'on croit qu'on participe à quelque chose qui est plus grand que nous autres... »

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Une autre fresque, historique celle-là

Alexandre Bacon, anthropologue, est Innu par son origine paternelle, et métissé. Sa causerie lors du premier événement s'inscrivait dans le contexte des 150 ans de l'histoire canadienne. Il nous a rappelé que 60 langues amérindiennes sont parlées à travers le Canada, et qu'on trouve 11 nations autochtones au Québec, en 55 communautés.

Jusqu'aux années 1800, nos relations entre peuples ont été avant tout des relations d'alliances, économiques particulièrement. Elles ont commencé avec les Vickings et les Basques, donc bien avant la rencontre avec Jacques Cartier.

Il a évoqué notre origine coloniale, déterminante pour le découpage du territoire, et la volonté avouée de faire disparaître les Indiens ou de les assimiler. Ainsi, Amherst a distribué des couvertures imbibées de petite vérole. Une dizaine de milliers d'enfants ont été obligés de vivre en pensionnats, comparable à des camps de concentration. La fermeture du dernier remonte à... 1996 ! Les archives fédérales racontent même les tentatives de leur inculquer la tuberculose...

Bacon évoque la Loi sur les Indiens de 1857, qui se décrit comme ''L'acte pour la civilisation graduelle des Sauvages du Canada''. Les réserves sont une créature de cette loi; elles obligeaient les Amérindiens nomades à se sédentariser. Aujourd'hui encore les Autochtones sont considérés des mineurs, civilement. Bien des communautés doivent encore vivre à l'écart les unes des autres et de nos villes, sans moyens de transport, notamment chez les Inuits. En 1955-56, 30 000 chiens de traîneaux étaient abattus par les autorités fédérales, par volonté de les ''civiliser'' et de les arracher à leur territoire  -  «...une déchirure qu'éprouvent aussi bien des migrants : c'est comme être un réfugié chez soi... »  La Commission Vérité et réconciliation  a reconnu ces drames créés par la colonisation, aussi dans d'autres pays à travers le monde.


« ...Il y a une réconciliation qui est à faire, entre les peuples, avec notre territoire, avec la nature... une célébration de la diversité.» Il ajoute: « Ce que je vous souhaite le plus... c'est d'avoir la chance d'accompagner les Autochtones en forêt... Vous allez trouver l'humanité qu'il y a à travers les Premières nations... une simplicité...quelque chose de plus vrai... C'est urgent qu'on célèbre cette vision du monde là, avant qu'on aille trop loin dans notre destruction générale (de la forêt, du territoire)....»

Le ton est affirmatif, mais serein : « On est obligé de considérer les aspects plus sombres de l'histoire... ...mais il y a de la lumière, il y a de l'espoir... ...Votre simple présence ici, votre désir d'en apprendre davantage, c'est énorme... » Bacon montre une direction pour cet espoir : «...dans l'éducation, dans la fierté... c'est quand une communauté s'implique activement dans la définition des solutions qui sont à mettre en oeuvre ...et qu'on l'invite à s'y engager... Il faut retrouver un sens à sa vie comme individu et comme société... »  
 

En conclusion

Vous le constatez, j'ai mélangé ici à dessein les événements des deux fins de semaine. C'est que, dans les deux cas, ce sont les Premières nations qui viennent au-devant de nous. Et avec le même état d'esprit : « Kwe !...bonjour ! »

Aujourd'hui, les Autochtones ne sont pas en train de disparaître; ils deviennent même plus nombreux. Où en sommes-nous dans nos rapports avec eux ?...
En sortant de ces journées, je me suis surpris à vouloir dire à ceux que j'ai côtoyés : « On ne tuera pas l'Indien en vous : vous êtes en train de le faire renaître en nous... »

_________
* Alexandre Bacon et Sarah Clément sont à l'origine du Cercle Kisis  -  un nom qui veut dire soleil, dans la langue anishnabe.  Ils s'entourent d'une bande de jeunes heureux derapprocher les Premières nations et les Québécois de toutes origines. https://www.facebook.com/cerclekisis/

Publié le 2017/09/04 - 09:13  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  

Loi 101 : que devient chez nous l’accent d’Amérique ?...

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Se peut-il qu'il existe un lien entre notre attitude face à Charte de la langue française (Loi 101) et et notre motivation à accueillir des immigrants ?...

Loi 101...

Je séjournais en France pour quelques années, à ce moment-là. En 1977, j’aurais aimé m’échapper pour venir participer à la ferveur populaire qui gagnait le Québec. René Lévesque, que j’admirais tant, nous donnait la fierté de nous-mêmes. Lui et son équipe ont osé voter la Loi 101 et nous donner envie de nous tenir debout comme peuple.

Je me souviens, déjà en 1967 : j’avais 19 ans et j’ai pu travailler à l’Expo ’67, ‘Terre des hommes’, à Montréal. Nous prenions soudain conscience d’habiter le monde. Et le reste du monde prenait conscience de l’existence du Québec, et plus largement de l’affirmation du fait français au Canada.

Les années suivantes ont consolidé cette renaissance. il y a eu de ces moments où nous participions à des manifestations citoyennes, et nous marchions dans les rues transportés par le cœur, avec l’envie de parler à tous ceux qui étaient autour… Un espoir nous gagnait et nous rendait palpable le sentiment que l’énergie du bonheur n’est pas qu’individuelle, mais aussi collective.


René Lévesque...

C’est un homme debout comme René Lévesque qui m’a fait comprendre le nécessaire équilibre entre croire en nous-mêmes et respecter nos minorités. C'est aussi un facteur de confiance pour ceux qui immigrent parmi nous : nous ne pouvons pas leur demander de nous aimer plus que nous nous aimons nous-mêmes. J’ai compris que c’était dans notre audace de vivre en français en terre d’Amérique et dans notre volonté de le faire respecter, que nous allions trouver nous aussi assez de confiance pour ouvrir notre porte et dire aux arrivants d’ailleurs «Venez, construisons le Québec ensemble…» Et c’est ce qui m’anime aujourd’hui ici, à me passionner pour rapprocher les gens de toutes les cultures.

Nous sommes une petite société noyée dans le grand ensemble nord-américain. Le rouleau compresseur du tout-à-l’économie-en-anglais a vite fait de laisser croire que la langue française ne fait que ralentir les affaires : tout pourrait se passer en anglais, ce serait plus simple. Those Quebeckers are out of business...

On oublie que parler notre langue nourrit nos sentiments d’identité et d'appartenance : ils font partie de nos raisons de vivre.ensemble. «Québec, l'accent d'Amérique» comme a choisi de s'afficher la ville de Québec. À la fois pour nous reconnaître et pour enrichir le monde de notre différence  -  et alors ne pas craindre celle des autres.

Aujourd'hui j'ai le bonheur de parler trois langues, et de me sentir à la fois citoyen du Québec et citoyen du monde. Je reconnais pourtant le désarroi de bien de mes compatriotes qui ne voient que le défi pour notre culture de survivre en Amérique du nord. Il nous faut trouver un équilibre entre cette aspiration légitime, et celle d'ouvrir notre coeur : « Oui, donnons une suite de l'aventure québécoise, c'est l'heure...» Ça demande un sentiment de sécurité à la base.


...et les gens issus de l'immigration

Ceux qui viennent vivre à nos côtés sont séduits par notre bienveillance et notre simplicité, par la sécurité et la paix dont nous nous entourons : des valeurs que nous ont largement communiqué nos communautés amérindiennes. Bien des immigrants en ont cruellement manqué s’ils ont dû fuir la guerre, les intempéries ou la disette.

Apprendre à parler le français est difficile, et encore plus l'écrire, c'est vrai. Mais un défi plus grand est là, qui les insécurise : c'est notre indécision collective, quand ils nous voient «branler dans le manche», comme pour nous excuser d'exister. À nous de leur communiquer que vivre en français dans notre espace public  -  avec bienveillance pour ceux qui ont encore du mal à  le parler  -  est directement connecté aux valeurs qu'ils apprécient chez nous.
« Vous avez dit chez-nous?...» : un mot qu'ils n'osent plus prononcer quelquefois,  les yeux humides, mais qui résume le rêve qu'ils font encore pour leurs enfants.


Je m'adresse à mes enfants...

Devenus adultes aujourd’hui, il vous appartient de reprendre le flambeau... J’aimerais que vous ayez retenu de nous, vos parents, la fierté de nous-mêmes à travers ce que nous avons fait de notre vie. Comme une racine de confiance : c'est elle qui nous a donné envie d’accueillir ceux qui viennent, sans avoir peur de leur différence. Tout comme on s'assure d'avoir les pieds sur la terre ferme au moment de lancer une bouée à quelqu'un qui se débat dans l'eau...

En pratique, je vous propose d'observer vos réactions lorsque des gens s'adressent à vous en anglais, au pied de votre porte ou sur la rue à Montréal... Ou lorsque des copains truffent leur conversation de mots d'anglais, croyant que ça fera plus hot ou plus cool... Et comme citoyens, je vous convie à réaffirmer à nos gouvernants que nous tenons à ce que le français reste notre langue commune d'expression. Qu'il importe de la protéger davantage  -  par exemple dans les entreprises de taille moyenne, dans l'exigence faite aux arrivants allophones de s'intégrer aux cégeps francophones, ou encore dans l'incitation à s'installer en région. Tout en respectant les droits reconnus à nos citoyens reconnus d'expression anglaise, bien sûr; tout en apprenant aussi une langue seconde  -  que le réseau d'éducation francophone peut fort bien offrir avec qualité.

Oui, avant d'être une question de lois, il s'agit de respect de nous-mêmes. Ceux qui nous arrivent se rapprochent instinctivement des gens qu'ils sentent sûrs d'eux-mêmes : c'est vrai d'une personne, c'est vrai aussi d'une communauté. Seule l'expression d'une force intérieure nous fera apprivoiser ceux qui immigrent chez nous, et nous fera dissoudre nos craintes d'être envahis, ou à l'inverse de voir fuir les gens ou les capitaux. On nous a tellement brandi ces épouvantails au fil de notre histoire ! Nous savons aujourd’hui qu’ils ne sont que des chimères.


Quoi souligner aujourd'hui, alors ?...

Qu'en diriez-vous, si nous profitions des 40 ans de la Loi 101 pour marquer notre décision de vivre debout comme personne et comme peuple …accueillant ?


Denis Breton

Publié le 2017/08/30 - 09:06  - 1 commentaire - 1 commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Premières Nations et peuples immigrés fraternisent  -  par Collaboration_spciale

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Rencontre entre Premières nations
et Peuples immigrés depuis 30 ou 400 ans
au Québec


«Cette Rencontre a été profonde et riche,
avec plus de 350 Premières Nations
qui venaient tant de l'Abitibi que de la Basse-Côte-Nord.
Incroyable, de très belles cérémonies dans la basilique et dehors ...superbe!»

Jean-Noël André, Espace Art Nature, Neuville




Une Rencontre entre Premières Nations et gens immigrés au pays – depuis peu ou depuis 400 ans – a eu lieu au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, les 30 et 31 mai dernier. Cet événement rassembleur visait à aider à aller plus loin sur le chemin de la guérison des blessures du passé, et surtout dans la célébration des richesses communes et des espoirs d’avenir.

La tenue de cet événement a été réalisée grâce au dévouement d’un Franco-Ontarien âgé de 84 ans, le père Bernard Ménard, bien connu pour les œuvres qu’il a dirigées au cours de sa carrière, dont L’Arche, durant sept ans, dans l’Est de l’Ontario. Sa devise actuelle est: «De nos jours, il faut invoquer trois nouveaux saints: S’INformer, S’INdigner, S’IMpliquer».

À un centre d’exposition ouvert durant les deux journées de la Rencontre, les participants ont pu consulter des ouvrages comme celui de Henri Goulet, Histoire des pensionnats indiens catholiques au Québec, et celui de James Daschuk, traduit en français par Catherine Ego, La destruction des indiens des Plaines. Maladies, famines organisées, disparition du mode de vie autochtone, ainsi que des documents comme la brochure En mission, témoin d’une compassion qui agit, et Origine, le magazine touristique du Québec autochtone.


Spiritualités

Après l’allocution d’ouverture, présentée par Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, les quelques centaines de personnes qui se sont rendues à Trois-Rivières pour cet évènement ont pu être sensibilisées à l’expérience Missinak à Québec, à la Mission de Paix sur le fleuve Saint-Laurent, et à l’existence du seul collège Premières Nations au Québec : Kiuna à Odanak.


Le lendemain, des ateliers sur l’écologie, sur les spiritualités chrétienne et amérindienne, ainsi que sur la justice et la réconciliation, se sont déroulés simultanément.


Métis

Il y a eu un «cercle de parole» où tous ont été invités à intervenir. Une mine de renseignements ont été échangés. J’ai pu PremieresNations-Immigres_CapMadeleine_2017_1_w.jpgconstater que peu de gens savaient que, dès le début de la fédération canadienne, Louis Riel voulait que les droits des Autochtones s’appliquent aussi aux Métis.

Au cours des années, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ont tour à tour nié avoir le pouvoir de légiférer à l’égard des Indiens non inscrits et des Métis. Ce n’est qu’en 2016 que la Cour suprême du Canada a déclaré, dans le dossier Daniels c. Canada (Affaires indiennes et du Nord canadien), [2016] 1 RCS 99, que les Indiens non inscrits et les Métis sont des «Indiens» visés au paragraphe 91(24) de la Loi constitutionnelle de 1867.


On ne savait pas non plus que Louis Riel et les Métis ont revendiqué le bilinguisme (français et anglais) législatif et judiciaire et que ce sujet est encore débattu de nos jours. En effet, depuis plus de 15 ans, les décisions de la Cour suprême du Canada demandent une interprétation généreuse des droits linguistiques, ce qui n’est pas encore le cas dans certaines juridictions du pays.


Ainsi, que l’on soit Autochtone, Métis ou Allochtone, il reste encore beaucoup de progrès à faire dans la reconnaissance des droits et, surtout, dans la juste interprétation de ces droits. Il n’est plus temps d’attendre; il faut que ces situations commencent maintenant à être redressées.  Ω


Extrait d'un reportage de Gérard Lévesque
 

Publié le 2017/06/06 - 20:51  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Nos prises de position citoyennes...  -  par Editeur

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...avec quel état d'esprit?

Quels sont vos points de repère pour réagir aux situations de conflit
dans le domaine interculturel ou inter-religieux?...

 

Hier, au Parvis de St-Roch, j'ai participé au rassemblement autour de ‘L’Égalité et la Diversité’, à l’invitation du CAPMO.
Dans l'assistance, j'ai repéré plusieurs membres d'organismes communautaires et quelques représentants de la communauté musulmane de Québec.

Entre autres :
- Marie-Émilie Lacroix a prix la parole avec courage au nom de la communauté des Premières Nations.
- Rachid Raffa a parlé avec émotion de la difficulté pour la communauté musulmane d’obtenir un cimetière dans la région de Québec.
- Une dame a parlé avec son coeur sur ses des deux années passées au sein d'une communauté musulmane au Magreb: elle avait toujours senti un grand respect à son égard, elle qu'on savait d'héritage catholique.

 

Des interventions m'ont laissé perplexe. Je suis venu à deux doigts de prendre la parole. Plutôt, j'ai questionné Monsieur Raffa afin de mieux comprendre les aspirations d'un Musulman qui vit un deuil.

Après l'événement, j'étais pensif :  des grands médias activent la peur de l'autre. Des politiciens en profitent pour se faire du capital politique. On fait dire ce qui nous arrange aux sondages sur le racisme ou l'intolérance, qui réduisent des sensibilités humaines à une statistique. Comme il est facile de juger ceux qui ne pensent pas comme nous, et difficile de savoir comment réagir pour faire autre chose que de jeter de l'huile sur le feu.

Je n'ai pas pris la parole, mais j'ai résolu de réfléchir à mes valeurs sûres, à mes points d'appui, pour apporter plus tard, peut-être, une parole constructive rafraîchissante. Je repensais à une phrase qui m'avait marqué, déjà : « Il y a pire que le mensonge: c'est une vérité qui ne débouche pas sur l'espoir»...

J'ai trouvé cinq pistes de réflexion pour mon coffre d'outil citoyen. Bien sûr, c'est dans la ligne du billet précédent dans ce blogue : «Mesurer le degré d’islamophobie?   -  Et si on dressait la carte d’avancement de nos dialogues interculturels?...»  Je vous les partage:
 

  • Légitimité

J’ai eu un fils adoptif qui portait la douleur de l’abandon par ses parents, et qui du coup se sentait justifié de faire les 400 coups pour en faire baver d’autres. Il m’a fait comprendre que nous avons tous un sens inné de la justice de la vie, et qu’on peut en arriver à se sentir un mandat de justicier. L'origine latine du mot connaître veut dire naître avec.

Comment les gens que nous jugeons se perçoivent-ils eux-mêmes? Quelle vision du monde appuie leurs comportements, ceux que nous admirons comme ceux que nous déplorons? Qu’est-ce qui  -  à leurs yeux  -  justifie qu’ils pensent comme ils pensent, qu’ils se comportent comme ils se comportent?...

L'imam Guillet l'a bien compris. Suite à l'attentat de la Grande Mosquée de Québec en mars 2017,  il a publiquement demandé au meurtrier de l'aider à comprendre ce qui s'était passé dans son esprit pour qu'il en arrive à poser son acte. J'ai trouvé cette invitation magnifique, et sûrement porteuse d'avenir.
 

  • Annoncer ou dénoncer?

Corruption, économie qui n'enrichit que les riches, pollution de la planète, pratiques peu démocratiques, etc. : de plus en plus les gens et les communautés sortent du silence, affirment leur soif d’autre chose. -  Enfin ! Bien sûr, c'est chargé d'émotion, mais ça fait surface et ça nous questionne tous ensemble.

Dans trois ans d'ici, supposons, qu'est-ce qui aura vraiment provoqué des changements salutaires?...
Que se passe-t-il quand nous dénonçons une situation jugée inacceptable? On accuse, attaque-défense, les positions se rigidifient... Premier résultat: on baisse son propre niveau d’énergie. La population s'inquiète. Et c'est toute la société qui finit par y perdre. Est-ce vraiment ça que nous voulons?...
J'ai connu un parent qui disait à ses jeunes, devenus  militants «Dénonce si tu as quelque chose à proposer, sinon tais-toi»

 

  • Semence-récolte

Quelles semences nos interventions lancent-elles devant?...

La plupart d’entre nous avons jardiné et montré à nos enfants comment le faire.
- Nous choisissons nos semences, nous savons qu’une graine de carotte donnera une carotte, pas un chou; et qu’une seule graine en donnera plusieurs.
- Le jardin commence à pousser, et alors nous arrosons les fleurs que nous voulons voir pousser, surtout pas les autres !

Ça nous paraît évident; pourtant nous l'oublions au moment de vouloir régler un conflit. Entre nos deux oreilles il y a aussi un jardin, qui obéit aussi à cette dynamique de la vie. Quelles fleurs de vivre-ensemble voulons-nous voir pousser? Peut-être étoufferont-elles d'elles-mêmes les mauvaises herbes?... Il y a des gens qui s'acharnent à tirer sur l'obscurité, inconscients qu'il fournissent du carburant à ce qu'ils ne veulent pas. Il y en a d'autres qui allument des petites lumières...

Les communautés amérindiennes interrogent leurs rêves pour choisir leurs projets. La psychologie nous propose la visualisation créatrice. Pour ma part, je suis séduit par un enfant quand il veut un jouet qui le fascine. Il l'a mangé des yeux au magasin, il entre en émotion jusqu'à danser sa demande à ses parents ...au point qu'ils ne peuvent plus le lui refuser. Et si la vie fonctionnait avec cette dynamique semence-récolte partout?...
 

 

  • Comment les personnes et les communautés changent-elles?

Quelle motivation à changer d’attitude suscitons-nous chez ceux que nous étiquetons d’islamophobes ou ou de revendicateur-qui-vient-nous-changer-chez-nous?... Une amie, préposée dans une cafétéria d'hôpital, me racontait qu'elle avait plaisir à complimenter certaines femmes musulmanes sur la beauté de leur voile. Qui sait si de retour chez elles, ces femmes ont pu se demander elles-mêmes leurs raisons de porter un voile?... L'une qui le porte par sentiment d'appartenance à sa communauté d'origine continuera sans doute à le porter. Une autre qui le vit comme une prescription sociale patriarcale osera peut-être l'enlever...
«On ne voit bien qu’avec le cœur» disait le Petit Prince.

Ce que plusieurs ne voient pas, c'est que leurs interventions nous paralysent dans un modèle gagnants-perdants. Il faut des coupables, ce sont eux...
Un autre principe d'action me paraît sûr : «On ne peut pas changer une situation en restant dans le modèle de pensée qui l’a fait naître» : c'est un des constats que font les analyses sur des changements sociaux qui ont avorté.
Nos solutions sont-elles vraiment d'un modèle gagnants-gagnants? Ça demande le courage d'exiger, et de soi et des autres, que chacun fasse son bout de chemin, accepte des compromis. C'est le prix à payer pour réellement créer du neuf ensemble.

 

  • Contact

Nos rencontres Cultures au coeur sont nées dans l'esprit du proverbe amérindien :  « Tu comprendras l’autre quand tu auras marché trois lunes dans ses mocassins». Nous avons commencé par tenir des soirées-rencontres qui réunissent des Québécois d’origine et des Québécois d’adoption : des témoins sont invités à nous raconter leur parcours culturel.

Par exemple, une personne comme Nour Sayem  -  Syrienne d’origine et réfugiée au Québec depuis 50 ans  -  nous a appris à voir l’égalité hommes-femmes avec d’autres yeux, nous montrant comment sous des dehors où ce sont les hommes qui prennent nombre de décisions, ce sont les femmes qui inspirent les décideurs et désamorcent bien des conflits. Les femmes syriennes ont obtenu le droit de vote bien avant les femmes québécoises !

Après plus de trois ans à tenir ces rencontres  -  avec un grand bonheur, d'ailleurs  -  nous entreprenons d'explorer le jumelage interculturel, voulant vivre un contact plus direct de personnes à personnes, de familles à familles, au pied de notre porte. Notre idéal est modeste: semer quelques germes d’amitié avec quelqu’un d’une autre culture que la nôtre. Et s'il y a des services à échanger, le faire à travers l'Accorderie de Québec, qui a mis au point un système de troc basé sur le gagnant-gagnant. Faire des choses de plaisir ensemble, s'écouter, découvrir d'autres visions de la vie, au travers des courses à faire, des enfants à prendre dans les bras et des inattendus vécus de part et d'autre à la petite semaine.

Ma conclusion
Oui, je suis convaincu que le contact au milieu de la vie ordinaire, direct, accueillir sa vérité telle que lui la voit au risque qu’elle vienne secouer la mienne, est porteur de semences. J'appellerais ça prendre le risque de l'autre.
Je crois que toute semence aura sa récolte. Comment?... Je ne le sais pas par avance et je n’ai pas à trouver seul la réponse : et si nous la trouvions ensemble?…
 

 

Publié le 2017/03/27 - 12:23  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Mesurer le degré d’islamophobie?  -  par l-Editeur

Et si on dressait la carte d’avancement de nos dialogues interculturels?...

« Au lieu de changer le monde,
nous pouvons créer un monde que nous n'aurons pas besoin de changer,
un monde vers lequel les gens vont tourner leur regard pour s’y éveiller.
Nous pouvons le faire par une simple respiration.
Mais nous devons la faire ensemble.»

Wes Annac

 

Une causerie stimulante

Hier soir, se tenait un agréable souper-rencontre avec la communauté musulmane : ‘Apprenons à nous connaître’, au Patro Roc-Amadour, à Québec. Nous avons pu entre autres écouter Monsieur Haroun Bouazzi, co-président de l'Association des Musulmans et des Arabes pour la Laïcité au Québec. Il présentait le résultat de ses recherches et réflexions sur la laïcité, puis sur l’islamophobie.

Son analyse du sujet semble avoir porté sur plusieurs années. Elle lui a fait dresser une carte d’événements haineux à l’égard de la communauté musulmane à travers le Québec. Il en tire le point de vue qu’au Québec, il y aurait effectivement du racisme, de l’islamophobie. «Ça permet de comprendre, mais pas d’excuser…» conclut-il.

M. Bouazzi a invité les gens à intervenir suite à son exposé. J’aurais aimé prendre la parole, car plus sa présentation avançait, plus j’éprouvais un malaise, que j’avais du mal à me formuler à moi-même.

Après l’exposé, les participants ont été invités à s’associer dans les semaines qui viennent à une recherche pour amener plus loin la connaissance des faits entourant l’islamophobie, si j’ai bien compris.


Ma réflexion

J’entends mieux aujourd’hui ce que cette causerie m’a laissé comme émotion et réflexion. J’étais triste.

Oui, cette analyse, probablement honnête et même rigoureuse, me laissait en panne d’énergie. Je voyais déjà les médias sociaux, les radios et les journaux bas de gamme se faire un plaisir de la relayer, et surtout de l’amplifier. Je voyais des intégristes de tous horizons y trouver une occasion rêvée pour justifier leurs coups de gueule publics  -  que ce soient ceux qui se réclament de l’Islam, pour accuser avec force la société québécoise de racisme; ou ceux qui se réclament de la société québécoise et y trouvent de quoi justifier leur envie de barrer la porte à tous les immigrants. Un président américain d'actualité leur fournirait un excellent carburant par les temps qui courent…

Au fil des années j’ai appris que le fait de maintenir notre attention sur ce qu’on ne veut pas, même si c’est pour le changer, a toutes les chances d'amener au résultat contraire : on lui donne de l’énergie. «Ce à quoi on résiste persiste». Nous connaissons tous d’évidence le principe semence-récolte. Toutefois, nous ne sommes pas toujours conscients qu’entre nos deux oreilles il y a le jardin de la pensée et des émotions. Je crois qu’il y a là une loi de la vie, aussi bien dans l’expérience personnelle que collective.


L’action positive

M. Bouazzi a conclu avec justesse son exposé en invitant à des actions positives, favorables au dialogue :
- «Continuer d’aller vers l’autre»
- «S’approprier l’identité québécoise»  -  refuser de se laisser prendre dans le modèle nous-eux»
- «S’impliquer».

Il a aussi reproché à l’école québécoise d’avoir une attitude molle face au racisme, de ne pas former spécifiquement les jeunes face à l’islamophobie.


Quelques malaises à comprendre de part et d’autre

Je réfléchissais aux débats qui ont cours dans la société québécoise à propos des pratiques religieuses d’hier en sol québécois, ou des réactions d’insécurité qu’on entend de nos jours à l’égard de l’Islam  -  chez des gens qu'il ne viendrait pourtant pas à l’idée de taxer de racistes ou d’islamophobes.
Et plus je réfléchissais, plus je voyais des points communs à l’héritage de l’Islam et à l’héritage québécois issu du christianisme. À titre d’exemples :

- Des héritages religieux qui valorisent quelquefois la peur de Dieu, souvent la soumission aux élites religieuses. Et qui proposent un credo qu'ils aimeraient voir englober la vie entière  -  y compris le vêtement, la vie en société, et même l’univers politique.

- Des rapports hommes-femmes ambigus dictés par une phase patriarcale de la société, où l’homme a le plus souvent le beau rôle et se permet des libertés qu’il refuserait à sa propre compagne.

- Un ensemble de croyances et de codes de comportement qu’il faut comprendre dans le contexte de l’époque où les prophètes porte-parole les ont proposés, mais qui aujourd’hui apparaissent parfois anachroniques, compte tenu que l’humanité a atteint un niveau de conscience plus élevé, que les gens sont prêts à une plus grande autonomie.

- La persistance aujourd’hui de symboles religieux forts (le voile, le crucifix, le kirpan,…), qu’on souhaite conserver parce qu’ils nourrissent encore le sentiment d’appartenance à une communauté, mais qui ont de moins en moins de rapport avec la spiritualité réelle de chacun, car elle se vit aujourd'hui davantage dans la sphère du privé, et souvent à l’écart d’une institution religieuse.


Donner le droit à l’autre d’être vulnérable

Les malaises évoqués plus haut ne sont pas des réalités objectives, qu’il serait facile de mesurer, mais ils conditionnent de façon puissante les attitudes. Toute société a son cadeau à faire au monde. Mais chacune a aussi ses vulnérabilités où elle besoin de se sentir comprise, pour pouvoir en changer, passer à une plus grande maturité. Il importe de les connaître afin de comprendre certains réflexes des Québécois dits de souche, face aux influences externes  -  réflexes qui ne peuvent évoluer qu’avec le dialogue et le temps.

Pour la société québécoise, il y a une action décisive à mener, non mentionnées par M. Bouazzi : c’est celle d’inviter les Néo-québécois à découvrir l’histoire du Québec  -  ce qui leur fera mieux comprendre combien son contexte de survie collective dans cet océan humain qu’est l’Amérique du nord, a conditionné ses façons d’être, sa langue, ses valeurs …et aussi ses insécurités.

Oui les Québécois sont bienveillants, et c’est tout à leur honneur. Les gens issus de l'immigration avec qui j'ai un réel dialogue l'affirment, et c'est rare que j'en côtoie qui les taxeraient de racistes. Oui ils peuvent devenir méfiants lorsqu’on touche à certaines fibres où ils sont vulnérables  -  et ils ont besoin d’être compris là aussi. Cette méfiance s’active face à des gens et des groupes culturels qui les critiquent de l'extérieur sans leur manifester le désir de vivre quelque chose avec eux. Car alors ils menacent un équilibre encore précaire  -  et ça se traduit, oui, par une réticence à leur ouvrir la porte de leur cœur,  et de là l'accès au logement ou à l’emploi. C’est sans doute une immaturité de la part de la collectivité québécoise, mais tant qu’on n’a pas rejoint le cœur des Québécois dans ce défi original qu’ils portent, on risque d’activer cette écharde dans leur peau culturelle, et alors de retarder un vivre-ensemble harmonieux avec eux.


L’éducation des jeunes Québécois

Des cours actuels comme ‘Éthique et culture religieuse’ regorgent d’orientations et de pistes d’expériences magnifiques pour éveiller au vivre-ensemble, par surcroît dans un esprit très positif. J’ai eu l’occasion de côtoyer au Ministère de l’éducation quelques artisans de ces orientations : ils ont souvent remporté mon admiration. Si le support qu’on donne aux enseignants laisse à désirer, ça c’est un autre défi.

Je suis de ceux qui préconisent une présentation en classe la plus objective possible des courants culturels et religieux, en insistant non seulement sur les droits humains, mais aussi sur les responsabilités qui s’en suivent; sur les droits personnels, mais aussi collectifs.

Je ne crois plus à la valeur pédagogique de monter en épingle les inepties des uns et des autres, par exemple en dressant les contours de l’islamophobie  -  ce qui ne fait qu’activer un modèle du nous-eux que rejette pourtant M. Bouazzi.

Et si nous n’arrosions que les fleurs que nous voulons voir pousser? Les autres se faneraient peut-être d'elles-mêmes... L'approche d'annoncer plutôt que dénoncer semble improductive à court terme, mais combien plus gagnante à long terme, car elle énergise le coeur plutôt que de le décourager.


Avons-nous l'audace de valoriser l’esprit critique chez nos jeunes?  -  bien sûr, en leur apprenant à comprendre l’autre dans ses différences, et peut-être dans les défis qu'il a dû surmonter; en leur proposant un vrai contact avec lui, plutôt que de le juger ou de le stigmatiser à distance.  

Ce type de pensée critique, les adeptes d’une pensée intégriste la prendront toujours comme une forme de racisme et une insulte ...jusqu’à ce que des gens ouverts les aient à leur tour écoutés et compris dans leurs propres peurs, leur donnant alors accès à leurs aspirations profondes.

Je sais gré à M. Bouazzi de m'avoir permis de pousser plus avant cette réflexion.

 

Publié le 2017/03/13 - 13:49  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Autour de la Journée internationale des femmes  -  par l-Editeur

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8 mars : je lève mon verre aux femmes...
...et au féminin logé dans chacun des hommes


Quelle vision avez-vous gardée d'un vrai homme? d'une vraie femme?...

Que vous ont appris vos parents, votre groupe culturel là-dessus? Votre mère ou vos grands-mères avaient-elles leur mot à dire dans les décisions familiales? au sein des organismes de leur milieu?
Avez-vous vu votre père, vos grands-pères, prendre un enfant dans leurs bras? pleurer un deuil?...


Je lève mon verre aux femmes...

...À celles qui se lèvent et revendiquent le respect de ce qui porte la vie : aussi bien elles-mêmes que notre mère Terre..

...Aux femmes qui osent exercer leur pouvoir d'une façon féminine, dans la famille ou dans une entreprise. Et qui enseignent à leurs filles à se respecter et se faire respecter où qu'elles aillent.

...Aux femmes qui osent s'interposer dans leur communauté quand on leur demande d'exciser les fillettes, de s'exclure du clan quand elles ont leurs menstruations, ou de rejeter les adolescentes trafiquées pour le tourisme sexuel quand par bonheur elles arrivent enfin à revenir à leur village.
 

Papa-et-fils_rires.jpgEt je lève mon verre aux hommes...

...À ceux qui osent serrer leurs enfants sur leur poitrine, les corriger ou leur dire non avec bienveillance, et par moments osent pleurer leurs émotions ou demander pardon.

...Aux hommes qui font tout pour résoudre les conflits par la négociation et la conciliation, au prix même de perdre la face devant leurs pairs ou la communauté.

...Aux hommes qui ont le courage d'instaurer dans leur organisation des mécanismes favorables à l'égalité hommes-femmes, et qui déjà éveillent leurs enfants aux mêmes valeurs.

 

Quelles visions de la vie entretenez-vous?...

Mettons tout ça en perspective... Plusieurs enseignements spirituels considèrent que l'énergie masculine et l'énergie féminine, le yin et le yang, sont les deux grandes polarités de la vie. Leur combinaison apparaît essentielle à la survie d'une communauté humaine.

 Il semble bien que le masculin apporte le pilier, la stabilité, la volonté, la direction, tandis que le féminin apporte le mouvement, crée la vie, harmonise les relations à l'intérieur d'un groupe. Un proverbe résume ça  : «Le masculin cause et le féminin permet».

Nos psychologues affirment que tout être humain a en lui ces deux polarités, à des degrés différents : les hommes ne comprendraient pas les femmes s'ils n'avaient pas en eux-mêmes une bonne dose de féminin, et de la même façon les femmes ont leur part de masculin.
Vous l'avez vécu et observé : sans doute avez vous admiré des femmes et des hommes qui combinaient valeurs et force intérieure : telle mère montrait une façon bien féminine d'exercer son influence, tantôt sur les décisions de son conjoint, tantôt en entreprise pour motiver son équipe. Vous avez sans doute aussi connu des hommes qui savaient entraîner les troupes et fixer des limites sans recourir à la peur ou à la contrainte, ici auprès de leurs enfants, là avec leurs employés.
Oui, nous les hommes avons à découvrir nos façons masculines d'aimer, et les femmes leur manière féminine d'exercer le pouvoir.


Nous avons aussi à reconnaître qu'actuellement notre société québécoise -  voulant corriger les excès du passé où les rôles hommes-femmes étaient coulés dans le béton  -  en arrive à laisser croire que nous devrions  vivre des rôles indifférenciés. On parle plus que jamais de conciliation travail-famille: ce n'est pas vrai que toutes les femmes voudraient passer autant de temps sur le marché du travail, tout comme des hommes tournent en rond quand ils sont tout le temps au foyer. Combien de femmes avouent discrètement qu'elles aimeraient donner plus de priorité à accompagner leurs enfants, si ce n'était pas de la pression sociale, et qu'un trois-jours-semaine à l'extérieur leur permettrait un meilleur équilibre personnel et familial. Comme société, il nous faut trouver à mieux combiner égalité d'accès et reconnaissance d'aspirations différentes.

 

Un exemple culturel évocateur

Certaines sociétés nous ont fourni des exemples heureux : elles prouvent qu'on peut partager autrement les rôles entre les hommes et les femmes, et tenir compte de ce que chaque sexe a de spécifique. Chez les Hurons - Wendat, au Québec  -  mais aussi chez plusieurs peuples amérindiens de tradition matriarcale  -  c'est le Conseil des femmes qui élisait le chef de la communauté, un homme.

Et lorsque les femmes avaient leurs menstruations  -  comme on leur reconnaissait un pouvoir d'intuition plus grand au moment de leurs règles  -  elles étaient invitée à se joindre à la tente des femmes durant trois jours. Bien sûr, pour refaire leurs forces, mais aussi parce que la communauté comptait sur elles pour conseiller le clan sur les meilleurs décisions à prendre : était-ce le temps de faire les semences? de partir à la chasse?...

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Je trouve beaucoup de sagesse dans ces traditions, pourtant très anciennes, au moment où notre monde se cherche et crie son désarroi en se fabriquant tant de souffrances.
Des femmes et des enfants courent sous les bombes pendant que les hommes se font la guerre. Des femmes sont obligées par leur communauté de transmettre des pratiques traditionnelles aujourd'hui dépassées, qui ne font qu'entretenir la douleur et la soumission des femmes : comment concilier leur rôle de mère et celui de gardiennes de l'harmonie dans la communauté?...


Faire du neuf ensemble ?...

Oui, vite un monde où nous saurons trouver un autre équilibre entre les hommes et les femmes. Au point qu'il ne sera plus nécessaire de dédier une journée spécifique aux femmes...
...à moins qu'on en fasse une  Journée de la créativité entre les hommes et les femmes, tiens !
Imaginez une journée où les femmes et les hommes vont intervertir leurs rôles pour mieux comprendre ce que l'autre vit au quotidien, puis s'en parler après...  On pourrait appeler ça «Se donner un genre» : qu'en dites-vous ?...
J'ai proposé cette idée à Pierre-Paul et Lise, un couple de bons amis : avec un rire ébloui, Lise a vite proposé que ça dure toute l'année !
 

 

Publié le 2017/03/08 - 10:27  - 1 commentaire - 1 commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Après l'attentat de Québec, une vigile de solidarité lumineuse...  -  par l-Editeur

 

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« C’est pas comme ça
qu’on change le monde… »

Jean-Claude X, Québécois, ancien militaire

 

L'attentat a eu lieu il y a deux jours. Ce soir, des gens arrivent de partout, venus entourer la communauté musulmane éplorée par son drame.


Oubliant le froid, des familles avec leurs enfants... des gens qu'on entend parler arabe... des représentants politiques qui vont du maire de Québec au premier ministre du Canada... L'émotion monte de voir et de participer à cette marée humaine qui défile dans les rues du quartier Ste-Foy, à deux pas de la Grande mosquée. Dans un recoin du coeur, nous sommes fiers de participer comme à un moment sacré et porteur de promesses, sans trop savoir nommer l'émotion qui nous réunit.


Tout ce monde est venu entourer la communauté musulmane éplorée par son drame des derniers jours. Tandis que des jeunes allument et distribuent des bougies dans la nuit, certaines personnes qu'on devine de culture arabo-musulmane cherchent leurs mots pour exprimer le réconfort qu'elles ressentent à être entourées à ce point. Certains sur place, doublés des témoignages entendus sur les médias, expriment qu'ils sont heureux de vivre à Québec  -  les uns depuis 3, 20, 30 ans maintenant.


Beaucoup de silences habités nous réunissent...J'ai quand même saisi au vol et participé à des conversations quelque fois inattendues. Des gens commentent le drame qui les ébranle... Des jeunes musulmans répondent à des questions sur leur foi... Je devine que bien des Québécois se surprennent à vouloir mieux comprendre : islam, islamisme... Et que beaucoup, parmi les participants issus de l'immigration, ressentent cette bienveillance caractéristique des Québécois, empreinte de simplicité, qui cherchent avec pudeur à communiquer leur sympathie.


« N'importe où, mais pas à Québec !?... »

Demain chacun de nous rentrera au chaud dans sa maison. Aurons-nous questionné ce qui a permis qu'on en soit arrivé là ? Comment allons-nous emmagasiner l'énergie qui se dégage ce soir en un pareil rassemblement, pour guérir autant qu'enfanter notre avenir ensemble, afin que le drame qui nous réunit n'ait pas été inutile ?...


Nous sommes un peuple à la fois généreux et vulnérable. Dissoudre la peur et l'intolérance appelle autant un travail sur nous-mêmes qu'une recherche de nous ouvrir au monde. Ça se fait dans l'expérience, le contact réel, au pied de notre porte, et pas seulement dans la tête en écoutant les nouvelles.


Accueillir dans le concret...

Quelle sera notre réaction demain quand un parent ou un copain aura un propos qui dénigre un ressortissant du Moyen-Orient ?... Quand une personne portant barbe ou voile viendra solliciter un logement ou un emploi près de nous ? Qu'apprendront-nous à nos enfants sur la famille humaine ?... (1)   Laisserons-nous à d'autres de s'en charger ?...


...Mais aussi nous respecter nous-mêmes

En même temps, comment allons-nous affirmer nos valeurs et notre langue, qui font notre identité et notre originalité en Amérique ? À la fois personnellement et collectivement.

Trouverons-nous des accommodements  vraiment raisonnables et une protection du français, dénués de partisanerie politique, où la grande collectivité québécoise va se sentir respectée ? Là se loge aussi un sentiment de sécurité qui fait qu'on ne craint pas d'ouvrir son coeur et sa porte.


Khalil Gibran nous proposait une clé de compréhension de ce qui vient de se passer chez nous dans l'attentat, en le regardant d'un point de vue énergétique : « Une seule feuille ne jaunit jamais sans l'accord de tout l'arbre ». Et si nous inversions la phrase pour en faire un principe d'action ? : « Une seule feuille ne verdira jamais ...sans l'accord de chacun de nous.


Créer des occasions d'ouverture

C'est bien ce que semblent avoir compris Mohamed Soulami et son équipe d'Actions interculturelles, cités par le Devoir (2017-02-01). Ils ont entrepris d'inviter les citoyens de leur région à poser personnellement un geste d'ouverture quelconque : « Ça peut être un café entre un Québécois d'origine et une personne d'une communauté, un dîner communautaire..., peu importe. Ça va permettre de développer des amitiés et une harmonie au sein d'un immeuble résidentiel, dans une unité de voisinage. »


Quand le mot musulman  dans notre tête réveille spontanément le visage d'une personne qu'on aime, d'une famille qui nous est devenue sympathique, on a traversé le pont : on se sent de la même grande communauté québécoise, on devient à l'abri des ghettos et des extrémismes.

C'est bien aussi ce que nous avons entrepris, à Québec, avec le jumelage Cultures au coeur.  Bienvenue de vous joindre à nous !


Denis Breton


(1) Je vous suggère ce texte d'opinion remarquable : La culture religieuse à  l'école: une nécessité pour construire le vivre-ensemble

 

Publié le 2017/01/30 - 15:33  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Bonne fête Québec !  -  par Editeur

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« Il me reste... Il te reste... Il nous reste un pays... »

Une journée pour fêter ensemble... Et pas longtemps après nous demander ce qu'est devenu notre rêve collectif.
 

Je vous encourage à redécouvrir pour aujourd'hui cette chanson de Gilles Vigneault : nous l'avons fait à une récente soirée Cultures au coeur. La chanson a de la barbe ! (1973). À l'origine, certains n'y avaient vu qu'une promotion de l'indépendance politique du Québec.


Pourtant, Vigneault creuse beaucoup plus profond : dans notre sentiment d'appartenance à un peuple en croissance. Si nous le comparons à un arbre, c'est un peuple fait d'Autochtones à la racine, de Québécois à la souche et d'arrivants plus récents ...qui pour un moment 's'accrochent aux branches' ...jusqu'à se sentir pleinement Québécois à leur tour. Tout ce monde à l'intérieur d'un grand peuple qui devient planétaire et cherche aussi ses levers de soleil.



De quel pays rêvez-vous ?...

« ...Ce pays que je cherche au fond de moi... » nous dit Vigneault :  c'est actuellement toute notre société québécoise qui porte cette recherche. Quelles sortes de fleurs et de fruits notre arbre va-t-il produire pour la suite ?... Tout comme plein de musiques exotiques font désormais danser nos pieds; tout comme plein d'aliments exotiques viennent ajouter aux saveurs de notre table, trouvez-vous comme moi qu'il serait l'heure de métisser aussi certaines de nos visions du monde, certaines façons de nous relier ? ... Ça implique de dissoudre quelques peurs de l'autre, différent. Mais pour y arriver, d'oser d'abord prendre notre place au soleil chez nous, d'inviter le nouveau voisin à dire avec nous le bonheur en français dans cette terre d'Amérique...


BonneFeteQuebec.jpg« ...Un monde finit, un autre commence... » chantait récemment Vigneault. Le poème qui suit nous donnait il y a bien longtemps son état d'âme (Mon pays, 1964):


De mon grand pays solitaire
Je crie avant que de me taire
À tous les hommes de la terre
Ma maison c'est votre maison
Entre mes quatre murs de glace
Je mets mon temps et mon espace
À préparer le feu, la place
Pour les humains de l'horizon

Et les humains sont de ma race

 

D'après une photo de la Centrale des Syndicats du Québec, dans Le Devoir


Pour l'instant, l'heure est à la danse, au jeu, à la bonne bouffe. Retrouvons le brillant dans nos yeux...
Bonne fête Québec !

 

Publié le 2016/06/24 - 13:52  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Hommage aux Premières Nations  -  par Editeur

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Aujourd'hui, 21 juin, Journée nationale des Autochtones au Canada.

J'aimerais aujourd'hui profiter de ce moment heureux pour dire, bien personnellement, un sincère merci aux gens de nos Premières Nations.


Leur héritage de sagesses millénaire devient progressivement le nôtre. Elles font un bout du chemin, en nous partageant leurs coutumes ancestrales. Nous faisons l'autre bout du chemin, en écoutant avec plus de sincérité les détresses auxquelles elles font face aujourd'hui, et en y trouvant des solutions socio-économiques et politiques.


Qu'est-ce qui me touche surtout chez les Indiens que je côtoie? Humm... Je pense spontanément à leur vision spirituelle de respect de la vie : ça me touche qu'ils se considèrent fils de la Terre mère plutôt que prédateurs d'une planète à siphonner. Leur respect des Aînés et leur sentiment de responsabilité envers leurs descendants me rejoint aussi. Tout comme j'admire leur pédagogie faite d'observation de la nature et de la pratique des Anciens. Je suis admiratif aussi devant leur culture du dialogue : à chaque occasion que j'ai eue de participer à un Cercles de parole avec eux, ils m'ont témoigné qu'à leurs yeux tous ont la même valeur, qu'il soit question d'exprimer son état d'âme, de mûrir des décisions qui concernent le clan, ou de résoudre des conflits qui épuisent l'énergie des personnes et déteignent sur la communauté.


Du côté douleur, j'en ai appris beaucoup sur la vaste tentative tentative de génocide que nos élites ont orchestrée à travers la création des réserves indiennes, les abus d'enfants dans les pensionnats, ou les enlèvements de femmes jamais retrouvées... Mais du coté bonheur, j'ai goûté à des rituels de purification amérindiens, appris de leurs connaissances ancestrales sur les plantes qui guérissent, et entendu comme une musique le fait qu'ici et là on ose à nouveau enseigner aux enfants leur langue maternelle amérindienne.


Oui, ce mouvement actuel croissant de libération de la parole chez les Premières Nations, doublé de nos rencontres de plus en plus fréquentes à travers toute sorte d'événements interculturels, me fait pousser un soupir de soulagement. Il y a plusieurs années déjà, j'étais intrigué par ce qu'on appelle la prophétie Maya, qui disait à peu près ceci : « Un temps viendra pour les Premières Nations de redonner au monde leurs sagesses... »  Dans ma tête, cette vision se complétait d'une autre : « ...et ce sera un lever de soleil guérisseur où elles retrouveront leur estime d'elles-mêmes. » Décidément, cette heure est arrivée.


Saviez-vous ça?...
Les Autochtones face à la différence d'orientation sexuelleMissionPaix2015_C_w.jpg

Pour illustrer quelque chose de ce lever de soleil, j'aimerais évoquer un recoin de la culture autochtone que j'ignorais moi-même jusqu'à tout récemment  -  probablement méconnu de la plupart des gens autour de moi. Il m'aura fallu la tuerie d'Orlando, ces semaines dernières, et des réactions d'exclusion sociale à l'égard des gais et transgenres pour que je découvre le rôle d'éclaireurs joué par les peuples autochtones dans ce domaine. Je laisse la parole à Natasha Kanapé Fontaine. C'est tiré de sa page Facebook :


«Dans plusieurs traditions et philosophies autochtones en Amérique du Nord, les LGBT étaient considéré.e.s comme des êtres humains ayant reçu deux esprits à la naissance: l'esprit féminin et l'esprit masculin dans le même corps. On les nommait les Deux-Esprits. Ils étaient alors immensément respectés, par leur double vision, leur pouvoir spirituel et leur don de conscience aiguë des choses visibles et invisibles. Chez certains clans, ils occupaient souvent des places importantes telles que celles de guides spirituels, de grands guérisseurs et de Tricksters [personnages humoristiques hautement spirituels]. Cette époque s'est révolue pour plusieurs avec la colonisation et le basculement de nos civilisations.


Aujourd'hui, plusieurs leaders et communautés autochtones, urbaines ou rurales, retournent à cette philosophie et travaillent à la revitaliser, parce qu'elle est plus semblable à notre mentalité qu'à celle de la société dominante. Elle permet également à ce que chacun.e puisse apporter à la collectivité pour pouvoir élever spirituellement et intellectuellement les individus, pour toujours mieux faire avancer la société, et assurer l'avenir aux générations futures, en honorant les générations précédentes.

Les LGBT sont celleux qui apportent l'équilibre dans le monde. S'attaquer à elleux, c'est s'attaquer à notre propre équilibre. »

 

Une occasion prochaine...

À propos de rapprochements, connaissez-vous la Mission de paix, qui se répète chaque année sur le fleuve St-Laurent depuis 8 ans, je crois ?  Un bande de joyeux canotiers  -  elle réunit des gens des Premières Nations et des Québécois d'autres origines  -  qui pagaie pendant 12 jours et fait halte à plusieurs endroits, invitant la population locale à se joindre à eux le temps d'un cercle de parole ou d'un repas informel.

Vous et moi pouvons aussi venir au devant de cette délégation pacifique, pour saluer son arrivée sur le rivage de Québec et même planter avec elle un arbre sur les Plaines d'Abraham, derrière le Musée des beaux-arts :

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La Mission de paix 2016 :
Du dimanche 26 juin : départ de Kahnawake (Montréal)
Au jeudi 7 juillet  : arrivée à Québec


Pour suivre la progression de jour en jour:
http://www.famillesdumonde.org/home/mission-de-paix

http://media.reseauforum.org/node/11117

 

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http://www.cpn.uqam.ca/fr/2016/evenements/conference-la-mission-de-paix

 

Denis Breton

 

Publié le 2016/06/21 - 15:09  - 1 commentaire - 1 commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Les réfugiés fuient justement le terrorisme  -  par L-Editeur

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Crédit-photo: Immigration-Canada

 

« Qui prendra le temps
de donner du temps à ces gens
pour qui le temps s'est arrêté
dans le cri assourdissant des bombes ? »

Josée Blanchette, Le Devoir, 2015-12-11


La Syrie vit un génocide sous nos yeux : 300 000 morts, 2 millions de blessés, 4 millions de réfugiés, 11 millions de déplacés.*  Des gens d'une société moderne comme la nôtre, souvent très scolarisés, qui ont eu le tort de vouloir se libérer d'une dictature sanglante, doublée récemment de l'invasion de l'État islamique. Comment nous sentons-nous concernés ?...


Nos soirées-rencontre à l'Accorderie de Québec ont commencé à se pencher sur la question. L'intérêt est grandissant. Parcourez déjà notre compte rendu de la rencontre de novembre 2015.

Et une page à propos de l'accueil des réfugiés s'est récemment ajoutée dans notre site Cultures au coeur.  Elle vous propose de vous positionner personnellement face à ce mouvement de solidarité  -  qui promet d'apporter de l'oxygène à notre société par l'ouverture du coeur qu'il soulève.


Cette page suggère des organismes à contacter si on veut aider des réfugiés.

Elle propose en plus une petite liste pour réfléchir à la sorte d'aide qui correspondrait à notre sensibilité ou à nos moyens, qui d'ailleurs pourrait s'adresser à toute sorte de gens autres que des réfugiés s'ils vivent un besoin d'intégration sociale : Quelques façons d'aider : qu'aimeriez-vous faire ?...


La liste qui précède s'adresse à des gens de coeur.
Mais quoi proposer à des gens de peur ?... À ceux de notre entourage tentés de se laisser piéger par une question insidieuse : «...Et si se glissaient des terroristes parmi les réfugiés qu'on nous demande d'accueillir ?... ». Cette promotion de la peur est habilement orchestrées. Bien sûr, vous allez penser aux mouvements américains de refus des Musulmans. Mais qu'en est-il de ce que nous servent nos médias de masse, dans notre journal du matin ou notre téléjournal du soir ?...


Quelle est la réalité des migrants ?
Ici vous et moi pouvons aider, rassurer, en sensibilisant au contexte des migrants qui pourraient devenir réfugiés chez nous. Que cherchent les migrants de Syrie ou d'ailleurs ?  À trouver enfin un havre de paix quelque part. Ils risquent leur vie, les uns en payant chèrement un passeur qui les prend à bord d'un bateaux de fortune au péril de la mer. D'autres marchent des jours  - tenaillés par la faim, la soif, l'absence d'intimité et le froid de l'hiver qui arrive  -  souvent pour se faire refuser l'asile aux frontières d'un pays de transit.


Quelle est la possibilité d'une infiltration de des terroristes parmi eux ?... C'est une chose théoriquement possible, oui. Mais quel terroriste voudra se joindre à pareilles expéditions, sans bagages ni moyens de transporter une arme ou des explosifs, et sans aucune assurance de survivre ?... Se pourrait-il que les terroristes préfèrent des moyens plus sûrs et moins souffrants?... Se pourrait-il que les vrais terroristes soient ceux qui cherchent à alimenter la peur, et qu'eux soient déjà parmi nous, à contrôler nos médias de masse ?...


Si ceci est vrai, il n'y a pas de doute qu'une première aide à apporter autour de nous est de réconforter les gens de notre entourage. Simplement en parler, à partir du gros bon sens. Aider à ce qu'ils soient rassurés  -  ce qui alors peut leur faire décider, tout comme vous et moi, d'écouter leur coeur plutôt que la peur. Des petites magies de rencontres peuvent alors naître...


* Source des données : Nicolas Tenzer, Le grand renoncement... ou les États-Unis face au génocide syrien, Le Devoir, 12 février 2016.

Publié le 2015/12/12 - 12:50  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Je me suis pris à rêver...  -  par L-Éditeur

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Un grand Québécois vient de décéder : Jacques Parizeau. Les éloges fusent de toute part, aussi bien de ses amis que de ses adversaires politiques. Tous ont reconnu sa stature d'homme d'état, son intégrité, sa force intérieure... Et tout particulièrement le but qu'il a toujours visé  -  tout comme René Lévesque, fondateur du PQ : donner aux Québécois la fierté d'eux-mêmes.


Pour y arriver, Jacques Parizeau a créé des mécanismes de gestion modernes capables de nous amener à être « maîtres chez nous ». Nous lui devons par exemple la Caisse de dépôt, comme il avait contribué avec ses prédécesseurs à la nationalisation de l'hydro-électricité. Il nous a conduits aux portes de l'indépendance, ce moyen qu'il croyait nécessaire pour nous pousser à nous tenir debout et à croire en nous-mêmes.


En lisant ou en écoutant les commentaires dans les média, je me suis pris à rêver. Comme je l'avais fait, alors jeune étudiant, à cette époque qui s'est appelée notre Révolution tranquille. Je me souviens, nous participions à des rassemblements citoyens captivants. Nous étions portés par une ferveur, une émotion collective, je dirais. Nous recommencions à nous parler : dans le voisinage, au travail... Et même sur la rue avec des gens inconnus : nous avions l'impression de les connaître, puisque nous nous sentions avoir en commun quelque chose d'un grand projet humain... Nous recommencions à croire à tous les possibles.


Et depuis ?
Le temps passe. Les réactions chaleureuses à l'occasion du décès de Jacques Parizeau montrent bien que son rêve d'un peuple debout est aussi le nôtre, qu'il coule toujours dans nos propres veines, peu importent nos options politiques. Ce rêve a connu des soubresauts, nous ne savons plus comment le rêver, et pas encore comment le concrétiser. Pendant ce temps la planète se mondialise, et le Québec vit de grands changements. Les Néo-Québécois deviennent plus nombreux. Prêtez l'oreille : on entend parler espagnol à Gaspé et népalais à Québec... Et c'est heureux.


La génétique de nos ancêtres a été un puissant levier pour forger notre sentiment d'identité. Le voisinage des Premières Nations a façonné notre pacifisme. Nos hivers, nos forêts et nos espaces ont fait le reste. Tout ça a fait de nous un même peuple. Nous l'avons chanté avec Félix Leclerc, avec Gilles Vigneault, avec Beau dommage et d'autres poètes plus récents. Notre besoin d'être un peuple, besoin de reconnaître ce que nous avons d'unique de par notre histoire, est resté intact et plus que jamais nécessaire. Trop souvent nous nous sommes excusés d'être d'être nous, avons branlé à l'idée de prendre notre place. C'est l'heure de nous tenir debout ensemble, plus que jamais.


En même temps, vibre en moi la chanson Mon pays de Vigneault, qui nous amène plus loin encore : « ...Et les humains sont de ma race ». Avec la mondialisation qui avance à grand pas, et d'une façon si douloureuse ici et là, avec l'immigration croissante et bientôt un afflux de réfugiés comme nous n'en avons jamais connu encore, nous sommes pressés de conscientiser ce qui nous relie à la communauté humaine.


Se pourrait-il que notre rêve ressemble à un oignon prêt à se faire une nouvelle pelure, sans pour autant renier celles qui l'ont habillé jusqu'ici ? Nous avons marché sur le sentier qui convenait à nos souliers. Maintenant, ce sentier devient une autoroute. À ce qui nous ressemble, il est l'heure d'ajouter ce qui nous rassemble, à la mesure des défis d'aujourd'hui.


Refaire notre définition d'un peuple debout. Parmi nous, une communauté spirituelle que je découvre depuis peu, les Baha'i, en proposent une image : « La Terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens ». Il me semble qu'il y a là un double rendez-vous. D'abord convenir d'une priorité : revitaliser la Planète pendant qu'il est encore temps. À coup de paix par ici, à coup d'écologie par là. Et dans le même temps convenir d'une stratégie : cessons de cautionner nos gouvernants par nos silences, affirmons ensemble où nous voulons aller.


Décidément l'histoire n'a pas fini de s'écrire. Jacques Parizeau nous en laisse un exemple inspirant, qui vivra toujours dans notre mémoire.


Oui, je me prends à rêver...


Denis Breton
2015-06-05

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Publié le 2015/06/04 - 11:44  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Marcher deux lunes dans les mocassins de l'autre  -  par L\'Éditeur

Inukshuk_MichelineRoberge_P5240193.jpgUn article dans la presse de ce matin nous sensibilise aux « deux solitudes » qui se côtoient sur le terrain d'un nouveau projet d'Hydro-Québec :  « La cohabitation de travailleurs innus et non innus sur le chantier de La Romaine n'a pas contribué à rapprocher les deux communautés ». C'est le constat qu'a présenté à l'ACFAS, ces jours derniers, Alexia Desmeules du Département de géographie de l'UQAM. (1) L'article est intéressant autant pour mettre en évidence le défi culturel qui se joue sur ce chantier que pour souligner l'existence de pas bien réels faits pour rapprocher les deux communautés, blanche et indienne.


J'étais pensif en lisant l'article. Je me demandais quelles occasions il faudrait créer pour que les deux groupes puissent se parler de leurs visions respectives du développement ou du progrès... et surtout s'écouter ! Qu'est-ce qui amènerait chacune à reconnaître que les deux visions sont dignes d'intérêt, et sans doute complémentaires ? Plus loin même, essentielles  -  si nous voulons dissoudre peu à peu le sentiment de discrimination des Innus, tout comme la frustration des Blancs à percevoir les Indiens comme des privilégiés ?... Bien entendu, il faudra des concessions de part et d'autres. Long pas !... N'est-ce pas tout le défi évoqué par l'expression autochtone « ...Avoir marché dans tes mocassins » ?


Dans sa communication, la chercheure donne des preuves que c'est possible : elle évoque par exemple que les deux groupes ont une vision d'avenir positive du chantier de la Romaine, anticipant la possibilité de grossir la population locale et d'augmenter les redevances perçues par la communauté innu. Autre exemple : le fait que l'Association des gens d'affaires de la Minganie a été une création conjointe des Innus et des Blancs.


Mais ces pas sont fragiles s'ils ne sont que de la tête : on peut dorer son image publique sans pour autant se rapprocher. Je me dis qu'il faut des points d'appui plus solides, plus réels. Ce n'est pas tout le monde qui cherche à trouver ces bases dans une vision citoyenne ou même spiritualiste. Où alors les trouver, sinon dans des moments de loisir ensemble en marge du chantier, par simple plaisir de vivre ? L'autre n'est pas menaçant, et même qu'on a ri ensemble. N'est-ce pas ce que font nos enfants dans leurs carrés de sable, puis dans leurs cours d'école ?


Et là une étincelle peut se produire. Essayons d'en suivre la trajectoire de plus près. Quand j'ai contacté l'autre en chair et en os, quand j'ai vu ses enfants jouer avec les miens, tiens... : je me surprends à penser à ces gens-là au moment où je m'y attends le moins : ils m'habitent un peu... Peut-être avons-nous accordé deux instruments de musique, et nous nous sommes découvert quelques soifs communes. Ils existent pour moi. Tiens, tiens... et je me mets à les trouver beaux même dans leur différence.


Ceux qui auront goûté à cette étincelle voudront peut-être se revoir. Peut-être même vont-ils trouver une certaine confiance, doublée d'une bouffée d'énergie, pour proposer à leur groupe d'appartenance des initiatives plus formelles en direction d'un rapprochement qui va plus loin.


Après un temps, on finit par regarder en arrière et à s'étonner ensemble du chemin parcouru. Magie de l'être humain...


(1) Le Devoir, 2015-05-28


Denis Breton
2015-05-28

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Publié le 2015/06/03 - 12:10  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
La Journée nationale des Patriotes  -  par L\'Éditeur

 

Inukshuk_MichelineRoberge_P5240193.jpgUn lundi férié au Québec : pourquoi donc ?...

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Photo: Site du MNQ      

L'événement, en résumé

« La Journée nationale des patriotes est un jour férié et chômé au Québec le lundi qui précède le 25 mai de chaque année. Instaurée en novembre 2002 et célébrée pour la première fois en mai 2003, cette journée vise à « souligner l'importance de la lutte des patriotes de 1837-1838 (Rébellion des Patriotes) pour la reconnaissance de leur nation, pour sa liberté politique et pour l'établissement d'un gouvernement démocratique ». Avant 2003, le lundi précédant le 25 mai de chaque année était la Fête de Dollard, instituée dans les années 1920 afin de concurrencer la fête de la Reine célébrée ailleurs au Canada. »  -  Source: Site Wikipedia

 

Un peu d'histoire

Le site du Mouvement national des Québécoises et Québécois fournit un aperçu intéressant du parcours historique et courageux qui a conduit à marquer aujourd'hui cette journée à notre calendrier collectif, où s'est illustré par exemple Louis-Joseph Papineau.


Il s'agit d'un événement d'affirmation de l'identité du peuple québécois  -  et plus largement des communautés francophones au Canada  -  immergés dans l'univers anglo-saxon d'Amérique et soumis à des pressions constantes tendant à les assimiler.


En fait, le parcours des Patriotes revêt un caractère beaucoup plus large : il correspond à une mobilisation collective en faveur de valeurs universelles, comme par exemple le refus du racisme et du colonialisme.

« La lutte patriote montre également que la défense des droits démocratiques est parfaitement compatible avec la promotion d’une identité culturelle distincte en Amérique; que l’avancement des droits de la majorité peut s’inscrire dans le respect des différences. »


Le patriotisme, démodé ?

À l'heure où tant de peuples vivent des turbulences majeures et que les migrants sur leurs bateaux à la dérive ne se content plus, devrions-nous laisser le patriotisme de côté ?


Hum..., pas si sûr. Vous avez déjà observé, sûrement, un enfant à qui on demande de partager son espace de jeu et ses jouets : il faut le réconforter : « rassure-toi, tu ne perdras pas ta place... »


J'ai la conviction que la dynamique d'un peuple est la même que celle d'une personne : pour accueillir l'autre, il faut avoir l'estime de soi-même, se sentir en sécurité. Sinon c'est la crainte d'être envahi qui prendra le dessus.

Si nous voulons faire une place parmi nous à ceux qui nous demandent asile, nous avons besoin de puiser dans la fierté de nous-mêmes assez d'énergie pour leur exprimer « Nous sommes de la même famille humaine, venez... »  Le besoin de nous redire à nous-même notre parcours, en plus de le faire connaître à ceux qui se joignent à nous.

 

Denis Breton
2015-04-13

 

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Publié le 2015/06/03 - 12:06  - 2 commentaires - 2 commentaires - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Des cadeaux qui dérangent, aussi...  -  par L\'Éditeur

 

Inukshuk_MichelineRoberge_P5240193.jpgJ'écrivais précédemment que nombre de personnes issues de l'immigration me font envie par leur courage et leur ténacité de vivre. Mais il y a d'autres cadeaux de leur part que je n'ai pas pu reconnaître tout de suite. Des cadeaux qui m'ont mis en combat dans ma tête : à propos de ma façon d'être, tantôt comme personne, tantôt comme peuple.

Il s'appelle Amid. Il y a deux ans, il déménageait dans ma rue avec sa famille récemment immigrée. Un samedi matin, pendant que tout mon petit monde dormait, j'ai eu envie de lui écrire ce mot.


« Bonjour Amid,


Vous vous souvenez, l''hiver passé, ce matin de tempête ? J'étais en retard pour le travail, ma voiture embourbée dans la neige devant la maison. Vous êtes sorti de chez vous avec une pelle, et sans un mot vous m'avez dépanné. Sur votre visage un large sourire : ''Je m'appelle Amid..., et vous ?...''   Quelques temps après, j'ai su que ma fille côtoyait l'une des vôtres à l'école. Et même que nos conjointes s'étaient trouvées à l'épicerie ensemble. Puis, je vous ai aussi vu sortir de chez vous en donnant le bras à une dame âgée; on m'a dit que c'est votre belle-mère et qu'elle habite chez vous.


Vous ne vous en doutez pas, mais ce que je sais de vous m'a bousculé. J'avoue que j'avais certains jugements par rapport au pays d'où vous venez. Vous côtoyer m'a fait réaliser combien, ici, nous organisons la vie pour garder notre indépendance les uns des autres : laisser chacun vivre sa vie, ne rien devoir au voisin. On nous dit généreux, mais souvent distants; humains, mais avec un petit côté farouche. C'est vrai. À une couple d'occasions je vous ai vu en action, vous me semblez fonctionner avec le coeur : ça me repose de mon décor où tant de choses sont planifiées à partir de la tête. Votre souplesse me parle de mes raideurs. C'est curieux, souvent quand je vous croise, juste un salut et je continue mon chemin. Des fois j'aurais pourtant envie de m'arrêter...


Vous ne vous en doutez pas, mais dimanche dernier j'ai eu un long moment pensif, qui m'a ramené à vous. Je venais de rendre visite à ma mère : elle habite dans une résidence pour aînés en perte d'autonomie. Là j'ai vu là des gens seuls dans leur chaise; on m'a dit qu'ils n'avaient pas souvent de visite. Je repassais dans ma tête le film d'une semaine : nous courons pour aller au travail, pour amener nos enfants à la garderie; nous échangeons des textos peu engageants avec des gens qui courent eux aussi. Une vie compartimentée. J'ai eu tout d'un coup le sentiment que nous échangeons le sens pour la performance. C'est à ce moment que vous m'êtes revenu en tête. Vous m'avez l'air de vivre un peu différemment.


En fait, je voulais juste vous dire merci d'habiter dans ma rue... »



Je relis mon mot : il est toujours dans mon sac. Qu'est-ce que j'en fais ?...

 

Denis Breton
2015-04-18

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Publié le 2015/06/03 - 11:59  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Le cadeau de nos cultures : un monde de nouvelles saveurs  -  par L\'Éditeur

 

Inukshuk_MichelineRoberge_P5240193.jpgVous me faites découvrir l'avocat mexicain, le kaki cambodgien,... ou encore le thé à la menthe marocain : quelles saveurs ! Pour moi et ma famille ça va être pour un temps des expériences exotiques, ça va ajouter un inattendu et des couleurs sur notre table lors d'un anniversaire, par exemple. Puis elles vont se retrouver de plus en plus souvent dans notre assiette ou notre tasse, jusqu'à faire partie de notre menu-santé.


Si j'ai l'occasion de vous côtoyer de près, de vous écouter sur votre parcours de vie, il y a des chances pour que j'y trouve d'autres saveurs  -  pour le coeur, celles-là. Je pense à cette séduction qu'exercent sur moi les gens qui ont connu la guerre, les déplacements forcés, la vie en camp de réfugié ou un quelconque tsunami : « Comment arrivent-ils à parler de leurs drames avec le sourire, sans attaquer personne ou se laisser démoraliser   -  tandis que moi, originaire du Québec, j'ai envie de maugréer à la première tempête de neige?... » La résilience de ces gens-là me fait grandir, je dirais, par pur bonheur de les connaître.


Alors amenez-en, des saveurs nouvelles ! Et prenons ce repas ensemble , tiens...
C'est tout le sens du site Cultures au coeur  de vouloir dénicher ces saveurs, de vouloir les faire connaître, et de vous en donner le crédit si vous êtes le pigeon voyageur qui nous les a apportées. En un mot, merci !


Denis Breton
2015-04-13

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Publié le 2015/06/03 - 11:37  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  

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Publié le 2015/04/20 - 16:53  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
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Dernière mise à jour: 7 février 2019