Je me suis pris à rêver... - par L-Éditeur
Un grand Québécois vient de décéder : Jacques Parizeau. Les éloges fusent de toute part, aussi bien de ses amis que de ses adversaires politiques. Tous ont reconnu sa stature d'homme d'état, son intégrité, sa force intérieure... Et tout particulièrement le but qu'il a toujours visé - tout comme René Lévesque, fondateur du PQ : donner aux Québécois la fierté d'eux-mêmes.
Pour y arriver, Jacques Parizeau a créé des mécanismes de gestion modernes capables de nous amener à être « maîtres chez nous ». Nous lui devons par exemple la Caisse de dépôt, comme il avait contribué avec ses prédécesseurs à la nationalisation de l'hydro-électricité. Il nous a conduits aux portes de l'indépendance, ce moyen qu'il croyait nécessaire pour nous pousser à nous tenir debout et à croire en nous-mêmes.
En lisant ou en écoutant les commentaires dans les média, je me suis pris à rêver. Comme je l'avais fait, alors jeune étudiant, à cette époque qui s'est appelée notre Révolution tranquille. Je me souviens, nous participions à des rassemblements citoyens captivants. Nous étions portés par une ferveur, une émotion collective, je dirais. Nous recommencions à nous parler : dans le voisinage, au travail... Et même sur la rue avec des gens inconnus : nous avions l'impression de les connaître, puisque nous nous sentions avoir en commun quelque chose d'un grand projet humain... Nous recommencions à croire à tous les possibles.
Et depuis ?
Le temps passe. Les réactions chaleureuses à l'occasion du décès de Jacques Parizeau montrent bien que son rêve d'un peuple debout est aussi le nôtre, qu'il coule toujours dans nos propres veines, peu importent nos options politiques. Ce rêve a connu des soubresauts, nous ne savons plus comment le rêver, et pas encore comment le concrétiser. Pendant ce temps la planète se mondialise, et le Québec vit de grands changements. Les Néo-Québécois deviennent plus nombreux. Prêtez l'oreille : on entend parler espagnol à Gaspé et népalais à Québec... Et c'est heureux.
La génétique de nos ancêtres a été un puissant levier pour forger notre sentiment d'identité. Le voisinage des Premières Nations a façonné notre pacifisme. Nos hivers, nos forêts et nos espaces ont fait le reste. Tout ça a fait de nous un même peuple. Nous l'avons chanté avec Félix Leclerc, avec Gilles Vigneault, avec Beau dommage et d'autres poètes plus récents. Notre besoin d'être un peuple, besoin de reconnaître ce que nous avons d'unique de par notre histoire, est resté intact et plus que jamais nécessaire. Trop souvent nous nous sommes excusés d'être d'être nous, avons branlé à l'idée de prendre notre place. C'est l'heure de nous tenir debout ensemble, plus que jamais.
En même temps, vibre en moi la chanson Mon pays de Vigneault, qui nous amène plus loin encore : « ...Et les humains sont de ma race ». Avec la mondialisation qui avance à grand pas, et d'une façon si douloureuse ici et là, avec l'immigration croissante et bientôt un afflux de réfugiés comme nous n'en avons jamais connu encore, nous sommes pressés de conscientiser ce qui nous relie à la communauté humaine.
Se pourrait-il que notre rêve ressemble à un oignon prêt à se faire une nouvelle pelure, sans pour autant renier celles qui l'ont habillé jusqu'ici ? Nous avons marché sur le sentier qui convenait à nos souliers. Maintenant, ce sentier devient une autoroute. À ce qui nous ressemble, il est l'heure d'ajouter ce qui nous rassemble, à la mesure des défis d'aujourd'hui.
Refaire notre définition d'un peuple debout. Parmi nous, une communauté spirituelle que je découvre depuis peu, les Baha'i, en proposent une image : « La Terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens ». Il me semble qu'il y a là un double rendez-vous. D'abord convenir d'une priorité : revitaliser la Planète pendant qu'il est encore temps. À coup de paix par ici, à coup d'écologie par là. Et dans le même temps convenir d'une stratégie : cessons de cautionner nos gouvernants par nos silences, affirmons ensemble où nous voulons aller.
Décidément l'histoire n'a pas fini de s'écrire. Jacques Parizeau nous en laisse un exemple inspirant, qui vivra toujours dans notre mémoire.
Oui, je me prends à rêver...
Denis Breton
2015-06-05
Un grand Québécois vient de décéder : Jacques Parizeau. Les éloges fusent de toute part, aussi bien de ses amis que de ses adversaires politiques. Tous ont reconnu sa stature d'homme d'état, son intégrité, sa force intérieure... Et tout particulièrement le but qu'il a toujours visé - tout comme René Lévesque, fondateur du PQ : donner aux Québécois la fierté d'eux-mêmes.
Pour y arriver, Jacques Parizeau a créé des mécanismes de gestion modernes capables de nous amener à être « maîtres chez nous ». Nous lui devons par exemple la Caisse de dépôt, comme il avait contribué avec ses prédécesseurs à la nationalisation de l'hydro-électricité. Il nous a conduits aux portes de l'indépendance, ce moyen qu'il croyait nécessaire pour nous pousser à nous tenir debout et à croire en nous-mêmes.
En lisant ou en écoutant les commentaires dans les média, je me suis pris à rêver. Comme je l'avais fait, alors jeune étudiant, à cette époque qui s'est appelée notre Révolution tranquille. Je me souviens, nous participions à des rassemblements citoyens captivants. Nous étions portés par une ferveur, une émotion collective, je dirais. Nous recommencions à nous parler : dans le voisinage, au travail... Et même sur la rue avec des gens inconnus : nous avions l'impression de les connaître, puisque nous nous sentions avoir en commun quelque chose d'un grand projet humain... Nous recommencions à croire à tous les possibles.
Et depuis ?
Le temps passe. Les réactions chaleureuses à l'occasion du décès de Jacques Parizeau montrent bien que son rêve d'un peuple debout est aussi le nôtre, qu'il coule toujours dans nos propres veines, peu importent nos options politiques. Ce rêve a connu des soubresauts, nous ne savons plus comment le rêver, et pas encore comment le concrétiser. Pendant ce temps la planète se mondialise, et le Québec vit de grands changements. Les Néo-Québécois deviennent plus nombreux. Prêtez l'oreille : on entend parler espagnol à Gaspé et népalais à Québec... Et c'est heureux.
La génétique de nos ancêtres a été un puissant levier pour forger notre sentiment d'identité. Le voisinage des Premières Nations a façonné notre pacifisme. Nos hivers, nos forêts et nos espaces ont fait le reste. Tout ça a fait de nous un même peuple. Nous l'avons chanté avec Félix Leclerc, avec Gilles Vigneault, avec Beau dommage et d'autres poètes plus récents. Notre besoin d'être un peuple, besoin de reconnaître ce que nous avons d'unique de par notre histoire, est resté intact et plus que jamais nécessaire. Trop souvent nous nous sommes excusés d'être d'être nous, avons branlé à l'idée de prendre notre place. C'est l'heure de nous tenir debout ensemble, plus que jamais.
En même temps, vibre en moi la chanson Mon pays de Vigneault, qui nous amène plus loin encore : « ...Et les humains sont de ma race ». Avec la mondialisation qui avance à grand pas, et d'une façon si douloureuse ici et là, avec l'immigration croissante et bientôt un afflux de réfugiés comme nous n'en avons jamais connu encore, nous sommes pressés de conscientiser ce qui nous relie à la communauté humaine.
Se pourrait-il que notre rêve ressemble à un oignon prêt à se faire une nouvelle pelure, sans pour autant renier celles qui l'ont habillé jusqu'ici ? Nous avons marché sur le sentier qui convenait à nos souliers. Maintenant, ce sentier devient une autoroute. À ce qui nous ressemble, il est l'heure d'ajouter ce qui nous rassemble, à la mesure des défis d'aujourd'hui.
Refaire notre définition d'un peuple debout. Parmi nous, une communauté spirituelle que je découvre depuis peu, les Baha'i, en proposent une image : « La Terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens ». Il me semble qu'il y a là un double rendez-vous. D'abord convenir d'une priorité : revitaliser la Planète pendant qu'il est encore temps. À coup de paix par ici, à coup d'écologie par là. Et dans le même temps convenir d'une stratégie : cessons de cautionner nos gouvernants par nos silences, affirmons ensemble où nous voulons aller.
Décidément l'histoire n'a pas fini de s'écrire. Jacques Parizeau nous en laisse un exemple inspirant, qui vivra toujours dans notre mémoire.
Oui, je me prends à rêver...
Denis Breton
2015-06-05
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Dernière mise à jour: 7 février 2019