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J'allais écrire un billet en réaction à la crainte exprimée par François Legault que l'immigration amènent nos petits-enfants à délaisser le français.
Mais je trouve aujourd'hui dans le Devoir un article de Robert Dutrisac qui dit meux encore ce que j'aurais aimé dire:«Ne blâmons pas les immigrants pour la précarité du français».

Des leviers...

J'ai toujours pensé que nous devrions avoir le courage d'appliquer la Loi 101 aux moyennes entreprises. Aussi que nous perdons une belle chance de répondre à nos besoins régionaux  -  en assurant du même coup aux immigrants une intégration harmonieuse  -  par le fait de tarder à régionaliser l'immigration au Québec. Quel dommage que nous laissions les trois quarts des gens qui s'amènent venir grossir la population de la région de Montréal, ce qui ne fait que consolider le multi-culturel qui souvent ghettoïse, alors que notre mentalité au Québec est d'instaurer l'inter-culturel, qui intègre les arrivants à la population d'ensemble et amène notre communauté à se métisser en douce pour que tout le monde y trouve son compte. Car nos méfiances à l'égard des immigrants, lorsqu'elle existe, est bien liée à la crainte d'avoir à changer nous-mêmes.
 

...Une énergie

Ceci dit, je crois plus encore au coeur qu'aux lois et règlements, qu'aux critères de sélection ou même qu'aux incitatifs financiers pour nous attacher les immigrants, s'il est vrai que notre attente est que ça leur paraisse naturel de parler français parmi nous. Si on ne voit bien qu'avec le coeur -  disait le Petit Prince  -  on n'apprivoise bien qu'avec le coeur aussi. C'est dans l'accueil bienveillant, dans l'audace d'entrer en relation directe et dans la marche patiente à comprendre l'autre dans ses valeurs et son histoire que peut le mieux prendre racine ce que nous attendons des nouveaux arrivants. Et c'est dans l'audace d'affirmer qui nous sommes et ce que nous voulons collectivement devenir, plutôt que de laisser les événements ou d'autres niveaux de pouvoir influencer le cours des choses. Les nouveaux arrivants se sentiront en plus grande sécurité pour nous ouvrir leur coeur à leur tour.


Il est toujours temps: il n'en tient qu'à nous...
 

Denis Breton

Publié le 2018/09/08 - 13:30  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  

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SLAV, Kanata: ces mots vous disent-ils quelque chose?...

J’ai récemment commenté dans un billet du site le débat entourant la sortie de la pièce de théâtre SLAV, de Robert Lepage, qui portait sur l’esclavage des Noirs. Les opposants lui reprochaient une représentation insuffisante des Noirs parmi les acteurs.

Personne n’a vu venir que le projet de production artistique Kanata, une autre oeuvre impliquant Robert Lepage, déclencherait elle aussi un débat entre la liberté inhérente à la création artistique et ce que certains s'empressent d'appeler une appropriation culturelle  -  cette fois autour de l'histoire douloureuse des Premières nations chez nous.
 

Un propos rafraîchissant...

J’ai beaucoup aimé une lettre que Dominic Champagne adressait au journal Le Devoir sur le sujet.
Avant de donner son point de vue sur le débat entourant Kanata, il y commente les efforts qu'a faits Samuel de Champlain au début de la colonie française d’Amérique afin que le Nouveau monde soit le lieu d’une rencontre harmonieuse entre les peuples  -  une vision qui a largement coloré jusqu'à nos jours la cohabitation entre les populations autochtones et les descendants des colons français :
 

«Kanata, Robert Lepage et le rêve de Champlain»

Voici un extrait de la lettre:

«On raconte qu’à sa première rencontre avec les autochtones de ce pays, à Tadoussac, Samuel de Champlain, qui, comme espion de Henri IV, avait connu les comportements atroces des Espagnols envers les premières nations d’Amérique du Sud, a voulu éviter que ne se reproduise ici, au nord, les brutalités motivées par la conquête matérielle et l’intolérance religieuse.

C’est donc sans armes, les bras ouverts, qu’il s’est présenté aux Innus réunis à l’embouchure du fleuve aux grandes eaux et du Saguenay, avec le rêve que ce Nouveau Monde puisse être le lieu d’une rencontre fraternelle entre les peuples, loin de l’esprit des guerres de religion qui venaient d’empester le Vieux Continent. Que la quête de l’harmonie puisse tenir lieu de loi, que l’on puisse cohabiter sur ce territoire sans esprit de conquête ou de domination, mais avec le monde en partage.(...)»

La pièce de théâtre Kanata ne verra pas le jour. Il serait intéressant d'imaginer ce qu'en aurait fait Samuel de Champlain...


 La lettre complète de Dominic Champagne dans l’édition Internet du Devoir.


Denis Breton

Publié le 2018/07/27 - 15:14  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  



Vous avez lu comme moi bien des réactions dans les médias à propos de la pièce de théâtre SLAV, mise en scène par Robert Lepage.
Certains déploraient qu’il n’y ait pas plus d’acteurs Noirs dans cette pièce qui traite d’esclavage. D’autres, plus virulents, y dénonçaient une appropriation culturelle. D’autres encore étaient tristes que la pièce soit retirée, trouvant normal que l’art n’appartienne à personne, surtout s'il permet d’exprimer de la compassion pour ceux qu’on met en scène.

J’allais rédiger mon point de vue sur la polémique soulevée par SLAV  -  que je n’ai pas eu l’occasion de voir encore  -  quand je tombe sur un article de Guillaume Bourgault-Côté: la pièce du casse-tête qui me manquait ! J’encourage chacun à lire cet article, qui enfin donne la parole à Lepage lui-même.

Un fil conducteur

Auparavant, j’aimerais situer mon fil conducteur: c'est la raison d’être d'avoir créé l’initiative Cultures au coeur, à Québec il y a cinq ans. Je la résumerais ainsi pour les lecteurs moins familiers avec notre site: donner le goût de marcher dans les mocassins d’une autre culture, pour découvrir son cadeau, apprendre de sa différence, jusqu’à trouver comment créer quelque chose ensemble.
 

Laissons la parole à Robert Lepage

Bourgault-Côté cite des propos-clés de Lepage, qui nous amènent au coeur de ce qu'est le théâtre: «...jouer à être quelqu’un d’autre. Jouer à l’autre. Se glisser dans la peau de l’autre afin d’essayer de le comprendre et, par le fait même, peut-être aussi se comprendre soi-même ». Devient alors naturel d’emprunter à l’autre «...son allure, sa voix, son accent et même à l’occasion son genre».

Il le cite encore plus avant : «...[Là] où il ne nous est plus permis de nous glisser dans la peau de l’autre [dans la pratique théâtrale], où il nous est interdit de nous reconnaître dans l’autre, le théâtre s’en trouve dénaturé, empêché d’accomplir sa fonction première, et perd sa raison d’être. »
 

Devenir citoyens planétaires

Nous sommes à un moment charnière dans l’aventure humaine : toutes les vérités sortent et doivent sortir, pour que nos sociétés et leurs citoyens sachent, comprennent, puis se mobilisent pour lancer haut et fort «Nous ne voulons plus de ça!...» et alors qu’ils s’unissent pour donner vie à un nouveau projet de société  -  cette fois autour d’un sentiment d’appartenance planétaire.

Je suis moi aussi sensible à donner la parole aux premiers concernés, autant qu'on le peut. Par exemple, j’étais heureux d’apprendre que les communautés autochtones au Québec sont en train de se mobiliser pour se doter de leur propre système d’encadrement des jeunes contrevenants  -  alors que ceux-ci sont encore nombreux à se retrouver à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), tandis que leur communauté se sent dépossédée.

Animateur interculturel, j’essaie sans cesse de dépasser les conversations de salon entre gens de cultures différentes, pour créer des occasions d’empathie qui placent la rencontre au niveau du coeur. Par exemple en duos on y joue à exprimer ce que l’autre peut bien penser au fond de lui-même. Cet autre peut être un voisin de palier, ou un employeur potentiel, peu importe.
J’ai même simulé un personnage hybride, au moment d'accueillir un groupe arabo-musulman, il n’y a pas si longtemps, en disant que sur mon passeport du coeur je m’appelle Mohamed Tremblay. Lorsque j’ai demandé à un membre du groupe si je risquais de vexer des gens, il m’a répondu avec un large sourire : «...Pas du tout, on sent votre affection».
 

Nous ouvrir ...de façon digeste

Bien sûr, nous rêvons tous du grand soir, où nous aurons oublié que je suis Blanc et que l’autre est Noir  -  comme les enfants qui courent ensemble à la garderie et qui ne s’en rendent même pas compte. Mais nos conditionnements culturels de longue date nous demandent des transitions. Lepage le dit lui même, cité encore par Bourgault-Côté : « Il est bien évident que tout nouveau spectacle comporte son lot de maladresses, de ratés et de mauvais choix. Mais […] le théâtre est un art vivant, qui permet à une œuvre d’être en constante évolution, en perpétuelle réécriture au contact du public et de ses réactions, et de corriger le tir au fil des représentations.» Un art vivant... que j'aime cette expression !

Lorsque des Québécois osent dire tout haut ce que d’autres aussi pensent tout bas, à savoir qu’ils ont peur d’être changés par les immigrants, ils nous amènent justement à notre prochain rendez-vous, qui devient urgent : façonner une société où chacun reconnaisse une partie de lui-même. Moi Québécois de souche, je ne serai plus tout à fait le même, et mon voisin Québécois d’adoption lui non plus  -  tout comme l’enfant métissé ne ressemble plus tout à fait ni à sa mère ni à son père. Tout tient à un enjeu: développer un sentiment d'appartenance à plus large, où il devient normal d'avoir à changer quelque chose de soi...
 

La controverse actuelle autour de SLAV  -  tout comme #MeToo ou la tuerie dans une école de Floride l’ont fait  -  a au moins ça de bon qu'elle nous pousse à débattre, et de là à envisager d'autres possibles. À réconcilier les apparents contraires, pour monter plus haut ensemble... Oui, il nous faut donner davantage la parole aux gens des autres cultures parmi nous: au théâtre, dans les téléromans, dans les rôles publics... Mais oui aussi, nous devons préserver l’expression libérée, sans tout de suite la taxer d’islamophobie ou de racisme, et maintenant d'appropriation culturelle.
Gardons bien en vue notre boussole commune: arriver à ce que de plus en plus de gens autour de nous disent spontanément eux aussi : «chez nous, c'est ici» et que l'intérêt grandisse de le vivre ensemble.


Denis Breton

Publié le 2018/07/06 - 18:50  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Saluons le 8 mars !  -  par Editeur

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Un 8 mars pour vous rendre hommage...


À peine debout ce matin, une impulsion me gagne: saluer les femmes qui ont jalonné ma vie jusqu’à aujourd’hui. D'abord mes filles devenues jeunes femmes, qui m’ont fait grandir comme père... Ensuite celles qui ont enchanté ma vie affective, plus d'une provenant d'une autre origine culturelle que la mienne: elles m'ont permis de m’accomplir comme bonhomme... Et celles que je côtoie aujourd'hui dans l'animation interculturelle: elles consolident mon humanité, mon sentiment d'appartenance planétaire...


Mon premier mouvement est de saluer le courage de tant d'immigrantes, que j’ai vues se surpasser pour trouver leur place au soleil d'hiver dans mon Québec. Je pense à une jeune Asiatique venue d’abord pour des études: elle les a prolongées des années, parce qu’elle tardait à trouver un emploi à sa mesure... À une femme âgée immigrée d’Europe de l’est avec ses enfants: aujourd'hui adultes ils font leur vie, tandis qu'elle se sent bien isolée dans son immeuble à ne pas savoir comment contacter ses voisines, ne balbutiant que quelques mots de français... À une femme originaire d'Afrique noire, réfugiée avec conjoint et tribu d'enfants: elle en arrache à combiner sa vie familiale avec la francisation et un mode de vie en appartement, se sent privée de l’appui de «tout un village que ça prend pour élever un enfant»... Et puis encore, à cette mère monoparentale venue d’Amérique du Sud: pour avoir élevé le ton avec son adolescente, elle se fait répondre «...Attention! j’ai des droits, je pourrais appeler la DPJ...»


À mesure que je fouille dans mes souvenirs, d’autres images émergent... Cette fois je me connecte à ce que ces femmes de courage ont apporté à notre milieu. Je revois Nour, Syrienne depuis 50 ans au Québec, réagir lors d’une soirée qui portait sur les relations hommes-femmes. À certains Québécois de souche qui avaient vite fait de croire que dans son pays les femmes n’ont aucun pouvoir, elle a fait découvrir qu’en fait elles en ont un autre, différent : «D’où je viens, pendant que les hommes s’affichent dans des rôles publics ou si leurs relations tournent au conflit, ce sont les femmes qui discrètement sauvent la situation, réarrangent les relations dans l’ombre...» On la retrouve aujourd'hui à la tête d'une petite entreprise alimentaire où des femmes de diverses origines nous font savourer l'exotisme de leurs mets tandis qu'elles y créent leur gagne-pain.


Certains d'entre vous ont connu comme moi les soirées festives au COFI de Québec, il y plusieurs années déjà. Tandis que les Colombiens n’avaient pas leur pareil pour nous mettre en musique et en danse après le potluck, je voyais un réseau  - clandestin, je dirais!  -  de femmes libanaises déployant une compassion aussi discrète que généreuse pour aider une personne, en aider une autre... On aurait dit une armada de travailleuses sociales anonymes !


Et tout récemment, je revois une soirée de danses folkloriques québécoises à Québec. J’avais invité à m’y accompagner ma famille congolaise  - oui, celle qui m’a adopté. Leur fille aînée s’est ajoutée, curieuse de découvrir ces danses pour elle exotiques. Je l’ai revue dans sa famille, quelques jours plus tard. J’avais encore le manteau sur le dos qu'elle m'a lancé: «...Quand c’est qu’on y retourne danser, là-bas?...» Je l’avais regardée danser, ce soir-là, avec les regards admiratifs tournée vers elle ...et ses hanches plus souples que les nôtres!... Elle y avait a ajouté un charme tout africain, qui détonait agréablement dans ce décor. Ça illustrait bien pour moi cette façon, je dirais, de danser la vie qu’on les gens en provenance de cultures du soleil ou de contextes de dénuement: au travers de ma vie trépidante, ils me rappellent de rechoisir d’être heureux quoi qu’il m’arrive...


Merci, chères concitoyennes du monde, de peupler ma mémoire et mes relations: vous ensoleillez ma vie au pied de ma porte, et achevez de me convaincre que c’est bien le féminin qui saura réenchanter notre humanité...


Denis Breton

Publié le 2018/03/08 - 13:11  - 1 commentaire - 1 commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  

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Bonjour Monsieur Benabdallah,

À la veille de commémorer les solidarités qui ont surgi à Québec suite à l'attentat de la Grande mosquée du 29 janvier 2017, j'ai eu envie de vous faire part de ma réflexion.

Si je vous l'adresse  -  en même temps que j'aimerais rejoindre vos partenaires des communautés musulmanes  -  c'est que mon souvenir est encore bien vivant de l'accueil qu'on m'a fait à la mosquée de la Capitale, le 9 décembre dernier, conviant les gens de Québec à souligner l'anniversaire de la naissance du prophète Mohamed. À cette occasion, j'ai longuement échangé avec un groupe de jeunes musulmans, et j'ai été impressionné par leur qualité de présence et d'écoute.

Des solidarités nouvelles émergent
Tout comme vous j'ai été marqué par le choc de l'attentat de janvier dernier à Ste-Foy, et participé au mouvement de sympathie qui a surgi chez les gens de Québec et d'ailleurs à ce moment.

Zakia--Sylvain_DimancheDespoir_2017-07_tw.jpgJ'ai par la suite été touché par l'initiative de certaines personnes de confession musulmane pour prendre soin des enfants des familles en deuil; je pense à titre d'exemple à Madame Zakia Zoukri, qui s'est mise à inviter les gens à ce qu'elle a appelé des «dimanches d'espoir» : des pique-niques joyeux qu'elle a organisés dans quelques parcs de Québec, auxquels elle a même associé des représentants des Premières Nations.

Commémorer ce qui cherche à nous éloigner les uns des autres?...
Je vous avoue que lorsque j'ai appris que le Conseil national des musulmans canadiens avait appelé à la création d'une journée nationale contre l'islamophobie, je suis devenu perplexe : «Allons-nous faire durer d'année en année le rappel de quelque chose que nous ne voulons surtout plus dans nos vies, et qui nous a divisés malgré nous?...», me suis-je demandé.

Les médias ont commenté de long en large les points de vue qui ont fusé, chez nos partis politiques et chez des citoyens engagés. Certains ont trouvé là une proposition qui méritait d'être étudiée. J'ai constaté toutefois qu'un bon nombre  -  bien qu'ils communient de tout coeur avec les familles victimes de l'attentat et les communautés musulmanes encore intimidées  -  doutent cependant que ce soit la meilleure façon d'obtenir le résultat recherché : n'est-il pas une plus sincère reconnaissance de la communauté québécoise à l'égard de nos soeurs et frères musulmans?...

Trois préoccupations majeures
J'ai réfléchi aux points de vue exprimés dans les médias et aussi à ce que m'a appris ma propre expérience, comme parent et comme psycho-sociologue. J'en ai retenu trois recommandations, dans l'hypothèse où on voudrait créer un événement annuel commémoratif.

Prudence à utiliser le mot islam.   Ma première suggestion tient compte de la connaissance souvent floue d'un grand nombre de Québécois à l'égard de ce qui touche au courant religieux musulman. Si on veut gagner leur coeur, il importe qu'on les sensibilise à faire la différence entre islam et islamisme  -  comme l'a soulevé André Lamoureux (Le Devoir, 12 janvier 2018). Tant de gens chez nous confondent encore l'un pour l'autre. De plus, bien des gens chez nous souhaiteraient, lorsque se produisent des événements à caractère intégriste, que les musulmans sortent du silence pour affirmer haut et fort que ces provocations défigurent l'islam, trahissent la pensée du prophète Mahomet, et n'ont rien à voir avec la religion musulmane d'aujourd'hui.

Regarder les conséquences au plan énergétique.   Le dualisme qui nous maintient dans l'attaque-défense, le nous-avons-raison/ils-ont-tort, même si c'est pour des raisons légitimes, nous obtiendra-il l'effet recherché, ou son contraire : la peur de l'autre et le durcissement des positions?...

Il me semble en effet que nous sommes rendus plus loin aujourd'hui. Invités à remplacer l'attirail des victimes pour le coffre à outils des créateurs : de nos vies, de nos communautés... Interrogeons notre expérience de parents. Si nous avons eu un enfant qui avait du mal à l'école, l'invitions-nous à afficher au mur de sa chambre le bulletin qui lui avait fait le plus honte, ou si nous attendions l'heure de mettre en valeur un succès qu'il aura envie de répéter?... Aujourd'hui, voulons-nous avoir raison, ou voulons-nous réellement produire un rapprochement avec le reste de la société québécoise?...

L'expérience m'a appris qu'une communauté a les mêmes dynamismes qu'une personne : si nous voulons qu'elle change, il faut lui fournir des modèles qui parlent au coeur, qui vont la motiver, l'énergiser dans le sens désiré. C'est ce qui fait que beaucoup de voix se sont élevées pour refuser une commission d'enquête qui aurait porté sur la discrimination et le racisme. Et si nous arrosions les fleurs que nous voulons voir pousser?... Il doit bien exister des expériences heureuses de rapprochement entre des communautés musulmanes et la population québécoise, qui mériteraient d'être répétées, promues  -  et peut-être alors dignes d'un rappel annuel...

Interpeller les gens dans ce que nous avons en commun.   Je m'active avec bonheur à susciter des rapprochements interculturels depuis cinq ans à Québec. Avec d'autres, notre fil conducteur est de valoriser le cadeau que chaque culture est pour celles qui l'entourent, et de rechercher ce que nous pourrions créer ensemble pour la suite.

J'ai constaté que, malgré le caractère positif de cette approche, quantité de gens issus de l'immigration se disent gênés qu'on leur demande «Vous venez d'où?...» Eux qui souvent ont souffert de l'exclusion, souhaitent que les gens d'ici voient au plus vite ce qu'ils ont de commun avec eux plutôt que ce qui les différencie. Et vous aurez remarqué que ce trait est encore plus affirmé chez les enfants et les adolescents. Je suis parent adoptif d'un enfant d'Amérique du sud : il avait 10 ans; à peine arrivé parmi nous il a cessé de vouloir parler espagnol. J'ai mis du temps à comprendre qu'il avait besoin d'effacer les traces d'où il venait, comme si inconsciemment il avait peur qu'on l'y ramène. Qu'avons-nous en commun?...

Une suggestion
Dans cet esprit, je vous fais une suggestion : le Gouvernement du Québec a institué en 2016 une Journée nationale du vivre-ensemble, et l'a justement placée le 15 janvier (1). Si vous consultez l'Internet, vous pouvez d'ailleurs constater que c'est une proposition que plusieurs communautés de par le monde ont formulée, jusqu'à l'ONU pour en faire une journée mondiale.

Que diriez-vous si les communautés musulmanes du Québec, ou même d'ailleurs au Canada, se faisaient les artisans d'une pareille journée? J'anticipe sans hésiter que les Québécois de toute origine vous en seraient reconnaissants  -  et ça ne vous empêcherait pas de faire connaître l'événement douloureux qui vous a inspirés à faire quelque chose.

En terminant, j'aimerais rappeler combien ça m'avait touché lorsque votre confrère l'imam Guillet avait considéré qu'Alexandre Bissonnette, accusé de l'attentat de Ste-Foy, était au nombre des victimes. Qui se soucie de lui aujourd'hui? Une commémoration gagnerait-elle à promouvoir aussi la réadaptation des gens qui ont vécu des parcours comme le sien?...

Je vous laisse là-dessus. Puis-je vous demander de me garder sur votre liste d'invitations? Je reviendrai volontiers à un événement convivial comme celui de décembre dernier.


Cordialement,

Denis Breton,
www.culturesaucoeur.org


(1) Voir: http://www.mrif.gouv.qc.ca/fr/salle-de-presse/communiques/2016/2016_10_20_02

Publié le 2018/01/13 - 21:42  - 5 commentaires - 5 commentaires - Voir ? Ajouter le vôtre ?  

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Par-dessus tout, allons voter !

Une capsule à lire avec une personne issue d'une autre culture que la vôtre...


Aperçu :
Que vous soyez Québécois d'origine ou d'adoption, allez voter ...et amenez des gens issus de l'immigration avec vous. La prochaine élection n'aura pas lieu avant 4 ans, mais pendant ces 4 ans, vous devrez vivre avec les décisions que prendra l'équipe élue. Votre geste est plus important que vous le croyez ...même si vous ne connaissez pas les candidats. Pourquoi donc?...

Vous ne vous exprimez pas encore facilement en français? On va vous aider sur place. Vous ne connaissez pas les candidats? Demandez à vos voisins à qui ils font confiance. Vos enfants prennent tout votre temps? Amenez-les avec vous : ils seront intéressés à savoir ce qui se passe là...


Pourquoi aller voter?

Oui, vos gestes durant cette journée comptent, et pas seulement le dépôt de votre billet dans l'urne de votation. Cette journée-là les gens se parlent davantage. Les voisins s'arrêtent pour causer. Certains demandent où est le bureau de votes, entre quelle heure et quelle heure on peut s'y rendre ...et la question finit par être posée : «Pour qui allez-vous voter?...» De plus, progressivement plus de candidats issus de l'immigration osent se présenter, ce qui vient enrichir les équipes administratives municipales.


« Pour qui allez-vous voter ?...»

Alors rapprochez-vous, écoutez les réponses qui sortent... Faites répéter les gens si vous avez peu compris...Ah! il y aura bien certaines personnes qui vous répondront «désolé, je garde ça pour moi...» Les Québécois sont souvent discrets sur leurs allégeances politiques. Vous leur ferez votre plus beau sourire ! Ça va illuminer un temps peut-être pluvieux...

«Pour qui allez-vous voter?...» À votre tour posez-la questions aux gens autour de vous : vous arriverez à mieux nommer vous-même vos besoins, vos problèmes vécus au jour le jour dans votre quartier ou votre village. Vous apprendrez des choses sur comment s'administre votre municipalité. Et ce sera quelquefois votre premier contact avec certains voisins :  parions que vous prendrez plaisir à les croiser à nouveau dans la suite...

Donc c'est important que vous alliez voter : avoir contribué à faire élire un bon candidat, c'est réconfortant après coup. Augmenter vos contacts interculturels et votre sentiment d'avoir votre place dans la société québécoise, ça l'est tout autant -  que vous soyez Québécois de longue date ou de date récente.


...Et si un candidat issu de l'immigration était élu?...

Connaissez-vous Ulrick Chérubin, sur notre photo. Il a été maire d'Amos pendant 12 ans. D'origine haïtienne, être réélu durant 4 mandats, pensez don' ! Son décès, en 2014, « a créé une véritable onde de choc à Amos, dans toute l'Abitibi-Témiscamingue et jusqu'à la Chambre des communes », publiait Radio-Canada.
Maintenant qu'ils ont côtoyé de près un tel bonhomme, je serais curieux de questionner les gens d'Amos sur ce qu'ils pensent aujourd'hui du peuple haïtien !... Et curieux de la définition qu'ils peuvent se faire d'un «vrai Québécois»...

Si déjà vous connaissez vos candidats, ça peut donner encore plus de couleur à votre déplacement. Plus il y aura de conseillers municipaux issus de l'immigration, plus les besoins propres à cette clientèle seront pris en compte, et plus notre société québécoise s'ouvrira au cadeau de la diversité culturelle chez nous.


Un exemple : le quartier de Vanier, à Québec

Ces jours dernier, les trois candidats qui se présentent dans Vanier sont venus rencontrer les résidents. C'était au Local communautaire Claude-Martin, un pivot de plus en plus incontournable dans l'animation du quartier. Les candidats ont pu entendre des gens du quartier énumérer les besoins et problèmes qu'ils rencontrent. Comme le quartier est largement ouvrier et accueille nombre de familles venant de l'immigration, ils ont compris un peu plus les défis d'une population à revenu modeste.

Plusieurs efforts sont déjà entrepris pour vitaliser la vie du quartier  -  notamment à travers la Table de quartier et le Local communautaire Claude-Matin. Mais il reste beaucoup à faire pour améliorer la qualité de vie du milieu au quotidien. Par exemple...

Par exemple, les gens sont unanimes à dire que les transports sont insuffisants, pas assez fréquents, et que ça les pénalise pour aller chercher les services, ça les freine à trouver du travail  -  à plus forte raison s'ils ont un emploi de nuit dans les parcs industriels environnants : trouvez un autobus à cette heure-là !... Les citoyens rencontrés attirent l'attention sur le manque de commerces de proximité; le besoin de plus de ressources en francisation,  de logements à prix modique, d'accès dans l'autre secteur du quartier séparé par une voie ferrée. Ils voudraient aussi plus de trottoirs et de sécurité pour leurs enfants sur la rue. On invoque enfin le mauvais état de certains logements négligés par leur propriétaire; aussi le manque de connaissance des nouveaux résidents sur la façon d'habiter un logement québécois.

Pourquoi les candidats rencontrés, jeunes et dynamiques, trouvent-ils intérêt à se présenter au niveau municipal ? Tous trois répondent que ça leur permet un rapport plus direct avec la population, et des défis liés au quotidien des gens. On observe de leur part une plus grande attention qu'avant à consulter le milieu, notamment via les organismes communautaires.

Vous n'avez plus le temps de rencontrer les candidats, c'est sûr.
...Mais vous avez tout votre temps pour aller voter !

Publié le 2017/11/04 - 18:36  - 1 commentaire - 1 commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  

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« Kwe ! » Un mot qu'on se met à répéter par coeur...

Coup sur coup les gens des Premières nations nous ont accueillis à deux fins de semaine fortes en couleurs et même en émotions. Fin août, c'était d'abord Place des Premiers Peuples au Rendez-vous Limoilou 2017, à l'Anse-à-Cartier. Puis début septembre Kwe ! À la rencontre des peuples autochtones, Place de l'Assemblée nationale, à Québec.

Le premier événement émanait du Cercle Kisis *.
Le second était une initiative d'Affaires autochtones et Nord Canada en collaboration avec le Conseil de la Nation huronne-wendat et l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. Le Cercle Kisis en a coordonné le volet jeunesse, avec sa création d'une oeuvre collective.


Au milieu des danses rythmées du tambour qui s'entendaient de très loin en s'approchant, des contes et légendes, des jeux traditionnels, au milieu des films documentaires, de la construction d'un mini-canot d'écorce devant nos yeux ou des conversations que nous avions librement avec les gens des Premières nations, trois moments m'ont particulièrement touché.
 

Des moments d'émotion

L'un a été, au cours du premier événement, la fresque historique que nous a dessinée Alexandre Bacon sous le shaputuan : il nous a fait vivre de l'intérieur la réalité amérindienne depuis la Nouvelle-France jusqu'à aujourd'hui. J'y reviendrai tout à l'heure...

Un autre moment sensible pour moi, qui adore l'histoire, a été lors du deuxième événement, lorsque j'ai pénétré dans la grande tente qui rassemblait des porte-parole des 11 nations autochtones du Québec : «Ouaouah !...» Entre autres, j'ai littéralement bu ce que nous racontait un aîné Micmac, historien par surcroît, sur l'ancrage de sa nation à Gaspé, avec un rayonnement dans tout l'est du Québec à l'époque où sont venus les Vikings. Puis l'histoire recule de 10 000 ans : il nous parle des migrations de leurs ancêtres à travers le détroit de Béring  -  communes à la plupart des peuples autochtones d'Amérique du nord et du sud. Je n'avais pas assez d'oreilles pour l'écouter quand il nous a donné des exemples d'expressions cousines dans la langue micmac et dans la langue chinoise !... À sa connaissance, 60% de la population québécoise aurait du sang amérindien dans ses veines.


À quelques pas de là, je découvrais ensuite une douzaine d'artistes en train d'achever la fresque dont vous voyez quelques photos plus bas : nouvelle émotion forte pour moi. Une création collective entre des jeunes des nations autochtones (Attikamekw, Wandat, Innus...) et des jeunes Blancs, un marathon de 48 heures.  On sentait une énergie dans l'assistance quand les auteurs de la fresque ont décrit la toile et la «rencontre» que sa création leur a fait vivre. L'oeuvre évoque des aspects chers au coeur des Amérindiens :  cérémonie dans le cercle, rêves sacrés innus reflétés dans le tambour, imaginaire inuit dans les aurores boréales, et même un symbole du drame des femmes plus récemment disparues.  La fresque va être offerte à la communauté de Wendake.

Fresque-Kwe_2017_1_w.jpg   Fresque-Kwe_2017_2_w.jpgFresque-Kwe_2017_3_w.jpg

Deux artisanes du projet en disent un mot vibrant, à la fin : «Ce fut toute une aventure... »  raconte Sarah Cleary. «...Malgré tous les défis que vous avez dans vos vies, j'ai senti à travers cette toile la détermination que vous avez... On doit se reconnecter au territoire et le protéger... »  Guitté Hartog. ajoute : «C'est plus beau parce qu'on s'est mis ensemble de toutes les nations, parce qu'on est différents... L'art ça ne sert à rien, mais ça humanise : on a tellement besoin de s'humaniser... Souvent on ne sait pas où est-ce qu'on s'en va comme pays, comme nations, comme familles, comme personnes. C'est d'accepter le flou... 'Faut apprendre à vivre ensemble, que chacun prenne sa place... parce qu'on croit qu'on participe à quelque chose qui est plus grand que nous autres... »

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Une autre fresque, historique celle-là

Alexandre Bacon, anthropologue, est Innu par son origine paternelle, et métissé. Sa causerie lors du premier événement s'inscrivait dans le contexte des 150 ans de l'histoire canadienne. Il nous a rappelé que 60 langues amérindiennes sont parlées à travers le Canada, et qu'on trouve 11 nations autochtones au Québec, en 55 communautés.

Jusqu'aux années 1800, nos relations entre peuples ont été avant tout des relations d'alliances, économiques particulièrement. Elles ont commencé avec les Vickings et les Basques, donc bien avant la rencontre avec Jacques Cartier.

Il a évoqué notre origine coloniale, déterminante pour le découpage du territoire, et la volonté avouée de faire disparaître les Indiens ou de les assimiler. Ainsi, Amherst a distribué des couvertures imbibées de petite vérole. Une dizaine de milliers d'enfants ont été obligés de vivre en pensionnats, comparable à des camps de concentration. La fermeture du dernier remonte à... 1996 ! Les archives fédérales racontent même les tentatives de leur inculquer la tuberculose...

Bacon évoque la Loi sur les Indiens de 1857, qui se décrit comme ''L'acte pour la civilisation graduelle des Sauvages du Canada''. Les réserves sont une créature de cette loi; elles obligeaient les Amérindiens nomades à se sédentariser. Aujourd'hui encore les Autochtones sont considérés des mineurs, civilement. Bien des communautés doivent encore vivre à l'écart les unes des autres et de nos villes, sans moyens de transport, notamment chez les Inuits. En 1955-56, 30 000 chiens de traîneaux étaient abattus par les autorités fédérales, par volonté de les ''civiliser'' et de les arracher à leur territoire  -  «...une déchirure qu'éprouvent aussi bien des migrants : c'est comme être un réfugié chez soi... »  La Commission Vérité et réconciliation  a reconnu ces drames créés par la colonisation, aussi dans d'autres pays à travers le monde.


« ...Il y a une réconciliation qui est à faire, entre les peuples, avec notre territoire, avec la nature... une célébration de la diversité.» Il ajoute: « Ce que je vous souhaite le plus... c'est d'avoir la chance d'accompagner les Autochtones en forêt... Vous allez trouver l'humanité qu'il y a à travers les Premières nations... une simplicité...quelque chose de plus vrai... C'est urgent qu'on célèbre cette vision du monde là, avant qu'on aille trop loin dans notre destruction générale (de la forêt, du territoire)....»

Le ton est affirmatif, mais serein : « On est obligé de considérer les aspects plus sombres de l'histoire... ...mais il y a de la lumière, il y a de l'espoir... ...Votre simple présence ici, votre désir d'en apprendre davantage, c'est énorme... » Bacon montre une direction pour cet espoir : «...dans l'éducation, dans la fierté... c'est quand une communauté s'implique activement dans la définition des solutions qui sont à mettre en oeuvre ...et qu'on l'invite à s'y engager... Il faut retrouver un sens à sa vie comme individu et comme société... »  
 

En conclusion

Vous le constatez, j'ai mélangé ici à dessein les événements des deux fins de semaine. C'est que, dans les deux cas, ce sont les Premières nations qui viennent au-devant de nous. Et avec le même état d'esprit : « Kwe !...bonjour ! »

Aujourd'hui, les Autochtones ne sont pas en train de disparaître; ils deviennent même plus nombreux. Où en sommes-nous dans nos rapports avec eux ?...
En sortant de ces journées, je me suis surpris à vouloir dire à ceux que j'ai côtoyés : « On ne tuera pas l'Indien en vous : vous êtes en train de le faire renaître en nous... »

_________
* Alexandre Bacon et Sarah Clément sont à l'origine du Cercle Kisis  -  un nom qui veut dire soleil, dans la langue anishnabe.  Ils s'entourent d'une bande de jeunes heureux derapprocher les Premières nations et les Québécois de toutes origines. https://www.facebook.com/cerclekisis/

Publié le 2017/09/04 - 09:13  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  

Loi 101 : que devient chez nous l’accent d’Amérique ?...

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Se peut-il qu'il existe un lien entre notre attitude face à Charte de la langue française (Loi 101) et et notre motivation à accueillir des immigrants ?...

Loi 101...

Je séjournais en France pour quelques années, à ce moment-là. En 1977, j’aurais aimé m’échapper pour venir participer à la ferveur populaire qui gagnait le Québec. René Lévesque, que j’admirais tant, nous donnait la fierté de nous-mêmes. Lui et son équipe ont osé voter la Loi 101 et nous donner envie de nous tenir debout comme peuple.

Je me souviens, déjà en 1967 : j’avais 19 ans et j’ai pu travailler à l’Expo ’67, ‘Terre des hommes’, à Montréal. Nous prenions soudain conscience d’habiter le monde. Et le reste du monde prenait conscience de l’existence du Québec, et plus largement de l’affirmation du fait français au Canada.

Les années suivantes ont consolidé cette renaissance. il y a eu de ces moments où nous participions à des manifestations citoyennes, et nous marchions dans les rues transportés par le cœur, avec l’envie de parler à tous ceux qui étaient autour… Un espoir nous gagnait et nous rendait palpable le sentiment que l’énergie du bonheur n’est pas qu’individuelle, mais aussi collective.


René Lévesque...

C’est un homme debout comme René Lévesque qui m’a fait comprendre le nécessaire équilibre entre croire en nous-mêmes et respecter nos minorités. C'est aussi un facteur de confiance pour ceux qui immigrent parmi nous : nous ne pouvons pas leur demander de nous aimer plus que nous nous aimons nous-mêmes. J’ai compris que c’était dans notre audace de vivre en français en terre d’Amérique et dans notre volonté de le faire respecter, que nous allions trouver nous aussi assez de confiance pour ouvrir notre porte et dire aux arrivants d’ailleurs «Venez, construisons le Québec ensemble…» Et c’est ce qui m’anime aujourd’hui ici, à me passionner pour rapprocher les gens de toutes les cultures.

Nous sommes une petite société noyée dans le grand ensemble nord-américain. Le rouleau compresseur du tout-à-l’économie-en-anglais a vite fait de laisser croire que la langue française ne fait que ralentir les affaires : tout pourrait se passer en anglais, ce serait plus simple. Those Quebeckers are out of business...

On oublie que parler notre langue nourrit nos sentiments d’identité et d'appartenance : ils font partie de nos raisons de vivre.ensemble. «Québec, l'accent d'Amérique» comme a choisi de s'afficher la ville de Québec. À la fois pour nous reconnaître et pour enrichir le monde de notre différence  -  et alors ne pas craindre celle des autres.

Aujourd'hui j'ai le bonheur de parler trois langues, et de me sentir à la fois citoyen du Québec et citoyen du monde. Je reconnais pourtant le désarroi de bien de mes compatriotes qui ne voient que le défi pour notre culture de survivre en Amérique du nord. Il nous faut trouver un équilibre entre cette aspiration légitime, et celle d'ouvrir notre coeur : « Oui, donnons une suite de l'aventure québécoise, c'est l'heure...» Ça demande un sentiment de sécurité à la base.


...et les gens issus de l'immigration

Ceux qui viennent vivre à nos côtés sont séduits par notre bienveillance et notre simplicité, par la sécurité et la paix dont nous nous entourons : des valeurs que nous ont largement communiqué nos communautés amérindiennes. Bien des immigrants en ont cruellement manqué s’ils ont dû fuir la guerre, les intempéries ou la disette.

Apprendre à parler le français est difficile, et encore plus l'écrire, c'est vrai. Mais un défi plus grand est là, qui les insécurise : c'est notre indécision collective, quand ils nous voient «branler dans le manche», comme pour nous excuser d'exister. À nous de leur communiquer que vivre en français dans notre espace public  -  avec bienveillance pour ceux qui ont encore du mal à  le parler  -  est directement connecté aux valeurs qu'ils apprécient chez nous.
« Vous avez dit chez-nous?...» : un mot qu'ils n'osent plus prononcer quelquefois,  les yeux humides, mais qui résume le rêve qu'ils font encore pour leurs enfants.


Je m'adresse à mes enfants...

Devenus adultes aujourd’hui, il vous appartient de reprendre le flambeau... J’aimerais que vous ayez retenu de nous, vos parents, la fierté de nous-mêmes à travers ce que nous avons fait de notre vie. Comme une racine de confiance : c'est elle qui nous a donné envie d’accueillir ceux qui viennent, sans avoir peur de leur différence. Tout comme on s'assure d'avoir les pieds sur la terre ferme au moment de lancer une bouée à quelqu'un qui se débat dans l'eau...

En pratique, je vous propose d'observer vos réactions lorsque des gens s'adressent à vous en anglais, au pied de votre porte ou sur la rue à Montréal... Ou lorsque des copains truffent leur conversation de mots d'anglais, croyant que ça fera plus hot ou plus cool... Et comme citoyens, je vous convie à réaffirmer à nos gouvernants que nous tenons à ce que le français reste notre langue commune d'expression. Qu'il importe de la protéger davantage  -  par exemple dans les entreprises de taille moyenne, dans l'exigence faite aux arrivants allophones de s'intégrer aux cégeps francophones, ou encore dans l'incitation à s'installer en région. Tout en respectant les droits reconnus à nos citoyens reconnus d'expression anglaise, bien sûr; tout en apprenant aussi une langue seconde  -  que le réseau d'éducation francophone peut fort bien offrir avec qualité.

Oui, avant d'être une question de lois, il s'agit de respect de nous-mêmes. Ceux qui nous arrivent se rapprochent instinctivement des gens qu'ils sentent sûrs d'eux-mêmes : c'est vrai d'une personne, c'est vrai aussi d'une communauté. Seule l'expression d'une force intérieure nous fera apprivoiser ceux qui immigrent chez nous, et nous fera dissoudre nos craintes d'être envahis, ou à l'inverse de voir fuir les gens ou les capitaux. On nous a tellement brandi ces épouvantails au fil de notre histoire ! Nous savons aujourd’hui qu’ils ne sont que des chimères.


Quoi souligner aujourd'hui, alors ?...

Qu'en diriez-vous, si nous profitions des 40 ans de la Loi 101 pour marquer notre décision de vivre debout comme personne et comme peuple …accueillant ?


Denis Breton

Publié le 2017/08/30 - 09:06  - 1 commentaire - 1 commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Premières Nations et peuples immigrés fraternisent  -  par Collaboration_spciale

PremieresNations-Immigres_CapMadeleine_2017_2_w.jpg


Rencontre entre Premières nations
et Peuples immigrés depuis 30 ou 400 ans
au Québec


«Cette Rencontre a été profonde et riche,
avec plus de 350 Premières Nations
qui venaient tant de l'Abitibi que de la Basse-Côte-Nord.
Incroyable, de très belles cérémonies dans la basilique et dehors ...superbe!»

Jean-Noël André, Espace Art Nature, Neuville




Une Rencontre entre Premières Nations et gens immigrés au pays – depuis peu ou depuis 400 ans – a eu lieu au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, les 30 et 31 mai dernier. Cet événement rassembleur visait à aider à aller plus loin sur le chemin de la guérison des blessures du passé, et surtout dans la célébration des richesses communes et des espoirs d’avenir.

La tenue de cet événement a été réalisée grâce au dévouement d’un Franco-Ontarien âgé de 84 ans, le père Bernard Ménard, bien connu pour les œuvres qu’il a dirigées au cours de sa carrière, dont L’Arche, durant sept ans, dans l’Est de l’Ontario. Sa devise actuelle est: «De nos jours, il faut invoquer trois nouveaux saints: S’INformer, S’INdigner, S’IMpliquer».

À un centre d’exposition ouvert durant les deux journées de la Rencontre, les participants ont pu consulter des ouvrages comme celui de Henri Goulet, Histoire des pensionnats indiens catholiques au Québec, et celui de James Daschuk, traduit en français par Catherine Ego, La destruction des indiens des Plaines. Maladies, famines organisées, disparition du mode de vie autochtone, ainsi que des documents comme la brochure En mission, témoin d’une compassion qui agit, et Origine, le magazine touristique du Québec autochtone.


Spiritualités

Après l’allocution d’ouverture, présentée par Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, les quelques centaines de personnes qui se sont rendues à Trois-Rivières pour cet évènement ont pu être sensibilisées à l’expérience Missinak à Québec, à la Mission de Paix sur le fleuve Saint-Laurent, et à l’existence du seul collège Premières Nations au Québec : Kiuna à Odanak.


Le lendemain, des ateliers sur l’écologie, sur les spiritualités chrétienne et amérindienne, ainsi que sur la justice et la réconciliation, se sont déroulés simultanément.


Métis

Il y a eu un «cercle de parole» où tous ont été invités à intervenir. Une mine de renseignements ont été échangés. J’ai pu PremieresNations-Immigres_CapMadeleine_2017_1_w.jpgconstater que peu de gens savaient que, dès le début de la fédération canadienne, Louis Riel voulait que les droits des Autochtones s’appliquent aussi aux Métis.

Au cours des années, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ont tour à tour nié avoir le pouvoir de légiférer à l’égard des Indiens non inscrits et des Métis. Ce n’est qu’en 2016 que la Cour suprême du Canada a déclaré, dans le dossier Daniels c. Canada (Affaires indiennes et du Nord canadien), [2016] 1 RCS 99, que les Indiens non inscrits et les Métis sont des «Indiens» visés au paragraphe 91(24) de la Loi constitutionnelle de 1867.


On ne savait pas non plus que Louis Riel et les Métis ont revendiqué le bilinguisme (français et anglais) législatif et judiciaire et que ce sujet est encore débattu de nos jours. En effet, depuis plus de 15 ans, les décisions de la Cour suprême du Canada demandent une interprétation généreuse des droits linguistiques, ce qui n’est pas encore le cas dans certaines juridictions du pays.


Ainsi, que l’on soit Autochtone, Métis ou Allochtone, il reste encore beaucoup de progrès à faire dans la reconnaissance des droits et, surtout, dans la juste interprétation de ces droits. Il n’est plus temps d’attendre; il faut que ces situations commencent maintenant à être redressées.  Ω


Extrait d'un reportage de Gérard Lévesque
 

Publié le 2017/06/06 - 20:51  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
Nos prises de position citoyennes...  -  par Editeur

MarieEmilieLacroix_ParvisQc_2017-03-26_w2.jpg

 

...avec quel état d'esprit?

Quels sont vos points de repère pour réagir aux situations de conflit
dans le domaine interculturel ou inter-religieux?...

 

Hier, au Parvis de St-Roch, j'ai participé au rassemblement autour de ‘L’Égalité et la Diversité’, à l’invitation du CAPMO.
Dans l'assistance, j'ai repéré plusieurs membres d'organismes communautaires et quelques représentants de la communauté musulmane de Québec.

Entre autres :
- Marie-Émilie Lacroix a prix la parole avec courage au nom de la communauté des Premières Nations.
- Rachid Raffa a parlé avec émotion de la difficulté pour la communauté musulmane d’obtenir un cimetière dans la région de Québec.
- Une dame a parlé avec son coeur sur ses des deux années passées au sein d'une communauté musulmane au Magreb: elle avait toujours senti un grand respect à son égard, elle qu'on savait d'héritage catholique.

 

Des interventions m'ont laissé perplexe. Je suis venu à deux doigts de prendre la parole. Plutôt, j'ai questionné Monsieur Raffa afin de mieux comprendre les aspirations d'un Musulman qui vit un deuil.

Après l'événement, j'étais pensif :  des grands médias activent la peur de l'autre. Des politiciens en profitent pour se faire du capital politique. On fait dire ce qui nous arrange aux sondages sur le racisme ou l'intolérance, qui réduisent des sensibilités humaines à une statistique. Comme il est facile de juger ceux qui ne pensent pas comme nous, et difficile de savoir comment réagir pour faire autre chose que de jeter de l'huile sur le feu.

Je n'ai pas pris la parole, mais j'ai résolu de réfléchir à mes valeurs sûres, à mes points d'appui, pour apporter plus tard, peut-être, une parole constructive rafraîchissante. Je repensais à une phrase qui m'avait marqué, déjà : « Il y a pire que le mensonge: c'est une vérité qui ne débouche pas sur l'espoir»...

J'ai trouvé cinq pistes de réflexion pour mon coffre d'outil citoyen. Bien sûr, c'est dans la ligne du billet précédent dans ce blogue : «Mesurer le degré d’islamophobie?   -  Et si on dressait la carte d’avancement de nos dialogues interculturels?...»  Je vous les partage:
 

  • Légitimité

J’ai eu un fils adoptif qui portait la douleur de l’abandon par ses parents, et qui du coup se sentait justifié de faire les 400 coups pour en faire baver d’autres. Il m’a fait comprendre que nous avons tous un sens inné de la justice de la vie, et qu’on peut en arriver à se sentir un mandat de justicier. L'origine latine du mot connaître veut dire naître avec.

Comment les gens que nous jugeons se perçoivent-ils eux-mêmes? Quelle vision du monde appuie leurs comportements, ceux que nous admirons comme ceux que nous déplorons? Qu’est-ce qui  -  à leurs yeux  -  justifie qu’ils pensent comme ils pensent, qu’ils se comportent comme ils se comportent?...

L'imam Guillet l'a bien compris. Suite à l'attentat de la Grande Mosquée de Québec en mars 2017,  il a publiquement demandé au meurtrier de l'aider à comprendre ce qui s'était passé dans son esprit pour qu'il en arrive à poser son acte. J'ai trouvé cette invitation magnifique, et sûrement porteuse d'avenir.
 

  • Annoncer ou dénoncer?

Corruption, économie qui n'enrichit que les riches, pollution de la planète, pratiques peu démocratiques, etc. : de plus en plus les gens et les communautés sortent du silence, affirment leur soif d’autre chose. -  Enfin ! Bien sûr, c'est chargé d'émotion, mais ça fait surface et ça nous questionne tous ensemble.

Dans trois ans d'ici, supposons, qu'est-ce qui aura vraiment provoqué des changements salutaires?...
Que se passe-t-il quand nous dénonçons une situation jugée inacceptable? On accuse, attaque-défense, les positions se rigidifient... Premier résultat: on baisse son propre niveau d’énergie. La population s'inquiète. Et c'est toute la société qui finit par y perdre. Est-ce vraiment ça que nous voulons?...
J'ai connu un parent qui disait à ses jeunes, devenus  militants «Dénonce si tu as quelque chose à proposer, sinon tais-toi»

 

  • Semence-récolte

Quelles semences nos interventions lancent-elles devant?...

La plupart d’entre nous avons jardiné et montré à nos enfants comment le faire.
- Nous choisissons nos semences, nous savons qu’une graine de carotte donnera une carotte, pas un chou; et qu’une seule graine en donnera plusieurs.
- Le jardin commence à pousser, et alors nous arrosons les fleurs que nous voulons voir pousser, surtout pas les autres !

Ça nous paraît évident; pourtant nous l'oublions au moment de vouloir régler un conflit. Entre nos deux oreilles il y a aussi un jardin, qui obéit aussi à cette dynamique de la vie. Quelles fleurs de vivre-ensemble voulons-nous voir pousser? Peut-être étoufferont-elles d'elles-mêmes les mauvaises herbes?... Il y a des gens qui s'acharnent à tirer sur l'obscurité, inconscients qu'il fournissent du carburant à ce qu'ils ne veulent pas. Il y en a d'autres qui allument des petites lumières...

Les communautés amérindiennes interrogent leurs rêves pour choisir leurs projets. La psychologie nous propose la visualisation créatrice. Pour ma part, je suis séduit par un enfant quand il veut un jouet qui le fascine. Il l'a mangé des yeux au magasin, il entre en émotion jusqu'à danser sa demande à ses parents ...au point qu'ils ne peuvent plus le lui refuser. Et si la vie fonctionnait avec cette dynamique semence-récolte partout?...
 

 

  • Comment les personnes et les communautés changent-elles?

Quelle motivation à changer d’attitude suscitons-nous chez ceux que nous étiquetons d’islamophobes ou ou de revendicateur-qui-vient-nous-changer-chez-nous?... Une amie, préposée dans une cafétéria d'hôpital, me racontait qu'elle avait plaisir à complimenter certaines femmes musulmanes sur la beauté de leur voile. Qui sait si de retour chez elles, ces femmes ont pu se demander elles-mêmes leurs raisons de porter un voile?... L'une qui le porte par sentiment d'appartenance à sa communauté d'origine continuera sans doute à le porter. Une autre qui le vit comme une prescription sociale patriarcale osera peut-être l'enlever...
«On ne voit bien qu’avec le cœur» disait le Petit Prince.

Ce que plusieurs ne voient pas, c'est que leurs interventions nous paralysent dans un modèle gagnants-perdants. Il faut des coupables, ce sont eux...
Un autre principe d'action me paraît sûr : «On ne peut pas changer une situation en restant dans le modèle de pensée qui l’a fait naître» : c'est un des constats que font les analyses sur des changements sociaux qui ont avorté.
Nos solutions sont-elles vraiment d'un modèle gagnants-gagnants? Ça demande le courage d'exiger, et de soi et des autres, que chacun fasse son bout de chemin, accepte des compromis. C'est le prix à payer pour réellement créer du neuf ensemble.

 

  • Contact

Nos rencontres Cultures au coeur sont nées dans l'esprit du proverbe amérindien :  « Tu comprendras l’autre quand tu auras marché trois lunes dans ses mocassins». Nous avons commencé par tenir des soirées-rencontres qui réunissent des Québécois d’origine et des Québécois d’adoption : des témoins sont invités à nous raconter leur parcours culturel.

Par exemple, une personne comme Nour Sayem  -  Syrienne d’origine et réfugiée au Québec depuis 50 ans  -  nous a appris à voir l’égalité hommes-femmes avec d’autres yeux, nous montrant comment sous des dehors où ce sont les hommes qui prennent nombre de décisions, ce sont les femmes qui inspirent les décideurs et désamorcent bien des conflits. Les femmes syriennes ont obtenu le droit de vote bien avant les femmes québécoises !

Après plus de trois ans à tenir ces rencontres  -  avec un grand bonheur, d'ailleurs  -  nous entreprenons d'explorer le jumelage interculturel, voulant vivre un contact plus direct de personnes à personnes, de familles à familles, au pied de notre porte. Notre idéal est modeste: semer quelques germes d’amitié avec quelqu’un d’une autre culture que la nôtre. Et s'il y a des services à échanger, le faire à travers l'Accorderie de Québec, qui a mis au point un système de troc basé sur le gagnant-gagnant. Faire des choses de plaisir ensemble, s'écouter, découvrir d'autres visions de la vie, au travers des courses à faire, des enfants à prendre dans les bras et des inattendus vécus de part et d'autre à la petite semaine.

Ma conclusion
Oui, je suis convaincu que le contact au milieu de la vie ordinaire, direct, accueillir sa vérité telle que lui la voit au risque qu’elle vienne secouer la mienne, est porteur de semences. J'appellerais ça prendre le risque de l'autre.
Je crois que toute semence aura sa récolte. Comment?... Je ne le sais pas par avance et je n’ai pas à trouver seul la réponse : et si nous la trouvions ensemble?…
 

 

Publié le 2017/03/27 - 12:23  - aucun commentaire - aucun commentaire - Voir ? Ajouter le vôtre ?  
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Dernière mise à jour: 7 février 2019